Urgence économique ou barbarie capitaliste ?
U ne pandémie menace de décimer des centaines de milliers d’êtres humains : «Les entreprises» -entendez les capitalistes- recevront des mil- liards d’euros, tirés de la poche des contribuables pour assurer leur main- tien à flot. Les institutions financières internationales mobilisent déjà les moyens d e sauver le système. Ceux d’en bas, par contre, ont peu de chance de voir vala- blement compensés leurs revenus perdus.
Derrière son appel à «l’unité nationale», le Président français, affublé du titre de «père de la nation» par les propagandistes de service, essaie de maintenir à flot le système capitaliste. La volonté de défendre en priorité les intérêts des classes dominantes est illustrée par le discours de son premier ministre qui essaie d’im- poser une conjonction entre «urgence sanitaire» et «urgence économique».
L’urgence d’humanité, elle, ne l’intéresse pas. Quel conseil scientifique a été réuni pour évaluer les conséquences d’un confinement qui prive brutalement les per- sonnes âgées et dépendantes d’accompagnement ? Quid des personnes psycho- logiquement fragiles assignées à isolement ? Quel impact de l’interdiction de par- ticiper aux enterrements sur la société? Quels moyens ont été mobilisés pour por- ter réponse à ses problématiques là ?
Du haut de leur trône, les autorités ont beau jeu de culpabiliser et de vilipender la population qui n’applique pas leurs directives à la lettre. Mais, à qui la faute ? La discipline sociale, la conscience de l’intérêt collectif, cela ne s’improvise pas ! Jour après jour, les empires médiatiques contrôlés par les multinationales, mènent une entreprise planétaire d’abrutissement intellectuel et de dévoiement des valeurs humanistes. Les transgressions permettant d’arriver au haut de l’échelle sont objectivement encouragées. Dans le Kholanta libéral planétaire, on est «éduqué» à s’insulter, à se trahir, à s’écraser réciproquement, à ne s’unir que si cela permet de rafler le totem. Comment s’attendre à des comportements solidaires quand on prêche, à tout bout de champ, le culte de l’individualisme, de la «compétiti- vité» et du «savoir se vendre» ?
Ceux qui doivent être vilipendés ce sont les apôtres de l’ultralibéralisme, du pro- ductivisme et du consumérisme. Ce sont ceux qui sabotent les services publics et génèrent l’accroissement de la pauvreté, privant ainsi la société des moyens d’une lutte efficace contre les catastrophes sanitaires, climatiques ou autres.
Ce sont les promoteurs de cette globalisation orchestrée par les multina- tionales qui se traduit par une extraversion de l’économie des pays colo- nisés et néo-colonisés confinant ceux-ci dans une situation de dépen- dance et d’extrême vulnérabilité.
Ce sont ces brutes qui envoient les personnels de la santé au front sans protection conséquente, après qu’ils les aient matraqués et gazés lorsqu’ils se mobilisaient pour défendre l’hôpital public ; ce sont ceux qui intiment aux travailleurs l’ordre d’aller assurer la continuité du profit des «entreprises», après avoir multiplié les lois pour précariser à l’extrême leur situation et pour permettre aux employeurs de les jeter comme des kleenex dès qu’ils ne sont pas suffisamment rentables.
Le système capitaliste, pudiquement qualifié de libéral, est un système barbare. C’est en le mettant à bas que l’humanité sera en condition d’affronter les catas- trophes environnementales, sanitaires et autres qu’il génère immanquablement.
Alors, profitons de ce boiteux confinement physique que les autorités françaises nous imposent pour rompre définitivement avec le confinement idéologique dans lequel elles nous enserrent. La situation actuelle nous donne l’occasion de mieux apprécier le rôle de l’Etat et des services publics dans la bonne organisation et dans la protection de la société. Voila que le gouvernement envisage des «nationalisa- tions» ! Après, chaque guerre, chaque catastrophe majeure, chaque krach boursier on y fait appel pour redresser la situation. Et puis, quand celle-ci est rétablie et qu’il y a de nouveau des profits à engranger, on reprend le couplet sur «la plus grande efficacité du privé» pour remettre les entreprises aux capitalistes !
Eh bien non ! C’est en établissant définitivement la priorité du public dans l’orga- nisation sociale et économique que les populations pourront prétendre à l’équité, à l’harmonie et au mieux-vivre collectif. C’est également l’occasion de nous débarrasser des poncifs destinés à nous maintenir en servitude. Si on veut se «développer», prétendent-ils, il faut absolument «faire appel aux investisseurs étrangers» et «s’arrimer à un grand ensemble».
Eh bien non ! C’est uniquement en privilégiant le caractère endogène et autocen- tré de l’économie que le pays pourra être à l’abri des vicissitudes du système capi- taliste et des crises inhérentes à la globalisation néolibérale.
Profitons donc de cette crise majeure qui frappe notre pays pour «kolé tèt kolé zépol» et mettre en oeuvre ensemble un projet politique alterna- tif, global et consensuel. (Le 19 mars 2020)