La création d’un syndicat unique de l’eau ne peut se faire dans le dos des citoyens !

Dans un courrier en date du 31 octobre 2019, Philippe Gustin, le préfet demande aux prési- dents des collectivités majeures et des EPCI d’accélérer leurs démarches, pour la création de la structure unique de l’eau, que ces derniers souhaitent mettre en place au 1 er janvier 2020.

I" leur rappelle les principes posés pour garantir la via- bilité économique de ce syndicat unique :

- 60 millions d’euros d’investisse- ment par an sur 10 ans, avec une contribution de l’Etat limitée.

- La gestion des dettes et des créances du SIAEAG et des autres opérateurs.

- Le plan de sauvegarde de l’emploi, financé notamment par la Région et le Département.

Le préfet demande à chaque collec- tivité adhérente à la future struc- ture unique de délibérer au plus tard le 30 novembre.

Cette nouvelle offensive du préfet de Guadeloupe a créé de l’indigna- tion au sein de la classe politique et des organisations syndicales représentatives du secteur. On peut donc s’interroger sur cette volonté du préfet de précipiter les choses alors que, les questions de fond ne sont pas examinées et singulièrement la question de la situation du personnel.

Les quatre organisations syndicales du SIAEAG : l’UNSA, l’UGTG, la CGTG et la CFE-CGT avaient sou- haité exprimer leur inquiétude quant à leur avenir professionnel, suite au courrier du préfet. A l’issue d’une rencontre avec les présidents d’EPCI et les présidents des conseils, départemental et régional, les élus ont fait valoir leur position com- mune en faveur du syndicat unique de gestion de l’eau et de l’assainisse- ment en Guadeloupe ; leur opposi- tion aux licenciements des person- nels et à la nécessité d’une phase de préfiguration de la structure unique sur une période de 6 mois.

Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental a réaf- firmé son soutien aux salariés :«Nous avons acté plusieurs mesures, notamment notre dés- accord avec le courrier du préfet. J"ai rappelé que j"ai toujours été contre les licenciements. Il faut permettre aux gens de choisir».

Les organisations syndicales et les associations de défense de l’eau étaient volontairement écartées des négociations, alors même qu’il s’agit du devenir du secteur de l’eau, de l’organisation de la structure unique de la production et de la distribution.

L"inquiétude est vive et bien réelle pour les 240 salariés du SIAEAG et de RENOC. Ils souhaitent avoir des garanties sur leur avenir.

Pour Michel Letapin, le porte-parole de l"intersyndicale du SIAEAG, la vigilance est de rigueur : «Nous ce qui nous intéresse, c"est que les 240 salariés du SIAEAG qu"ils ont l"inten- tion de licencier soient défendus, après ils font ce qu"ils veulent de leurs histoires entre eux».

Les organisations syndicales s’op- posent catégoriquement au licen- ciement des agents du SIAEAG et de RENOC et exigent le transfert de ces agents vers la nouvelle structure, avec les complications relatives au statut du personnel qui relève pour certains du public et d’autres du privé.

Si la création de la structure unique peut s’avérer comme une avancée dans la problématique de la gestion de l’eau, elle reste néan- moins insuffisante.

Il convient de mettre en place les conditions pour une politique transparente, identifiable et effi- cace de l’eau au service des besoins humains et du dévelop- pement économique, une reven- dication du Parti Communiste Guadeloupéen datant de 2004.

Cette revendication a été portée par le LKP en 2009 et s’est impo- sée dans la bataille de l’eau comme la condition sine qua non pour répondre aux besoins légi- times des Guadeloupéens.

Elle préconise la simplification de la gouvernance par le regroupement de tous les organismes existants, en une entité centrale unique chargée de la politique globale de l’eau en Guadeloupe et la création d’une entreprise publique de pro- duction, de distribution de l’eau et de l’assainissement.

Dès lors, pour garantir une saine gestion de l’eau ainsi qu’un service régulier et pérenne à la population, il faut faire autrement en toute clarté et toujours défendre les inté- rêts de la population. C’est une exi- gence morale et politique.