Manuela Pioche : 50 ans déjà !

Le 3 janvier 1970 disparaissait, la grande chanteuse interprète guadeloupéenne, la talentueuse Manuela Pioche. Cinquante ans après, de nombreuses chansons de Manuela, dont certaines sont d’une brûlante actualité, sont dans l’esprit de nombreux Guadeloupéens qu’elle a fait danser et rêver.

E lle était véritablement la pre- mière «Diva» de la chanson guadeloupéenne. Née dans les Grands-Fonds de Sainte-Anne en Guadeloupe en 1932, c’est à la section Saint-Sauveur à Capes- terre Belle-Eau qu’elle a passé toute sa jeunesse.

C’est avec son frère Benjamen, trom- pettiste dans l’orchestre «Hot Swing Baby» qu’elle commença l’apprentis- sage de la chanson. Elle enregistra son premier tube avec cet orchestre.

Manuela Pioche interpréta en créole des dizaines de titres sur des rythmes variés : Biguine, Mazurka, valse créole, Boléro et travailla avec les plus grands producteurs guadeloupéens comme Guy Anselme Forestal, Henri Beville, Raymond Celini, Henri Debs.

Elle a collaboré avec les plus grands musiciens guadeloupéens comme : Al Lirvat, Robert Mavouzy, Alain Jean- Marie, pour ne citer que ceux-là et chanté dans les bals populaires inou- bliables animés par des orchestres comme «Esperanza».

A l’époque, Manuella Pioche faisait exception dans ce milieu musical dominé par le machisme des hommes, la vie n’a pas été facile pour elle

. Les difficultés de l’existence, les échecs dans les relations amoureuses, la pression de la scène ont eu raison de sa fragilité de femme libre.

Elle est morte dans le dénuement, pratiquement dans l’indifférence générale, à l’exception de son ami Casimir Létang, un autre artiste à la sensibilité écorchée qui lui est resté fidèle jusqu’au bout de la nuit.

La Guadeloupe bien-pensante a voulu l’effacer des mémoires. Mais depuis des années l’association «Les amis de Manuel Pioche» agit pour la mainte- nir présente dans la conscience des Guadeloupéens et dans l’histoire musicale de notre pays.

Aujourd’hui, ce travail de mémoire prend une dimension nationale avec le spectacle «Dans la peau de Mano» créé par la Guadeloupéenne Florence Naprix, auteure, compositrice et interprète.

Ce spectacle qui met en scène les chansons interprétées jadis par Manuela Pioche, revisitées par le grand bassiste et compositeur Stéphane Castry, ambitionne de réhabiliter cette grande interprète de la chanson guadeloupéenne.

Elle le mérite amplement. La Guadeloupe doit retrouver Manuela Pioche. Il faut soutenir l’association «Les amis de Manuela Pioche» qui oeuvre pour faire vivre sa mémoire.