Gourbeyre : L’énergie hydraulique

Il est donc important que le site actuellement non exploité de Gourbeyre soit sauvegardé et réhabilité au bénéfice de la collectivité. Nous devons prendre très au sérieux toutes les possibilités offertes par l’ensemble du potentiel hydraulique de notre pays.

D epuis le début du siècle der- nier, la commune de Gour- beyre s’est faite connaître en grande partie par la renommée de ses installations «hôtels et bains de Dolé» qui fonctionnaient à l’aide d’une microcentrale hydraulique.

Cette dernière, commencée en 1916, est devenue opérationnelle en 1924. Elle alimentait en élec- tricité, non seulement les installa- tions hôtelières, mais aussi le sec- teur environnant. Sa production était de 100 kw.

C’est dire que l’énergie hydraulique en Guadeloupe n’est pas une idée neuve. C’est une réalité bien pré- gnante qui n’a pas été conduite à son meilleur niveau, mais qui garde toutes ses potentialités dans une Guadeloupe qui a de l’eau en abondance, et dans ses perspec- tives d’avenir, le développement des énergies renouvelables, pro- pres et pas chères.

La commune de Gourbeyre peut donc apparaître comme pionnière dans la maîtrise de cette énergie propre. Aujourd’hui, cette question agite sa population et, au-delà, la Guadeloupe entière.

Il s’agit du vote de son conseil municipal en faveur de la cession de trois parcelles de terrain, dont une de 7 895 m 2 qui héberge la première centrale hydraulique de Guadeloupe, installée en 1924.

C’est, pour nous, une occasion d’attirer l’attention de nos déci- deurs et de la population, sur une source d’énergie non négligeable, compte tenu de la richesse en eau de notre territoire.

Pourtant, on observe que, contrai- rement aux autres sources d’éner- gie, on ne parle pas de l’hydraulique, alors que des petites usines de pro- duction d’électricité fonctionnent sur notre territoire, notamment à Capesterre Belle-Eau.

Il existe de la ressource pour déve- lopper, même à petite échelle, des installations hydroélectriques qui permettraient de diversifier nos sources d’énergies. Sur les 82 cours d’eau de la Guadeloupe, 6 sont sus- ceptibles d’être équipés de micro (puissance <1000kw) ou mini-cen- trales (puissance <4500kw).

La puissance installée sur une dizaine de petites centrales sera au total de 30 MW , ce qui est loin d’être négligeable. (cf «la Guadeloupe au fil de l’eau» CCEE 1994).

Il est donc important que le site actuellement non exploité de Gourbeyre soit sauvegardé et réha- bilité au bénéfice de la collectivité.

Nous devons prendre très au sérieux toutes les possibilités offertes par l’ensemble du poten- tiel hydraulique de notre pays.

Les difficultés que nous connaissons depuis plusieurs années avec les usages de l’eau potable, ne doivent pas nous conduire à sous-estimer, voire ignorer les réelles capacités en eau de notre pays. L’hydroélectri- cité, la géothermie, le thermalisme, sont des secteurs de développe- ment, à notre portée.

Un rapport du CCEE de 1994, concluait son chapitre sur les usages de l’eau en Guadeloupe en ces termes : «En définitive, le potentiel hydrothermal de la Guadeloupe apparaît économiquement impor- tant : une bonne maîtrise des pro- grammes et des projets en matière de thermalisme curatif, de tourisme, de santé, et de tourisme de loisirs autour des sites thermaux, pourrait être une des solutions au problème crucial de l’emploi qui touche la région».

Feu Rémy Nainsouta, le 25 février 1959, dans son discours d’ouver- ture de la Journée des intellectuels communistes guadeloupéens, invi- tait à s’interroger sur un certain nombre de problèmes et entre autres celui-ci : «Pourquoi avec tant de rivières, tant de chutes d’eau, l’eau potable et l’énergie électrique à bon marché, ne circulent-elles pas par- tout, dans tous les hameaux, dans toutes les campagnes ?» Faisons notre cette interrogation.