Exigeons de l’Etat français le respect du peuple guadeloupéen

La situation générale du pays n’est plus tolé- rable. La Guadeloupe est menacée d’implo- sion. Il n’y aura pas de développement écono- mique et de progrès social en Guadeloupe sans une rupture avec le système colonial départementalisé.

Le 28 septembre 2018, le chef de l’Etat français, en visite en Guadelou- pe, humiliait et disqualifiait les élus de la Guadeloupe. Le 1 er février 2019, en son Palais de l’Elysée, le Président de la Républi- que française Emmanuel Macron, s’adressait aux élus, dits de l’Ou- tre-Mer, en ces termes : «Non ! Les enfants, c"est moi qui donne le micro… Je vous demande... de vous asseoir». Au cours de cette ren- contre, le Président de la Répu- blique française a affirmé l’ab- sence de toute causalité entre chlordécone et cancer, contes- tant ainsi l’avis de la communauté scientifique internationale. Derniers éléments en date des 26 et 27 octobre, l’attitude des ser- vices du Premier ministre, chef du gouvernement, vis-à-vis du prési- dent de la Région Guadeloupe Ary Chalus et du député Max Mathiasin. Ces évènements récents sont la parfaite manifestation du colonia- lisme français et l’illustration du mépris et de la condescendance affichées au plus haut niveau de l’Etat français vis-à-vis des élus de la Guadeloupe. Par-delà les élus, c’est le peuple gua- deloupéen tout entier qui est insulté. Certains de nos compa- triotes qui semblent découvrir le visage hideux du colonialiste s’of- fusquent de cette atteinte à notre dignité, d’autres s’en accommodent en la justifiant par la bienfaisance de l’Etat vis-à-vis de la Guadeloupe. Rien n’est plus faux ! La France, qui s’est appropriée la Guadeloupe en exterminant son peuple endogène, tire sa richesse et sa puissance éco- nomique de l’accumulation du capital résultant du pillage colonial et du travail gratuit pendant des siècles des millions de femmes, d’hommes et d’enfants, mis en esclavage dans les Amériques et singulièrement en Guadeloupe.

Non, le peuple guadeloupéen n’est pas un peuple de mendiants qui vit de l’aumône de l’Etat fran- çais ; la Guadeloupe dispose de richesses et de ressources pour son propre développement, mais elles sont détournées au profit des intérêts économiques, straté- giques et géopolitiques de la France et de ses capitalistes, alors que plus d’un tiers du peuple gua- deloupéen s’enfonce dans la pau- vreté et la précarité sociale. C’est au fait colonial lui-même qu’il convient de s’attaquer, au lieu d’adopter des comportements et des postures d’allégeance, de sou- mission et de quémandeurs, qui ne font que renforcer la prédominance de l’Etat et l’omnipotence de son représentant en Guadeloupe. La situation générale du pays n’est plus tolérable. La Guadeloupe est menacée d’implosion. Il n’y aura pas de développement écono- mique et de progrès social en Guadeloupe sans une rupture avec le système colonial départe- mentalisé. Il n’y aura pas de solu- tions aux problèmes récurrents auxquels le pays est confronté depuis au moins trois décennies, dans le cadre institutionnel et statutaire actuel. Il n’y aura pas de changement profi- table au peuple guadeloupéen, sans un pouvoir politique guadeloupéen, dans le cadre d’un statut de large autonomie, établissant de nou- veaux rapports avec la France, avec l’Europe, et avec la Caraïbe. Bien plus que des commentaires sur l’attitude ouvertement mépri- sante du gouvernement d"Em- manuel Macron, attelons nous à l’élaboration d’un Projet commun pour le pays et faisons entendre la voix de la Guadeloupe qui exige de l’Etat français le respect des droits politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple guadeloupéen !