Le chlordécone aux Antilles : Crime d’Etat ou crime colonial ?

Moins d’une semaine après le départ du Premier ministre Edouard Phillipe, s’est tenue à l’amphithéâtre de l’Espace Régional du Raizet aux Abymes, une conférence-débat ouverte au public sur les effets du chlor- décone dans l’organisme.

Le thème en discussion por- tait sur : «Le scandale de l’empoisonnement par le chlordécone aux Antilles. Un crime d’Etat, un crime colonial ? Que faire maintenant ?».L’association «Vivre», organisatrice de ce grand rendez-vous cherche avec d’autres, à définir les véritables responsables ou coupables de ce crime et les solutions appropriées pour réparer les dégâts causés par le chlordécone et les autres pesti- cides dans les sociétés impactées. Pour en débattre, l’association a fait appel au concours de plu- sieurs intervenants notamment M. Franck Garain, sociologue, Docteur en sociologie ; le Docteur Mona Hédreville, cardiologue ; le Docteur Janmari Flower, Docteur en biologie-écologie et Maître Christophe Lèguevaques, Docteur en Droit, avocat au Barreau de Paris. C’est avec l’intervention du socio- logue Franck Garain qu’a débuté la conférence-débat, qui dans son intervention préliminaire a passé en revue les différentes évolutions sociologiques et statutaires des Outre-Mer pour traiter du cas parti- culier de la Guadeloupe

. Il était bien surtout question de montrer dans quelle condition a été utilisé le chlordécone en Guade- loupe. Une molécule interdite depuis 1976 aux Etats-Unis et introduite en 1968 en Guadeloupe et qui a fait les beaux jours des planteurs de bananes et de l’Etat français par le prélèvement de taxes sur les produits incriminés et cela jusqu’en septembre 1989.

Ensuite les conditions de l’utilisation de la molécule ont été marquées par le régime de la dérogation en 1992 et 1993 par l’épandage des bananeraies en Guadeloupe com- me en Martinique. Aujourd’hui, les scientifiques vont de découverte en découverte. Selon les informations communi- quées par le Docteur Mona Hédreville, il y a des études qui vien- nent de paraître sur une grande cohorte de populations, asiatique et latino-américaine et qui posent la question de la toxicité du chlordé- cone et des pesticides en général. Les pesticides ont un impact réel sur le coeur, le cerveau, sur les mala- dies cardiocirculatoires. D’après le Docteur Hédreville : «Il faut se poser la question de la force de ce lien en particulier chez nous». «A cause du mode de vie de la popu- lation, trop riche en graisse, en sucre, les gens meurent de maladies cardio- circulatoires avec une multitude de risques cardiovasculaires classiques», a confié le Docteur Hédreville. Elle invite tous les concernés, à inté- grer le système cardiocirculatoire dans le plan chlordécone et que ce soit une priorité de santé. Le Docteur Hédreville invite tous ses pairs, les scientifiques à conti- nuer d’étudier puisqu’il s’agit bien d’un problème très grave de santé publique, un énième scandale.