La Guyane vers une évolution statutaire

Suite au débat sur la différencia- tion initiée par le gouvernement, Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité territoriale de Guyane reprécise, dans un cour- rier daté du 27 février 2020 envoyé au Premier ministre Edouard Philippe, avec pour objet la consultation de la popu- lation pour une évolution statu- taire, le choix effectué par les élus guyanais au sein, tant de l’Assemblée de Guyane, que du Congrès des élus en ce début d’année 2020, concernant l’évolution statutaire de la Guyane. Ce choix va vers un statut sui generis.

Les élus guyanais tenant compte des caracté- ristiques qui sont pro- pres à leur territoire, optent pour ce statut qui, selon eux, garantit au mieux le respect des particularités qui le caractérisent.

En Guadeloupe, cela doit nous interpeller. En effet, la Guadeloupe forte de ses propres particularités (étant un archipel caribéen, soumis aux aléas climatiques et tecto- niques ainsi qu’à une intense circu- lation migratoire) se doit d"avoir un statut qui lui est propre, dans le cadre constitutionnel français.

Les arguments du Parti Commu- niste Guadeloupéen vont dans ce sens. Depuis tantôt le PCG insiste sur le fait que la Guadeloupe doit se doter d’un projet qui lui soit propre. Projet élaboré par des élus réunis au sein d’une assemblée dédiée et élue (en remplacement du congrès des élus).

La Guyane dotée d’une Assemblée unique a pu rassembler ses élus autour d’un projet guyanais. Le virage institutionnel de 2003, que nous aurions pu prendre sans le retournement de veste de Victorin Lurel, aurait très certainement mené la Guadeloupe vers une voie similaire, car la deuxième résolution du congrès de décembre 2001 posait déjà les bases d’une évolution non seulement institutionnelle mais aussi statutaire.

Le choix d’un statut sui generis n’est pas anodin de la part de la Guyane. Les élus ont compris les pièges que peuvent receler les articles 73 ou 74 (Saint-Martin qui a choisi de passer par l’article 74, et actuellement aux prises avec l’Etat concernant l’insuffi- sance des dotations qui lui ont été attribué, est en train de s’en ren- dre compte à ses dépens).

Or, un statut sui generis permet de négocier l’intégralité du contenu de la loi organique qui régira la nouvelle collectivité, chose impossible avec l’article 74, même si l’Etat, qui dans ce cas aura été l’unique rédacteur de la loi organique en consultation avec les élus, étudie à la demande de ces élus, s’ils les jugeraient néces- saire au bon fonctionnement de leur collectivité, d’éventuelles modi- fications dans cette loi.

Nous constatons que l’idée de l’au- tonomie avance à grand pas au sein des DFA et doit nous conforter dans le projet d’évolution statutaire et institutionnel qu’est celui du PCG.

Nous connaissons l’ADN de la République française et savons qu’il est impossible de lui faire confiance en ce qui concerne la préservation de nos intérêts propres en tant que Guadeloupéens. La possibilité qui existe de s’autonomiser dès le début du processus en maîtrisant la rédaction de la loi organique ne doit pas être négligé, au contraire.

Reprenons donc notre bâton de pèlerin car, nous avons été et nous sommes toujours sur la bonne voie. Ce statut sui generis est tout à fait compatible avec le statut européen de PTOM (pays associé) qui est lui aussi envisagé depuis longtemps par le PCG pour ses avantages à long-termes, qui permettront à la Guadeloupe de sortir de l"impasse.