Pour une gestion publique de l’eau

Il y a 5 ans, à la veille des élections départementales et régionales de l’année 2015, l’ensemble de la «classe politique» aux commandes des collectivités et des EPC en Guadeloupe ainsi que l’Etat se positionnaient pour la mise en place au 1 er janvier 2016 d’un Syndicat unique de l’eau. Sitôt passées ces élections des mois de mars et décembre 2015, les 83 élus qui siègent dans ces deux assemblées ont vite fait d’oublier leur engagement. Cinq après, ce syndicat mixte ouvert, dont les statuts ont été élaborés par l’Etat, n’a toujours pas vu le jour.

S’il n’est pas contestable que la création d’un Syndicat unique de l’eau en lieu et place de la multi- tude des structures actuelles, constitue une avancée par rap- port à la situation actuelle, ce n’est pas pour autant la panacée comme on voudrait le faire croire.

La proposition de création d’un syn- dicat unique de production d’eau potable formulée par le Conseil général, l’Etat et les structures ges- tionnaires de l’eau potable n’est pas la réponse à la problématique et aux enjeux de l’eau en Guadeloupe. C’est une réponse partielle et imparfaiteà la résolution du pro- blème de l’eau en Guadeloupe.

Le Syndicat unique ne doit pas avoir pour objet de noyer la question que nous avons à résoudre, celle de la gestion de l’eau qui est fondamen- talement une question politique.

La proposition portée et défen- due par le Parti Communiste Gua- deloupéen depuis 1993 d’une gestion publique de l’eau par la mise en place d’un service public de l’eau demeure plus que jamais d’actualité.

Elle découle de notre ligne idéo- logique et politique, fondée sur les principes suivants que nous assumons :

- L’eau n’est pas une marchan- dise, c’est une ressource, qu’il faut administrer dans le cadre d’une gestion publique, écolo- gique et démocratique.

- L’eau est un bien public, un bien commun qui ne doit faire l’objet d’aucune appropriation privée.

- L’eau de la Guadeloupe est le patrimoine commun des Guade- loupéens. Sa propriété et sa ges- tion doivent relever de l’autorité politique, de la puissance publique guadeloupéenne et placée hors du champ des intérêts marchands et financiers des capitalistes et des intérêts politiciens.

Dans la situation actuelle de souf- frances, d’exaspération et de colère de la population, propices à toutes sortes de manoeuvres et stratégies politiques et économiques souter- raines, le Parti Communiste Gua- deloupéen, met en débat dans le pays la proposition suivante :

- La mise en place d’une structure unique de gouvernance de l’eau, avec en son sein les représentants des usagers et des salariés, en charge de la politique globale de l’eau, en lieu et place des multiples organismes, instances, institutions, qui interviennent dans l’administra- tion et la gestion de l’eau en Guadeloupe.

- La création d’une entreprise publique intégrée assurant les mis- sions suivantes : la production et la distribution de l’eau potable, le trai- tement et l’évacuation des eaux usées et de l’assainissement non collectif, sur l’ensemble du territoire de la Guadeloupe.

La crise de l’eau en Guadeloupe qui perdure depuis près de trois décen- nies et qui s’est aggravée ces der- nières années est de la faute de la très grande majorité des élus gua- deloupéens qui ont fait montre de leur incapacité à penser et à mettre en place une organisation de l’eau répondant aux réalités du pays et aux besoins de la population. C’est la conséquence de l’absence d’une vision globale du pays.

C’est le résultat de l’application du droit commun, du mimétisme et du copier-coller institutionnel, dans lequel les assimilationnistes de tous bords ont enfermé la Guadeloupe.

La maîtrise et la gestion publique de l"eau de la Guadeloupe sont un enjeu capital et une bataille poli- tique majeure, indissociables du combat global pour donner à la Guadeloupe la maîtrise politique de toutes ses ressources stratégiques, dans le cadre d’une gestion publique, au service l’intérêt géné- ral de la Guadeloupe et des Guadeloupéens.