Amédée Fengarol : (30 mars 1905 - 11 janvier 1951 Une figure emblématique de la société guadeloupéenne

Il serait utopique de chercher à résumer dans ces colonnes la biographie de ce grand humaniste guadeloupéen. Nous renvoyons nos lecteurs aux nombreux écrits depuis sa brutale disparition, sujette à beaucoup de questionnements, jusqu’à ce jour, n’en déplaise à tel historien guadelou- péen qui considère comme une chimère, la volonté des Communistes de collaborer avec des parents, pour faire la lumière sur la mort de leurs proches. Quoiqu’il en soit, le peuple guadelou- péen sait, depuis des décennies, qu’il a perdu trop tôt un de ses plus valeureux enfants.

En effet, depuis ce mois de janvier 1951, les archi-ves de l’Etincelle, de Nouvelles-Etincelles, la brochure titrée l’Almanach guadeloupéen de 1990, éditée par le Parti Commu-niste

Guadeloupéen, retracent avec force détails, ce que fut la vie si courte mais une oeuvre combien riche, de cet illustre compatriote. Rues, monuments, écoles, autres bâtiments publics, portent son nom et les différentes allocutions pro- noncées lors de son 100 è me anniversaire, manifestation à l’initiative du Conseil général, avec la collaboration du Parti Communiste Guadeloupéen, ont été fort élogieuses, par la voix de plusieurs personnalités, compagnons de combat ou pas, du disparu, dont : Georges Tarer, Michel Bangou, M e Guy Daninthe, Anatole Louber, le maire de Pointe-à-Pitre Henri Bangou, le président du Conseil général Jac-ques Gillot, son fils Georges Fengarol et sa fille, l’écrivain Ernest Pépin, les Secrétaires généraux Guy Daninthe, Chris-tian Celeste et tant d’autres. Les intervenants ont été unanimes à reconnaître et à mettre en lumière pendant quatre jours, pour la postérité, les qualités humanistes et phi- lanthropes de l’homme qui allait marquer le 20 ème siècle et les suivants, dès sa sortie du lycée Carnot, avec sa première partie de Baccalauréat.

Aujourd’hui, en 2020, à l’occasion du 69 ème anniversaire de sa mort, comment ne pas évoquer les luttes farouches qu’il a dû mener en Guadeloupe sur plusieurs fronts : l’éducation, la politique, le syndicalisme, la mutualité, le social, le sociétal. Il nous semble d’autant plus opportun de le faire, que son combat universel pour le bien de l’humanité, reste d’actualité avec toutes les attaques qui sont portées depuis quelque temps sur les acquis découlant de la lutte des travailleurs : la durée du travail, l’âge de départ à la retraite et sa rétribution, le niveau de la pension.

Dès 1944, Amédée Fengarol est corédacteur de «l’Appel au Peuple» avec Rosan Girard, Sabin Ducados-se, Hégésippe Ibéné, Raphaël Félix Henri. Acquis aux idées marxistes-léninistes, ils déclarent : «Nous nous efforcerons d’être de véritables éducateurs de la classe ouvrière… Nous lui apprendrons à être aussi soucieux d’accomplir ses devoirs que de faire valoir ses droits». On aura bien compris que le droit à l’autodémination des peuples, reconnu par l’ONU, rentre bien dans le cadre de cette revendication annoncée. Les congressistes du récent 16 ème Congrès auraient dû s’en inspirer.

Néanmoins, la Guadelou-pe a la fierté de reconnaître, qu’en dépit de sa courte vie, Amédée Fen-garol a laissé, entre autres réalisations : la Mutuelle accidents élèves (M.A.E), la Mutuelle générale de l’éducation nationale ; l’application de la Sécurité sociale en Guadeloupe et l’allocation aux vieux travailleurs salariés.

C’est bien ce qui a justifié ce cri d’enthousiasme entendu à Poin-te-à-Pitre dans la soirée, à son élection comme maire de cette ville, le 11 Janvier 1951. Cet enthousiasme s’étouffait quelques minutes seulement après, par un cri de désolation, de stupeur, qui se répandait comme une traînée de poudre, dans une Guadeloupe cons-ternée. Amédée Fengarol a rendu l’âme chez le docteur Montantin, après une bagarre dans le bureau de dépouillement. Tel est le témoignage de René Galpin, Commu-niste, le 12 décembre 2004, qui a aidé à son transport dans le cabinet médical. Amédée Fengarol a-t-il été la victime d’une main criminelle dans un contexte de chasse aux sorcières, d"an- ticommunisme, inspiré du maccarthysme sur le continent américain ? Le saura-t-on un jour ! Ce qui est sûr, c’est que les Communistes poursuivent résolument le combat dans le sillon qu’il a tracé avec tant d’autres.