SOCIÉTÉ: Ces adultes qui nous gouvernent : Quel gâchis !

Ces adultes qui, depuis quelques décennies, veulent nous réédu- quer ou nous apprendre à édu- quer nos enfants, en nous impo- sant leurs points de vue par des multiples dispositions législa- tives ou réglementaires qu’ils transgressent allègrement et sans scrupule, gagneraient aujourd’hui à se questionner, après tant de scandales politico financiers ou de moeurs mettant en débat, tant leur vie publique que privée.

N ous, générations du Baby- boom des colonies, d’après la deuxième guerre, ainsi que nos aînés, qui avons reçu de nos parents et grands-parents, de nos maîtres d’école, une éducation rigoureuse, dans une démarche d’assimilation certes, mais que nous combattons, nous savons, par un enseignement de la morale, ce que c’est le respect d’autrui et du bien d’autrui, nous avons le sens de l’ef- fort, du travail, de la solidarité et de la reconnaissance.

«Dressage» et «redressage», quand il y avait dérive, nous ont souvent mis sur «le droit chemin». Nous n’avons pas été traumatisés, si on veut bien accepter l’exception qui confirme la règle. Nous recon- naissons aussi que certains, deve- nus adultes, ont failli à cette éduca- tion, malheureusement, qui se résu- mait par l’injonction : «pa fè mwen monté mach tribinal !».

Eux, ces hommes et ces femmes formatés dans ces prestigieuses écoles censées, à l’origine, les prépa- rer à une administration de rigueur et d’éthique que même la tenue vestimentaire symbolisait, n’ont-ils pas failli à leur vocation depuis long- temps ? Sortis de l’Ecole normale d’administration (ENA), des Sciences-politiques (Sciences-Po), de Polytechnique, des Hautes études commerciales (HEC), ces dits soixante huitards, ne sont-ils pas, depuis tantôt, captifs de la finance publique et privée pour ren- dre la société de plus en plus ultra libérale, au détriment des pauvres gens ? Ne font-ils pas preuve de la volonté de mettre en place une société plus permissive, plus liberti- cide, en s’attachant à faire tomber toutes les barrières symbolisant l’autorité, les interdits, les tabous, lesquels, quoi qu’on dise, invitaient à la réflexion avant l’action ?

Et les résultats sont là aujourd’hui qui gangrènent la société de plus en plus déshumanisée. En Guadelou- pe, en l’occurrence, pour beaucoup, l’amour de l’assistanat, le goût pour l’oisiveté, la propension aux «jeux d’argent», le chômage organisé et qui engendre la résignation, alors que la finance règne, sans partage, creusant sans cesse le gouffre entre l’extrême richesse et l’extrême pau- vreté.

COMMENT ET POURQUOIEN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?

La réglementation à outrance qui inhibe l’autorité parentale laquelle anticipait jadis sur les mauvais comportements. Cette réglemen- tation qui a engendré, au fil des décennies, les déviances de toutes sortes : incivilité, violence, délin- quance, criminalité et le dernier fléau désigné par «féminicide».

Incontestablement aussi, par des dispositions qui ont déstabilisé, en peu de temps, une société séculaire bâtie par des générations, par réfé- rence aux lois de la nature, même si l’intelligence de l’homme, avec rai- son garder, intervenait pour des améliorations de sa condition. Des lois et des pratiques contre nature ont bouleversé la notion de famille et le principe naturel de la procréa- tion, de la reproduction animale et de la production végétale.

Une ingérence sournoise d’Etat pénétrait la vie familiale, l’apprentis- sage de la morale était banni, même dans le système scolaire français, ouvrant ainsi la porte à l’accomplis- sement de tous les actes pouvant apporter un certain con-fort, récon- fort ou garantir des phantasmes, à ceux-là même qui légifèrent : abus des finances publiques, fraude fis- cale, corruption, agressions et déra- pages sexuels, pédophilie, men- songes éhontés sur la foi du ser- ment, même devant le tribunal ou une Commission parlementaire. Et tout cela, parfois en évoquant le droit à la vie privée.

UNE SOCIÉTÉ DE PLUSEN PLUS DÉPRAVÉE ?

En prenant la précaution de la pré- somption d’innocence à laquelle ils ont droit, Alexandre et Jean-Noël Guérini, François Fillon, Jérôme Cahuzac, Dominique Straus Kan, Gabriel Matzneff, Roman Polanski, Patrick Balkany, Benjamin Griveaux et tant d’autres, en Guadeloupe également, qui ont légiféré à l’Assem-blée nationale française ou qui ont gouverné dans le gouverne- ment français, qui sont connus et se reconnaîtront, oseront-ils soutenir que nousne vivons pas dans une société de plus en plus dépravée ? Quel gâchis !

Toutes ces affaires livrées sur la place publique depuis au moins la fin de la mandature du Président Fran-çois Mitterrand, jusqu’à celle et y compris d’Emmanuel Macron, sont-elles le signe d’un Etat déca- dent ? Peut-on désormais parler de : «Grandeur et décadence» ? En tout cas, cette France qui nous gouverne affiche une image peu glorieuse du point de vue éthique.

Nous, générations du baby-boom, sexagénaires ou plus, ainsi que nos aînés, espérons que nos descen- dants, pourront porter remède à cette société déshumanisée, de plus en plus virtuelle et cruelle, par- viendront à redresser la barque en dérive qu’est notre pays Guade- loupe, en continuant le combat, pour se réjouir du bonheur d’être parvenus enfin à briser toutes les chaînes de la colonisation. A moins qu’ils continuent à être victimes du phénomène d’accoutumance… Comme dit le proverbe : «Ti bèt ké pòté nouvèl pou nou».