Les comptes économiques 2018 de Guadeloupe

Fin 2018, le produit intérieur brut (PIB) de la Guadeloupe s"élevait à 9,2 milliards d"euros, soit une progression en valeur de 2,5% en un an. C"est ce que soulignent les derniers résultats des Comptes économiques rapides pour l"Outre-mer (Cerom), que Philippe Winnicki, chef de l"Insee Guadeloupe, a présentés le 15 octobre 2019.

En volume, la croissance s"établit à 1,5%, ce qui reste un résultat correct, loin néanmoins des 3,4% de 2017. La population, estimée à 386 823 habitants au 1er janvier 2018, conti- nue de décroître. Le PIB par habitant atteint ainsi 24 027 euros, en hausse de 2,6% en euros constants par rap- port à 2017.

LA CONSOMMATION TIRELA CROISSANCELa consommation des ménages progresse de 2% et contribue de 1,1 point à la croissance malgré la baisse de la population de 1,1% sur un an et l’augmentation des prix qui vient grever le pouvoir d’achat des ménages. Ce résultat est en partie imputa- ble à la hausse de la masse sala- riale du secteur privé de 4,5%. Cette dynamique, entamée en 2013, concerne l’ensemble des postes de dépenses, à l’exception des produits pétroliers et des ser- vices publics, en léger recul. Les plus fortes hausses de consom- mation concernent, en particulier, les biens manufacturés (+ 5,2%) et les activités financières et d’assu- rance (+ 3,7%). Le regain de la consommation des ménages est également visible dans les échanges : les importations de biens de consommation durables et non durables augmentent (respective- ment +12,0% et +1,4% sur un an). En dépit d’un taux de chômage élevé (23%), le revenu disponible brut des ménages augmente de 2,6%. L’encours des crédits à la consomma- tion continue d’augmenter sensible- ment (+8,9%, après +6,6% en 2017) et participe activement à la hausse de la consommation. Ce sont notam- ment les achats de véhicules qui sont financés via le canal du crédit.

L’INVESTISSEMENEST DE RETOURAprès deux années de baisse et une année de stagnation, l’investissement repart à la hausse (+6,4%). Les crédits à l’investissement accordés aux entreprises sont en hausse de 6,6% et soutiennent la demande de biens durables :les importations de biens d’équipe- ment et de matériel de transport sont en forte augmentation (res- pectivement +13,7% et +10,2%), tout comme les importations de biens intermédiaires qui progres- sent de 9,3%. L’encours des crédits à l’habitat accor- dés aux ménages augmente de 4,6%. L’investissement public est en hausse pour la première fois depuis 2014 sans toutefois com- penser la baisse des dernières années. Il est soutenu par la hausse de 5,1% de l’encours des crédits accordés aux collectivités. La hausse de l’investissement pro- fite au secteur de la construction avec le démarrage de grands pro- jets comme la construction du nouveau centre hospitalier univer- sitaire aux Abymes, l’agrandisse- ment de l’aéroport Pôle Caraïbes et la réhabilitation du Club Med à Sainte-Anne. La reprise d’activité dans ce secteur se traduit par des ventes de ciment qui progressent de 5,2% (après deux années de baisse), bien qu’elles demeurent largement en dessous de leur moyenne décennale.

LES IMPORTATIONSAUGMENTENT DE 3,4%En 2018, les échanges extérieurs continuent de progresser, à un rythme moins élevé qu’an 2017. En réponse à la hausse de la demande de biens et services, les importations augmentent de 3,4% en volume +6,9% en 2017.

LE SECTEUR AÉRIEN DOPE LES EXPORTATIONSLes exportations progressent de 3% en volume et contribuent pour 0,4 point à la croissance.

Le secteur aérien, en progression de 11,5%, est le principal artisan de la bonne tenue des exporta- tions. L’aéroport enregistre un nouveau record de passagers en 2018 (2 354 113, hors transit), soit une hausse de 4,4% (+4,5% en 2017).

LA CONTRIBUTION DESTOURISTES PROGRESSEL’activité touristique demeure un moteur de l’économie de la Guadeloupe comme en attestent les dépenses des touristes, comp- tabilisées comme des exporta- tions, qui progressent de 3,9% en 2018. Hors effets induits, elles contribuent à la croissance à hau- teur de 0,2 point et représentent 6% du PIB de la Guadeloupe. Les professionnels de la filière touris- tique, interrogés par l’IEDOM, sont globalement satisfaits de leur activité sur l’année 2018.

LA SITUATION ESTPLUS MITIGÉE DANS LES AUTRES SECTEURSLes exportations de sucre et de rhum baissent de 18,9%, tandis que les expéditions de carburants se contractent de 34,1%. La filière de la banane continue de souffrir des conséquences de l’oura- gan Maria et enregistre une baisse de 29,3% de ses exportations. À l’inverse, les biens manufactu- rés (+25,4%) et les produits issus de l’industrie agroalimentaire (+12,7%) affichent, quant à eux, une belle progression. Le passage de l’ouragan Maria sur la Guadeloupe dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017, s’il a épar- gné la majorité des habitations et des infrastructures, a détruit la totalité des plantations de bananes de l’archipel. La produc- tion de bananes en 2017 chute d’un tiers par rapport à 2016. La croissance des bananiers nécessitant plusieurs mois, la pro- duction ne reprend que progres- sivement à partir du mois d’avril 2018. Une baisse de la production durant le dernier trimestre contribue à aggraver la situation de la filière.

(Source Insee - Iedom - Ccerom)