Toujours à propos de la lutte politique et de la pratique militante

Dans un récent numéro de Nouvelles-Etincelles, nous nous sommes consacrés à une réflexion sur les questions de la liaison de la pratique militante avec le développement de la lutte politique.

N aturellement, c’est en inter- ne que celle-ci sera appro- fondie. La vie, le mouve- ment nous impose, au risque d’ap- précier les choses d’un point de vue métaphysique, de revenir en per- manence sur le métier à propos de la question du «Que faire ?». Concrètement, le problème de fond reste de parvenir à rendre performante chacune de nos organisations de base, dans son secteur de lutte. Cela signifie, la nécessité de mettre en place de façon durable le meilleur système d’organisation et de fonctionne- ment qui soit en capacité de por- ter avec efficacité dans les masses la politique de notre Parti. Il nous faut cependant insister sur le fait que notre choix de la lutte poli- tique des masses au grand jour nous engage autant dans le travail et la lutte idéologiques, dans le sou- tien aux combats de classe des organisations syndicales et à ceux catégoriels des forces démocra- tiques et progressistes que dans les batailles électorales ou dans des mobilisations populaires d’enver- gure pouvant aller jusqu’à la désta- bilisation du régime en place. Dans les conditions actuelles de crise généralisée dans lesquelles notre peuple survit, la crise du mili- tantisme politique est depuis un bon moment une réalité. Mais la force de conviction avec une conscience exacerbée du devoir patriotique doit permettre de rele- ver le défi. «La Gwadloup sé tan nou !», ne peut pas rester un slogan. Il faut transformer ce slogan en réa- lité. Pour cela, il devient urgent de s’organiser partout pour passer de la résistance à une offensive géné- ralisée dans toutes les sphères du combat du peuple guadeloupéen. Chacun sait que la condition sine qua non pour réussir cet enjeu est l’union à la base de tous ceux de nos compatriotes qui comprennent la nécessité de sortir enfin du cadre départemental facilitant ainsi l’unité d’action des forces anticolonialistes. Il faut, même quand la cause paraît désespérée, que les véritables mili- tants pour la libération nationale et sociale continuent de jouer active- ment leur rôle «d’ensemenceurs» de conscience. Nous ne dirons jamais aux masses ce qu’elles sou- haitent entendre dès lors que ce qu’elles souhaitent entendre ne fait aucunement avancer la lutte éman- cipatrice. Nous refusons cette démagogie que d’aucuns préten- dent élever en tactique. Au contraire, nous dirons tou- jours ce que nous croyons juste de dire. Nous dirons toujours toutes les grosses vérités : celles que la peur, l’aliénation ou l’hypo- crisie commandent d’étouffer. Nous dirons encore et encore à nos compatriotes cette exigence de s’engageret de lutter pour changer la douloureuse réalité qui nous est imposée : celle d’être étrangers dans notre propre pays.

Nous leur dirons qu’il faut se retrousser les manches et se met- tre au travail pour construire nous-mêmes notre pays. Nous expliquerons toujours et encore que la lutte politique fondamen- tale qui est imposée au peuple guadeloupéen, c’est celle de la décolonisation de notre pays. C’est celle de la libération natio- nale et sociale de notre peuple. On peut arguer que le colonialisme a changé de forme, mais nous ne laisserons personne soutenir sans riposter, que le fait colonial comme par enchantement, aurait disparu. Les tenants de l’assimilation et de l’intégration pourront délirer avec emphase, mais aucun peu- ple ne peut assimiler un autre. De même qu’il vrai que, si des compatriotes émigrés pris isolé- ment, qui vivent en France déci- dent de s’intégrer au peuple français pourraient le faire, il est impossible à notre peuple, dans son ensemble, avec son identité propre, sa culture propre, son territoire à plus de 7 000 km, de s’intégrer à ce peuple. Nous leur dirons enfin que, s’il est bien d’être solidaires avec les autres comme c’est heureu- sement le cas depuis longtemps déjà, il faut être surtout soli- daires entre nous, dans le mal- heur, dans l’adversité, dans la lutte aussi, pour la construction de cette Guadeloupe travail- leuse, fière et prospère que nous appelons de nos voeux.