Conférence nationale du handicap :«Gran parad piti kout bâton !»

La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a eu cette année quinze ans d’existence. A cette occasion le Président Emmanuel Macron a voulu redorer son blason en organi- sant une conférence nationale du handicap et surtout, en ayant de grandes envolées ora- toires sur les ondes.

La réalité, c’est que quinze ans après la reconnais- sance de ce droit acquis par les porteurs de handicap, ceux- ci sont très loin d’en être satisfaits. Les avancées sont très faibles et dans tous les domaines du quoti- dien : (transport, accessibilité en général, emploi, scolarisation, conditions de vie…). C’est pourquoi de nombreuses associations ont lancé un appel à la mobilisation nationale devant toutes les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Cet appel a été relayé en Guadeloupe avec comme mot d’or- dre : «Un droit ce n’est pas une faveur». Les responsables d’associa- tions, les professionnels, les familles concernées se plaignent avec raison des difficultés récurrentes majeures rencontrées dans le fonctionne- ment de la MDPH : lenteurs d’exé- cution, difficultés à monter des dos- siers, rupture de prise en charge, difficultés, voire impossibilité de scolariser des enfants porteurs de handicap. Les familles qui ont des enfants autistes, déficients visuels ou auditifs, trisomiques… paient un lourd tribut à cause de l’absence, l’insuffisance ou l’inadaptation des structures existantes.

Alors quand Emmanuel Macron, Président, carillonne sur les ondes que : «Tous les enfants handicapés doivent être scolarisés» ; qu’il faut des enseignants spécialisés ; qu’il va créer 11500 postes d’accompagne- ment. Personne ne peut le prendre au sérieux.

En effet, tout cela doit s’organi- ser, et au niveau de l’Etat, qui doit garantir une vie décente à tous ceux qui, de par leur han- dicap, ont besoin d’aides, et de structures spécialisées.

Du 10 au 14 février s’est dérou- lée la semaine de l’inclusion sco- laire, organisée par la mission académique chargée de «l’adap- tation et la scolarisation des élèves en situation de handi- cap». Pour la circonstance, l’en- seignant chercheur Serge Thomazet est venu à la rencon- tre des acteurs concernés par l’inclusion scolaire.

L’Etat français n’a jamaisconsidéré l’enseignement spécialisé de façon satisfai- sante. Il s’est juste contenté de se reposer sur le secteur associatif moyennant sub- vention de fonctionnement.

Il a reconnu que dans ce domaine, il y avait encore beaucoup à faire, même si on peut reconnaître que depuis 2005, quelques enfants por- teurs de handicap ont pu être scola- risés. A son avis trois objectifs méri- tent d’être visés dans ce domaine :

• La sortie de l’école et l’entrée dans la vie professionnelle.

• La prise en charge des élèves ayant des problématiques com- plexes (autisme, polyhandicap, ou très grandes difficultés d’apprentis- sage, qui ne sont pas scolarisés.

• La mise en place d’une véritable collaboration entre le monde de l’Ecole et le secteur médico-social.

Pour lui, tout élève porteur de han- dicap peut être intégré dans le sys- tème scolaire classique, mais pour cela l’école doit s’adapter.

Nous disons que c’est là que le bât blesse. Car, il ne suffit pas de placer quelques rares aidants (AESH), ce qui se fait aujourd’hui avec parcimo- nie, et surtout grâce à la lutte opi- niâtre des parents concernés.

Serge Thomazet le dit : «c’est à une révolution sociétale à laquelle nous appelle l’école inclusive dans notre capacité à exploiter les ressources de chacun». Il a raison, et nous vou- lons croire qu’il a mesuré tout ce qui nous sépare de cette révolution.

L’Etat français n’a jamais considéré l’enseignement spécialisé de façon satisfaisante. Il s’est juste contenté de se reposer sur le secteur associa- tif moyennant subvention de fonc- tionnement. On sait ce que cela a donné globalement à travers les ans, en dépit du dévouement sou- vent sans limite de nombreux édu- cateurs. Aujourd’hui, ici comme ail- leurs les temps ont changé.

Les enfants porteurs de handicap ne sont plus cloîtrés à la maison. Leurs parents à juste raison, se bat- tent pour qu’ils soient correctement pris en charge. Beaucoup de parents, et particulièrement des femmes, souvent chef de famille qui travaillent, sont amenées à sacrifier leur carrière professionnelle, faute de pouvoir en même temps mener à bien leur responsabilité de mère.

L’allocation servie aux personnes handicapées est loin de leur assurer un quotidien satisfaisant. Les struc- tures de prise en charge existantes se trouvent souvent en rupture de financement à cause des difficultés de tous ordres qui interviennent dans la gestion du handicap.

C’est pourquoi le cocorico de Emmanuel Macron Président sonne terriblement faux, aux oreilles des citoyens concernés par cette situation.

Toutefois, la France s’honorerait de prendre correctement à charge ceux de ses ressortissants, de plus en plus nombreux à être frappés par le handicap.