Nouvelle-Calédonie : Édouard Philippe fixe la date du 2 ème référendum au 6 septembre 2020

Prévu soit le 30 août ou le 6 septembre 2020, le Premier ministre a finalement tranché et fixé la date du 2 ème référendum d’autodéter- mination en Nouvelle-Calédonie au 6 septembre 2020.

C’ est lors du dernier Comité des signataires de l’accord de Nouméa que le Pre- mier ministre avait annoncé ces deux dates. La date définitive devait être initialement donnée 15 jours après le Comité, «après une instruction complémentaire des ministères de l’Intérieur et de la Justice», avait précisé le Premier ministre. «Ça n’est pas une simple date et ça n’est pas une date simple à fixer», déclarait-il encore. Le Premier ministre et les parte- naires calédoniens de l’accord de Nouméa souhaitaient «garantir la mobilisation des moyens équivalents à ceux qui ont été utilisés à l’occasion du scrutin du novembre dernier afin que les conditions d’organisations matérielles soient aussi irréprocha- bles»que lors du premier référen- dum d’autodétermination. Selon le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, le choix du 6 septembre est confor- me «aux échanges qui avaient eu lieu lors du Comité des signataires du 10 octobre dernier, cette date per- met, au regard des contraintes juri- diques et matérielles, de garantir le parfait déroulement du scrutin». Attendue plus tôt, l’annonce défini- tive de la date du 2 ème référendum est finalement tombée un an, jour pour jour, après l’annonce des résul- tats officiels du premier référendum d’autodétermination. Pour rappel, 56,7% des électeurs avaient préféré le «non» à l’indépendance, contre 43,3% de «oui».ÉVITER LES ÉCHÉANCESÉLECTORALES NATIONALESOutre le «parfait déroulement du scrutin», cette date permet égale- ment qu’il ne se télescope pas avec le calendrier des échéances électo- rales nationales (municipales puis présidentielles), afin que la question de l’avenir politique de la Nouvelle- Calédonie n’en devienne pas un des enjeux. Convaincus que le temps leur permettra de gagner des voix, les indépendantistes défendaient un référendum «le plus tard possi- ble», en novembre 2020. A l’in- verse, une partie du camp non indé- pendantiste, l’Avenir en confiance, réclamait un deuxième référendum dès juillet, arguant d’une économie locale «dans l’incertitude» en raison de ces échéances électorales.

Concernant la question du corps électoral, qui est plus restreint que pour les autres élections et qui constitue un sujet sensible, il a été acté que les électeurs de statut de droit commun (non kanak) nés en Nouvelle-Calédonie et y résidant depuis plus de trois ans ne seront pas, comme lors du précédent scru- tin, inscrits automatiquement sur la liste électorale spéciale pour le réfé- rendum. En effet, il aurait alors fallu une révision de la liste électorale par loi organique (dont le processus est bien plus lourd que pour une loi classique), ce que refusaient les indépendantistes. Mais, ils «seront identifiés et contactés personnellement» afin qu’ils fassent la démarche de s’inscrire sur cette liste. «L’accord de Nouméa prévoit qu’en cas de non» à la deuxième consulta- tion, «il est possible de tenir un 3 ème référendum dans les trois ans qui sui- vent le 2 ème ». S’il devait se tenir, il aura lieu obligatoire après août 2022, afin d’éviter un télescopage avec les campagnes présiden- tielles et législatives de la même année, précisait encore Édouard Philippe lors du dernier comité des signataires.

L’ETAT DOIT PRÉCISER SONACCOMPAGNEMENT DE L’INDÉPENDANCELe Parti de Libération Kanak (FLNKS) a souhaité que l’Etat pré- cise comment il va «accompagner» la Nouvelle-Calédonie en cas de vic- toire de l’indépendance lors du deuxième référendum prévu le 6 septembre 2020. Ces votes se déroulent dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa (1998). «Il faut que l’Etat développe davantage pour dire jusqu’où il peut aller pour nous accompagner durant une période de transition d’un ou deux ans par exemple, si le «oui» à l’indé- pendance l’emporte», a déclaré à la presse Jean-Pierre Djaiwé, un des principaux leaders du Palika, mem- bre du gouvernement local. Considérant la victoire «possible», il a notamment expliqué qu’un «cer- tain nombre de sujets comme l’or- dre et la justice» ne pourront être tout de suite «pris en charge» par le nouveau pays et que l’Etat fran- çais «peut (nous) aider». «C’est un pays qui sera indépendant mais qui n’aura pas encore ses institu- tions propres», a-t-il ajouté. Composante du FLNKS, le Palika, qui tient son congrès annuel ce week-end à Ouvéa, a également indiqué que d’ici le 6 septembre il n’y aurait pas de discussions entre les trois partenaires de l’Accord de Nouméa (les loyalistes, les indé- pendantistes et l’Etat). Des échanges laborieux et peu conclusifs avaient eu lieu avant le premier référendum. «Nous consta- tons que ça a été un échec, ça n’a pas marché. C’est la raison pour laquelle nous voulons discuter en bilatéral avec l’Etat», a déclaré M. Djaiwé. A l’issue du comité des signataires de l’accord de Nou- méa, le 10 octobre dernier à Matignon, l’Etat s’est engagé à«produire un document didactique visant à expliciter les implications du oui et du non».