«Nos expériences nous aideront à atteindre le Socialisme»

Lors du dernier jour de la conférence idéologique interna- tionale organisée par le PCR dans le cadre de son 60 è me anni- versaire, les invités extérieurs à La Réunion sont intervenus. Après Nelson Tamayo (Parti communiste cubain), Denis Ronde-pierre (Parti communiste français), Ben Martins (Parti communiste sud-africain) et Eric Rakotomonga (Parti du Congrès pour l’indépendance de Madagascar - AKFM), la parole a été donnée à Dasdaran, res- ponsable de la Commission internationale du Parti commu- niste indien

La Conférence idéologique internationale organisée du 26 au 28 octobre était l’événement phare du 60 ème anni- versaire de la création du Parti com- muniste réunionnais. C’était l’occa- sion pour des représentants de par- tis venus de quatre continents de partager leurs expériences. Le Parti communiste indien a su uti- lisé ses positions de pouvoir pour améliorer la vie des classes les plus démunies dans plusieurs États de l’Inde. Ce fut le thème principal de l’intervention de Dasdaran, respon- sable de la Commission internatio- nale du Parti communiste indien. L’Inde est un pays fédéral, avec des langues issues de groupes diffé- rents. Trois langues officielles sont donc reconnues dans chaque État : la langue la plus parlée de l’État, l’Anglais et l’Hindi. Au total, l’Inde compte donc 22 langues officielles. Dasdaran indique que le Parti com- muniste indien a dirigé jusqu’à 3 États : le Bengale occidental, le Kerala et le Tripura. Actuellement, le Parti communiste indien conti- nue de diriger le Kerala, un État du Sud de l’Inde dont sont originaires une bonne partie des ancêtres des Réunionnais. Dasdaran rappelle tout d’abord que l’Inde est actuellement dirigée par le BJP, «un parti presque fasciste, aile politique du parti raciste RSS».

«L’idéologie du BJP est d’utiliser le pouvoir pour imposer le règne de l’hindouisme, alors que seulement 78% des Indiens sont hindous. Le BJP fait comme si 22% des Indiens sont étrangers ou immigrés. Alors que toutes les religions sont présentes en Inde depuis des siècles». Réforme agraire Le Parti communiste indien salue le Parti communiste sud-africain, notamment son ancien leader Nelson Mandela, «qui a su créer une nation arc-en-ciel»en rappelant que «des Indiens sont dans le SACP».Dasdaran ajoute que c’est en Afrique du Sud que Gandhi s’est rendu compte de l’apartheid et du fait colonial de façon plus approfon- die. À la suite de cela, Gandhi est rentré en Inde et a lutté pour l’indé- pendance. Une lutte impliquant le PC Indien, car «les communistes ont été des résistants, ils ont payé de leur sang la lutte pour l’indépendance».Dans trois États de l’Inde, le PCI a été ou est au pouvoir au sein d’un Front de gauche, dont l’objectif est d’être au service du peuple par la protection de la population, dans les limites imposées par la Cons- titution. Au Bengale occidental«aucun gouvernement n’avait abordé la question des terres agri- coles. La réforme agraire fut appli- quée, 1,4 million d’agriculteurs se sont enregistrés officiellement». «La redistribution des terres avait pour but de garantir la croissance et la jus- tice sociale».La gestion repose sur «un modèle démocratique au niveau du village, cela jette les bases de la participation des masses». Le Bengale occidental est devenu le premier producteur de riz de l’Inde, les agriculteurs ont connu une augmentation de leur niveau de vie. Parallèlement, le Front de gauche a promu «la laïcité pour garantir l’har- monie sociale». 25% de la popula- tion du Bengale occidental est musulmane, et aucun incident inter-religieux n’est à déplorer. Le Front de gauche fait aussi de la créa- tion d’emploi une priorité. 98% de taux d’alphabétisation.«Nos expériences nous aideront à atteindre le Socialisme», précise Dasdaran, qui ajoute que la réforme agraire s’applique aussi au Kerala et au Tripura. Ainsi, sous l’impulsion des communistes,«plus d’un million d’acres ont été distribués aux paysans sans terre, 500.000 familles ont été attribu- taires, soit 18% des terres cultiva- bles de l’Inde. Les intouchables font partie des principaux bénéfi- ciaires». Dasdaran précise que«plus de 500.000 femmes ont obtenu un titre de propriété». Tout ceci représente 40% des terres redistribuées en Inde. Au Bengale occidental, «cette politique a permis d’augmenter considérablement la production agricole. Le taux de mortalité est devenu le 2 ème plus faible de l’Inde derrière le Kerala. 70% de la popu- lation est concernée par une aide à l’accès aux soins».Les résultats sont spectaculaires avec un taux d’alphabétisation de 98% (NDLR - supérieur à celui de la France et encore net- tement plus grand qu’à La Réunion), et la mise en valeur de 98% des terres irrigables. Les mêmes politiques ont été appli- quées au Kerala et au Tripura. «Vive le marxisme-léninisme». «Nous lut- tons contre le libéralisme, nous sommes marxistes-léninistes», sou- ligne Dasdaran, «nous soutenons la théorie des quatre phénomènes irré- versibles présentée par le PCR» : croissance démographique, chan- gement climatique, mondialisa- tion des échanges et révolution technologique. Source : «Témoignages»