La Guadeloupe se dépeuple : Réagissons !

Selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études éco- nomiques) au 1 er janvier 2017, la population guadeloupéenne s’élevait à 390 253 habitants. Soit une diminution de 13 060 habitants par rapport à 2012.

A utrement dit en 5 ans (puis- que c’est la durée arrêtée pour juger des véritables évolutions) la population de la Guadeloupe n’a cessé de baisser à raison de -0,7% par an.

Nous nous éloignons donc sérieu- sement du chiffre symbolique de 400 000 que nous avons connu et dépassé. La pente est glissante et dangereuse ! Alors que faire ?

Les chiffres de ce dernier recense- ment de la population n’ont rien de surprenant, car cette décrois- sance observée a été annoncée chaque année par l’Insee. Ils sou- lèvent cependant des questions aussi sérieuses qu’urgentes : Pourquoi et comment cette baisse ? Quelles sont ses répercussions ? Que faire pour l’arrêter ? Peut-on envisager une Gua-deloupe vidée de ses enfants ?

L’Insee explique cette baisse de la population «par un nombre de sorties du territoire supérieur à celui des arrivées et par un excé- dent naturel faible».

Traduisons en termes simples ce que tout un chacun peut com- prendre en observant ce qui se passe dans notre pays : Pour des raisons diverses les guadelou- péens font de moins en moins d’enfants, d’où une réduction des naissances

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A cause du chômage endémique, de l’absence de perspectives sur place pour nos jeunes, ceux-ci se réfugient souvent dans des études, et partent massivement vers la France et d’autres destinations qui les attirent.

Ce mouvement ne semble pas trop interpeler parents et ensei- gnants, encore moins les institu- tions, qui devraient au contraire veiller au maintien en place de ce capital humain, indispensable au bon développement du pays.

Depuis plusieurs années nous assis- tons à un véritable marché organisé des jeunes cerveaux guadelou- péens, livrés à des démarcheurs officiels avec des perspectives ron- flantes qui font rêver parents et étu- diants. Souvent les lendemains déchantent mais cela se fait dans la plus totale discrétion, alors que la publicité pour les départs se fait de plus en plus performante.

Toutefois, même en cas de suc- cès, et surtout dans ce cas, les jeunes guadeloupéens sont ame- nés à faire leur vie à l’extérieur, et donc leurs enfants naissent et grandissent où ils vivent.

Les répercussions de ces pratiques sont multiples et couteuses pour le pays : avec l’argent de nos impôts et les sacrifices consentis par nos familles soucieuses de la réussite de leurs enfants, nous formons des jeunes qui, arrivés au terme de leurs études secondaires, quittent la Guadeloupe pour aller conforter le développement d’autres pays d’ac- cueil qui les trouvent déjà à un niveau d’études permettant rapide- ment de hautes qualifications.

Ainsi nous formons pour les autres alors que notre pays a besoin de ses jeunes cerveaux pour son développement.

C’est une véritable saignée dans les forces vives de notre pays, car même quand ils souhaitent revenir au pays, ces jeunes formés ne trou- vent pas d’emplois chez nous.

Il faut se garder de croire que nos familles et leurs enfants n’aiment pas leur pays. Mais, il faut bien rechercher les causes qui ont forgé et consolidé cette tendance au départ qui ne choque plus grand monde, et qui est vécue même avec une certaine résigna- tion par les familles.

Ce n’est pas en versant aujour- d’hui des larmes de crocodiles sur la situation actuelle, que ceux qui dirigent les institutions se feront exonérer de toute responsabilité dans cette calamité.

Les causes profondes du dépeu- plement de la Guadeloupe se trouvent pour l’essentiel, dans la domination économique et poli- tique et dans l’aliénation cultu- relle, exercées par un modèle de gouvernance qui s’est continuelle- ment déguisée, mais sans jamais se débarrasser des fondamentaux du colonialisme français.

A travers tous les gouvernements qui se sont succédés, l’Etat français a toujours considéré que la Guade- loupe est là pour contribuer à l’enri- chissement de la France en lui apportant ce qui lui manque pour établir ou conforter sa puissance.

Les femmes de Guadeloupe ont été taxées de «lapinisme» par un député français à l’Assemblée natio- nale. (Il s’est fait magistralement ramasser par Gerty Archimède, alors député).

Les conséquences du chômage et de la démographie en Guade- loupe ont été traitées essentielle- ment par l’expatriation forcée sous couvert du Bumidom et des autres déclinaisons qui ont suivi.

▲O n en est venu à parler de «géno- cide par substitution».

A vec la complicité tacite ou active d’un personnel politique instru- mentalisé par Paris, pour préférer l’assistanat en lieu et place de moyens réels de développement é conomique social et culturel, on a cultivé la thèse française des handi- caps de la Guadeloupe, qui la fragili- sent et rendent périlleuse toute idée de responsabilité politique et de choix de développement local.

Malgré les luttes à vocation émanci- patrice qui ont fait évoluer la prise de conscience populaire, il reste encore le poids malfaisant d’un per- sonnel politique qui s’oppose par tous les stratagèmes à un change- ment qualitatif dans la gestion du pays Guadeloupe.

Alors, il n’est pas étonnant que nos jeunes s’affolent, s’émeuvent, se découragent et partent sans mesu- rer pour le pays les conséquences à terme, de leur départ qui n’est pas toujours un choix délibéré mais sou- vent une contrainte.

Que faire alors pour freiner cette dévastation ? Il faut :

• S’atteler à déconstruire les idées reçues qui concernent les soi-disant handicaps insurmontables de notre pays. Cela engendre des peurs infondées dans la population.

• Mettre en lumière les freins politiques et institutionnels qui bloquent l’avancée d’une ges- tion profitable à la jeunesse guadeloupéenne.

• Inculquer très tôt à nos enfants l’amour de leur pays.

• Cultiver chez nous l’espoir d’un changement en profon- deur et en qualité pour le pays, et refuser la résignation.

• Apprendre à compter avant tout sur nous-mêmes, sur nos propres forces.

• Croire en l’avenir de notre pays qui a des potentialités énormes.

• S’attacher à faire connaître tout ce qui se fait de positif dans le pays au lieu d’exhiber nos faiblesses et nos dérapages qui existent, mais qui ne constituent pas une majorité.

• Soutenir et valoriser nos jeunes qui résistent et se battent pour réussir ici et maintenant !

Parents, ciblons nos efforts sur l ’aide à nos enfants ! Aidons-les à se regrouper pour entreprendre. Soutenons leurs efforts ! Cultivons cette idée merveilleuse que «l’union fait la force» !

Battons-nous pour obtenir de toute urgence «l’instauration à compé- t ence égale de la préférence gua- deloupéenne à l’emploi» la propo- s ition existe depuis longtemps dans les projets du Parti Com- muniste Guadeloupéen. Soute- n ons-la !

Organisons la montée d’une pres- sion populaire pour contre balancer l’inertie et les ruses de nos élus, et e nvoyer un signal clair au gouverne- ment de la France.