Fin des tours d’eau : Les élus ont menti !

Il y a deux ans, le Plan d’actions prioritaires de l’eau potable annonçait la fin des tours d’eau et des pénuries en deux ans. L’Etat, les présidents de Région et du Département, les présidents des communautés d"agglomération et de com- munes avaient validé ce plan en CTAP (Conférence territo- riale de l’action publique), le 1 er février 2018, face à l’exaspération de la popula- tion.Les coupures auraient dû prendre fin en ce début d’année. Force est de constater qu"on est loin du compte.

LA MULTIPLICATION DE COUPURES DEMEURE, POUVANT ATTEINDRE PLUS D’UNE DIZAINE DE JOURS DANS CERTAINES COMMUNES

Les tours d’eau en Guadeloupe ne sont pas la conséquence d’un manque de disponibilité de la res- source en eau (il pleut 15 fois plus sur Basse-Terre qu’a`Paris), ni d’un manque de capacité de production d’eau potable. Les usines de pro- duction d’eau potable peuvent pro- duire annuellement plus de 70 mil- lions de m 3 pour un besoin de l’ordre de 25 millions de m 3 .

Les tours d’eau ne sont que la conséquence de conduites d’ali- mentation en eau potable vétustes et insuffisamment entretenues.

La recherche de fuites, visibles et non visibles, leurs réparations, sont indispensables a`l’atteinte de l’ob- jectif de fin des tours d’eau en Guadeloupe car, les seuls travaux de renouvellement des canalisations au titre du programme porte´actuellement par la Région et le Département, certes indispensa- bles, ne sont pas suffisants.

En vérité, c’est une véritable arnaque dont la population est vic- time et des promesses non tenues pour apaiser la situation. Ils n’ont pas donc hésité à vendre «chat an sak»dans la mesure où aucune étude préalable n’a été faite pour évaluer l’étendue des dégâts, les travaux à réaliser, et les délais de réalisation.

LES CITOYENS ONT ÉTÉ MENÉS EN BATEAU, SACRIFIÉS PAR L’IRRESPONSABILITÉ DE CERTAINS ÉLUS

Les élus ont évalué le coût à 71,4 millions d"euros qui comporte 38 opérations. Dans son rapport d’expertise, en décembre 2018, l’INRSTEA (l"Institut national de recherche en sciences et technolo- gies pour l’environnement et l’agri- culture), soulignait que ce plan d’ac- tions prioritaires contenait essen- tiellement des opérations de renou- vellement des conduites et des branchements. Or, les fuites sur le réseau public représentent 56% des volumes produits et il est donc impératif d’activer plusieurs leviers pour lutter contre ces pertes.

Parmi ces leviers, l’institut préco- nise d’établir des diagnostics pour mieux connaître les infrastruc- tures et leur fonctionnement.

Les difficultés d’avancement de ces chantiers d’urgence relèvent en grande partie de la mécon- naissance des opérateurs de son propre patrimoine.

Les usines, les ressources et plus généralement la géo localisation des réseaux de distribution échap- pent à leur totale maitrise, d’où une connaissance très parcellaire. Les plans du réseau de distribution sont, pour beaucoup, erronés et obsolètes et ne correspondent plus à la réalité du terrain aujourd’hui.

Ces diagnostics préalables sont longs à mettre en place et nécessitent des fonds supplé- mentaires qu’il va falloir trouver. Qui va payer ? Nul doute que sera le contribuable guadeloupéen, encore une fois.

Il est prévu à fin mars que 20% des travaux seront achevés, maigre consolation pour une population privée de ce liquide vital depuis de nombreuses années.

Pour une grande partie de la population impactée par cette pénurie d’eau, la galère des tours d’eau continuent malheu- reusement, sans que les élus osent cette fois donner de délai pour un retour à la normale«chat échaudé a peur de l’eau froide»dira-t-on !

La population doit prendre son mal en patience. Les prochaines échéances électorales à venir risquent fort bien de retarder les délais de livraison.