Le 1 er tour des élections municipales arbitré par le coronavirus

Les résultats sortis des urnes le 15 mars au soir parlent d’eux-mêmes. La Guadeloupe a vécu l’une des plus grandes mascarades politiques de ces derniers temps.

Q uels enseignements peut- on tirer de ces élections de la peur ? Pas la peur de l’Autonomie, organisée en 1973 pour faire élire trois députés RPR, mais la peur de la mort par le coro- navirus, instrumentalisée par le pouvoir «macronien» pour gagner une assise électorale locale.

Cela s’est soldé en 1973 par un désastre économique avec la fer- meture de trois usines à sucre. En 2020, se sera le viol du suffrage uni- versel avec le fonctionnement de conseils municipaux sans légitimité et la faillite démocratique avec l’élection à deux vitesses des assem- blées municipales.

Le taux de participation 46,48% est le plus grand marqueur néga- tif de ces élections. En 2014, 61,37% des électeurs avaient voté. L’abstention est donc pas- sée de 38,63% à 54,52% soit une progression de 15,89%.

Quelle est la part de la peur du virus et de la méfiance des élec- teurs envers les élus dans cette progression ? L’interprétation reste ouverte.

Un examen global des chiffres nous montre que sur les 143 listes pré- sentées au 1er tour des élections :

• 12 ont été élues, 69 sont en ballo- tage pour le 2 ème tour

.

• 62 n’ont pas réuni les 5% des suf- frages exprimés et sont éliminées.

• 27 étaient conduites par des maires en sachant que 5 maires ne se représentaient pas sur les 32 que compte la Guadeloupe.

• 11 maires ont été réélus au 1 e r tour. Un nouveau maire Camille Eliza- beth a été élu à Pointe-Noire. Il reste donc 15 maires en ballottage pour le 2 ème tour.

Le premier constat que l’on peut faire c’est que les maires ont large- ment bénéficié de la prime au sor- tant au 1 er tour.

Sur le plan politique, il est difficile d’établir le rapport des forces à l’issue du 1 er tour d’autant plus que le nombre de candidats pré- sentés par les partis politiques reste marginal par rapportaux candidatures locales et à celles sans étiquette politique connue.

Le PS qui présentait 12 candidats sous ses couleurs ne gagne qu’une municipalité au 1 e r tour idem pour le GURS qui alignait 14 candidats. Les autres partis n’ont obtenu aucune mairie.

Les autres faits marquants de ce premier tour ce sont :

- La défaite cinglante de 3 dépu- tés : Christophe Vainqueur, Justine Benin et Olivier Serva, les deux derniers paient incontesta- blement leur soutien aveugle au gouvernement Macron.

- L’élection royale de Camille Elisabeth à Pointe-Noire.

- L’arrivée en tête de Cédric Cornet à Gosier où il devance neuf autres candidats malgré ses ennuis judiciaires.

- La position inconfortable de la maire de Basse-Terre Marie- Luce Penchard placée en ballo- tage défavorable.

- La surprise vient de Port-Louis où au vu des bons résultats obtenus dans la gestion de la ville, Victor Arthein affichait les dispositions pour régler ces élections au 1 er tour.

Il est maintenant impossible de faire un quelconque pronostic pour la suite de ces élections avec la dange- reuse évolution du virus Covid-19.

En décidant le report du 2 ème tour au mois de juin, voir une possible annulation de tout le processus électoral qui a conduit au premier tour, le gouvernement va utiliser la crise sanitaire pour rebattre le