Rencontre des parlemen- taires guadeloupéens avec le ministre de l’Education nationale

La situation de l’école en Guadeloupe est très loin de satisfaire, enseignants parents d’élèves et, d’une manière générale, tous les Guadeloupéens qui se préoc- cupent de l’avenir de leur pays.

I$ faut bien le dire, l’école en Guadeloupe a échoué dans sa mis- sion d’éducation et d’enseigne- ment. Ce n’est pas le taux élevé de réus- site au bac qui peut faire illusion, quand on sait que, seuls 40 à 42% d’une classe d’âge réussit et que l’échec en première année d’université est massif, quand on constate le nombre élevé de jeunes rejetés à la rue, sans diplôme et sans qualification leur permettant de s’insé- rer dans la société et que près de 25% d’entre eux se retrouvent illettrés après quelques temps. Il est donc normal de dénoncer l’inadaptation de l’enseigne- ment dispensé aux enfants guadelou- péens et de vouloir un changement en profondeur.

UNE POLITIQUE ANNUELLE DE SUP- PRESSIONS ABUSIVES DE POSTES

En s’appuyant abusivement sur la baisse de la population guadelou- péenne, le ministère de l’Education nationale s’empresse, chaque année, de supprimer des postes d’enseignement (plus de 300 en 5 ans). Cela se fait sur les seuls critères d’opérations arithmé- tiques qui délivrent des ratios sans lien avec les réalités de notre pays-archipel.

Cette pratique vicieuse est régulière- ment contestée mais, elle persiste et ses conséquences s’avèrent de plus en plus préoccupantes. Sur ce terrain conflictuel est venu s’ajouter une nou- velle décision de fermeture de 72 postes pour la prochaine rentrée sco- laire. Décision enflammée de surcroît par le projet scélérat du Président Emmanuel Macron concernant la sup- pression de la retraite par répartition.

LE RAS-LE BOL DES PERSONNELS ENSEIGNANTS ET DES PARENTS D’ÉLÈVES

C’en était trop. Le corps enseignant, dans sa diversité, n’a pas accepté une telle aggravation de ses conditions de vie et de travail. Le ras-le bol était inévi- table. Un mouvement de grève, regroupant les syndicats de l’enseigne- ment, aux côtés des autres syndicats et de tous ceux, parents d’élèves, élèves, chômeurs actifs, retraités, voulant manifester leur refus de cette politique de casse des acquis sociaux, qui piétine les travailleurs, et prétend passer en force contre la volonté populaire massi- vement affichée, était déclenché.

En résumé, plus de six semaines de manifestations revendicatives, avec la fermeture de très nombreux établisse- ments scolaires. Une situation difficile pour des parents qui doivent travailler, sans avoir les moyens de faire garder leurs enfants en bas âge, angoissante pour les élèves de première, concernés par la réforme du bac déjà en vigueur.

La représentation politique guadelou- péenne, interpelée par l’intersyndicale, s’est penchée finalement sur la situa- tion. Après rencontre et discussion, les parlementaires se sont proposés pour jouer le rôle de facilitateurs en rencontrant, le 5 février dernier, le ministre de l’Educationnationale. Ils lui ont exposé la situation sociale en Guadeloupe, et réclamé en guise d’apaisement, de surseoir à sa déci- sion de fermeture de postes, et de se pencher rapidement sur la situation globale de l’Ecole en Guadeloupe.

Le 6 février, la réponse du ministère a été communiquée aux syndicats : «Le ministère est revenu sur la fermeture pré- vue et mandate une délégation d’inspec- teurs généraux pour examiner, avec les organisations syndicales la situation de l’académie et le moratoire demandé par l’intersyndicale (SPEG - UNSA/Education - FO). Sur les ques- tions d’organisation et de répartition des moyens, des avancées importantes ont été obtenues. C’est sur ces bases, que l’intersyndicale a décidé de sus- pendre le mouvement, tout en restant vigilant par rapport au respect des engagements du ministère».

QU’EN EST-IL DE LA REVENDICATION DE LA FSU ?

Le syndicat FSU, quant à lui, a voulu rencontrer directement le ministre pour lui exprimer ses propres préoccu- pations, notamment sa demande de placement de l’académie de Guade- loupe en Zone d’Education Prioritaire (ZEP) et a maintenu sa mobilisation.

Le 10 février une délégation a été reçue par le cabinet du ministre. A en juger par le compte rendu de son Secrétaire général, les engagements ministériels n’ont pas bougé : ce sont toujours des promesses et la vigi- lance reste de rigueur.

Il faut espérer, qu’après 58 jours de grève, les établissements scolaires retrouveront un fonctionnement apaisé pour permettre les rattra- pages nécessaires.

Le combat pour une école guadelou- péenne de la réussite continue et nous concerne tous, car il y va de l’avenir du pays.