L’Autonomie, pour en finir avec le statut départemental

Les élus départementaux et régionaux vont pour une énième fois se réunir en congrès. Il est devenu clair, même si certains d’entre eux font semblant de ne pas le comprendre, qu’il ne leur sera plus possible de continuer à faire autant de coups d’épée dans l’eau sans une seule fois réaliser le bon diagnostic et proposer au pays une orientation salutaire concernant son avenir politique.

P ourtant, il n’est pas difficile de comprendre, la vie l’a dé- montré, que le principal obs- tacle au développement multi- forme dont le pays a besoin, réside dans la crise du système lui-même. Celui-ci, le statut départemental colonial a depuis longtemps déjà montré ses limites et toutes les ten- tatives effectuées pour l’adapter se sont révélées inopérantes.

Car même si le Parlement français a pris la cynique décision de faire de notre peuple une population dans le peuple de France, aucun peuple ne peut comme par un tour de presti- digitateur, assimiler un autre. De sorte que la départementalisa- tion/assimilation ne constitue qu’un artifice juridique pour péren- niser le fait colonial dans notre pays.

Si l’assemblée unique, qui a en Martinique et en Guyane, pris l’ap- pellation de collectivité territoriale, semble représenter une simplifica- tion et une économie de temps dans la gestion des affaires, il n’en demeure pas vrai que cela ne change rien de fondamental dans ses attributions et compétences compte tenu qu’elle est inscrite dans le cadre du fameux système départemental que les forces conservatrices veulent à tout prix perpétuer. Or, depuis plus de six décennies, les forces du progrès réel de ce pays font la démonstration de la faillite de ce statut qui a conduit notre pays et notre peuple dans le marasme profond dans lequel il est actuellement plongé.

Le bon sens, celui de la responsabi- lité nous ordonne de ne plus perdre de temps en suivant simplement ce qui a été fait ici et là sans précisé- ment en tirer des leçons.

Pour tout anticolonialiste, comme pour tout homme de progrès lucide de notre pays la gageure reste celle de combattre avec la der- nière énergie ce statut colonial qui est l’appareil institutionnel de l’état colonial français tenant notre peuple dans l’indignité de la dépendance et de la soumission.

Il faut donc en finir définitivement avec ce statut pour parvenir enfin à la responsabilité vraie.

Dès lors, la revendication de l’auto- nomie devient incontournable. Déjà, de très nombreux compa- triotes sans parti y compris parmi ceux qui la considéraient avec crainte la regardent aujourd’hui non seulement comme solution poli- tique pour changer réellement la donne et marcher vers le dévelop- pement et le progrès, mais aussi du point de vue psychologique et moral comme réalisation de la dignité et la responsabilité de notre peuple. Peut-être, attendent-ils, se tournant vers Basse-Terre, une fois n’est pas coutume, un signal conséquent dans ce sens des dirigeants politiques de notre pays… Il faut doter notre pays d’une assemblée délibérante.

Puissent nos élus réunis en congrès, à l’instar de ces compatriotes, accé- der à la claire perception de cette urgente nécessité. Qu’en fin, ils s’élèvent à la posture d’acteurs res- ponsables capables de contribuer à l’édification d’une nouvelle Guade- loupe travailleuse et prospère. Nous ne croyons pas au miracle, mais la balle est dans leur camp. Il est impé- ratif pour notre pays de sortir du carcan colonial de la départementa- lisation. De cela, ils doivent en être totalement conscients).