«Koudeta» de Mireille Nicolas aux éditions l’Harmattan

Audacieux, parce qu’il touche au second moment vital de l’histoire d’Haïti, après le premier qui est la déclaration d’indépendance le 1 er janvier 1804 : naissance de la pre- mière république noire au monde !Percutant, parce que l’auteur, écri- vain de renom qui n’en est pas à son premier essai, se saisit là d’un sujet qu’elle connaît parfaitement, qui lui tient à coeur et qu’elle a épluché comme un oignon allant jusqu’à nous faire pleurer plus on avance au coeur du coeur de cette humanité caribéenne douloureuse et si digne.Imparable, parce que les faits avérés sont historiques… et que le génie de l’auteur nous les fait non seulement toucher du doigt, mais porter au coeur.Vrai, parce que la véracité du propos tout du long nous ébranle tant nous nous trou- vons nous-mêmes, à travers l’écrivain, au coeur du brasier.

Concret, les descriptions des cités, des évènements, les chronologies d es rencontres, les quêtes des familles assoiffées de justice, les passages à vide, et les passages en f orce… tout cela ne peut que nous éclabousser.Réel, dans ce monde souvent sur- fait des nouveaux médias qui nous réduit souvent à des «intermit- tents», on est bien là dans le «pays réel» comme on aime dire partout dans la Caraïbe, et ce réel-là, quoi qu’on dise, touche le monde.Humaniste, parce que Mireille Nicolas écrit avec amour, peint avec amour, décrit avec amour, rit avec amour, pleure avec amour… jusqu’à porter en elle tout ce qu’elle décrit si bien de fulgurant.Ciselé, parce que l’écriture est en effet admirable de précision, de justesse de vue et de ton… et dans un style qui fait honneur à la grande littérature franco- phone et aux plus grands écri- vains. On ne peut que lire le livre page après page pour en goûter la substantifique moelle ; s’il fal- lait lire sur une tablette mais il faudrait faire des arrêts sur image tout le temps !Touchant, parce que d’une grande sensibilité, on est en effet au coeur d e l’être en vérité, de tout l’être… de la famille, de toute la famille, passée, présente et sans doute future.Superbe, parce qu’il s’agit d’art, on est comme devant une admirable peinture haïtienne décrite par Malraux et expliquée magnifique- ment par Docteur Antoinette Jean.

Jean-Marie Gauthier C onseiller principal d’éducation