Malaise dans les prisons françaises en Guadeloupe

D ans un communiqué de presse en date du 27 décembre 2011 le député maire Eric Jalton s'insurge des conditions indignes d'incarcération pratiquée en Guadeloupe suite à un rapport de l'Observatoire International des Prisons (OIP). «Les conditions d'incarcération en Guade- loupe sont indignes d'une République qui se dit la patrie du droit l'homme. Elles sont le triste reflet du délitement social et sociétal qui règne enGuadeloupe». Faudrait-il préciser qu'elles ne sont que le reflet de la politique coloniale menée en Guadeloupe et qui conduit un certain nombre de nos enfants en prison. L'Observatoire International des Prisons OIP est un organisme créé en France en 1990 ayant pour but de promouvoir partout dans le monde, le respect des personnes incarcérées au regard des instruments internationaux relatif au droit de l'homme et un statut consultatif à l'ONU. Elle publie régulièrement un rapport sur le bilan des poli - tiques pénales et pénitenciers des pouvoirs public. À l'heure où la répression de la délinquance et du crime s'est installée au cœur du débat public, le rapport de l'OIP apporte un autre éclairage sur la réponse pénale, la vie et le travail derrière les murs des prisons en France et de ces dépendances. Le rapport de l'OIP précise concernant les droits sociaux dans les prisons françaises : «Majoritairement issue de milieux défavorisés, la popula - tion pénale se trouve souvent dans une situation de grande précarité en détention et sort appauvrie économiquement et socialement de son expérience carcérale». Concernant la politique péniten- tiaire de la France : Une augmentation exponentielle du parc carcéral se poursuit entre 2005 et 2011, sans parvenir à enrayer durablement le phéno - mène de surpopulation. Dans un contexte de surpopulation, les conditions de détention restent indignes dans de nomb- reux établissements, et les nouvelles prisons sont critiquées pour le manque de contacts humains inhérent à leur fonctionnement. Selon l'OIP au 1er octobre 2011 près de 500 personnes dont 343 en «Outre-mer» donc dans les colonies, incarcéré en surnombre dans les établissements pour peine. En Guadeloupe, 19 personnes sont en surnombre au quar - tier centre de détention du centre pénitencier de Baie- Mahault (257 détenu pour 238 places) soit un taux de suroccupation de 108%. Depuis plusieurs années la coordination de l'OIP est destinataire de nombreuses plaintes de détenus sur leurs conditions de détention au centre pénitencier de Baie- Mahault et de Basse Terre. Un des détenus assisté d'un avo - cat a engagé une procédure de référé -constat auprès du tribu - nal administratif de Basse-T erre. Suite à cela, un expert a été dési- gné par ordonnance du 26 juillet 2011 pour dresser un état des lieux des conditions de vie dans les prisons. L'expert c'est rendu le 28 septembre 2010 au centre pénitencier de Baie-Mahault en compagnie de l'avocat, Etienne Noël membre de conseil d'admi- nistration de l'OIP. Le rapport de l'expert relève, «l'exigüité» des lieux, leur occu - pation permanente par les déte- nus, ainsi que la présence de «salpêtre dans les salles humides en l'absence de mur carrelé. Il note également que les sanitai- res dans les cours de promenades ne permettent aucune intimité, les douches et les WC à la turque ne disposent d'aucune porte. Selon les propos rapporté par l'avocat sur les réponses appor- tées par le staf f de direction de Baie-Mahault, sur la taille des cellules qu'a occupées son client, leur aménagement, les sanitai - res, leur état, la réponse est la suivante : «Les Antillais, d'une façon plus générale, les Français d'Outre-mer sont habitués à vivre dans des conditions plutôt précaires, les normes d'occupa - tion des cellules sont plus restrictives qu'en métropole». On admettra donc une cellule de8,70m2 pour deux prisonniers dans les colonies alors qu'en France on n'en mettra qu'une. A cela s'ajoute le bruit, une clameur constante sans aucun moment de silence. La seconde expertise à la maison d'arrêt de Basse-Terre selon l'a- vocat, contrairement à Baie- Mahault, la première impression est le silence, la population très jeune comme à Baie-Mahault avec un âge moyen inférieur ou égale à 30 ans, le bâtiment très dégradé, des cellules dénommées dortoir de 18 ou 20m2 comportant un grand nombre de lits superposé à deux niveaux pouvant héberger jusqu'à 16personnes. Le discours officiel tend à faire croire que ce type d'enfermement convient à la culturecaribéenne.

Source : Publication OIP