A propos du Coronavirus : Dans la tourmente pandémique, que chacun reste à sa place !

Le monde est en émoi, incapable d’évaluer l’effectif de vies humaines qui seront emportées dans la tourmente pandémique causée par le coronavirus, vec- teur du covid-19. De mémoire de toutes les générations contemporaines, aucun fléau n’avait autant pris de court l’hu- manité, sauf à remonter le temps à des siècles au moins, pour retrouver des maladies comme la tuberculose, la lèpre, la peste et le choléra. Autant de situations qui ont mis et mettent en évidence la faiblesse et l’im- puissance de l’homme, se croyant infiniment grand avec sa bombe atomique, face à l’infi- niment petit.

N otre archipel la Guade- loupe, à plus de 14 000 kilomètres du foyer d’ori- gine du coronavirus, la ville de Wuhan en Chine, n’est pas épargné, comme on l’avait espéré au début. Mondialisation oblige, elle est bien dans la tourmente et assujet- tie aux mêmes règles de sécurité sanitaire strictes que tous les autres points du globe. Parmi celles-ci, le confinement est fon- damental depuis plus de deux semaines et jusqu’à nouvel ordre.

Une malheureuse opportunité pour que, comme d’habitude, certains compatriotes, déjà au cours de cette matinée du lundi 16 mars 2020, tentent de faire valoir leurs connaissances ou leurs savoirs faire dans tous les domaines, comme s’ils avaient la science infuse ou sont subitement inspirés. Ils y vont alors allègrement sous tous les angles : fabrication de masques, barrières de sécurité ou leur désinfection à l’alcali (l’ammoniaque) pour utilisa- tions répétitives, traitements mira- cles par les plantes, nos «rimèd razié», pour prévenir ou guérir, et nous en passons. Comme d’habi- tude, on sait tout car, on se décou- vre médecin, personnel soignant, scientifique, chercheur.

Loin de nous l’idée de remettre en question ces savoirs et savoirs faire que nous ont légués, fort heureuse- ment, nos ancêtres, pour faire face à certaines maladies que l’on pour- rait même qualifier de «naturelles».

Nous devons en être fiers et les remercier. Mais, à cette époque, cette nature à laquelle appartient l’homme, n’était pas aussi «agres- sée», polluée, dénaturée, par son propre «locataire», dans son désir de rendre sa vie plus confortable et son ambition d’occuper tous les espaces planétaires et interplané- taires. On peut même supposer que ces recettes par les plantes qui font aujourd’hui notre bonheur pour soi- gner, tantôt une grippe, une fièvre, une anémie, une constipation, une diarrhée, une infection par les vers, tantôt une piqûre d’insecte, une morsure de serpent, une blessure, une brûlure, un hématome, tantôt pour rétablir une constante biolo- gique, ont été élaborées durant des décennies, par différentes généra- tions, avant de pouvoir nous laisser des consignes telles que : «deux ou trois feuilles», «une pincée de pou- dre», «trois feuilles de plantes diffé- rentes», «des écorces, des bourgeons ou des fleurs de tel arbre», etc…

On peut donc penser légitimement que ces remèdes ancestraux ont été l’objet d’essais préalables, au sein du groupe familial, du clan, de la tribu, de l’ethnie, avant d’être por- tés à la connaissance de tout un peuplement, au cours de siècles de communication orale. Et, nul ne sait combien de victimes qui ont été dénombrées avant de parvenir au bon dosage, par tâtonnement ou peut-être même intuition. De la médecine empirique quoi !

Notre civilisation a considérable- ment évolué depuis. Cette méde- cine empirique a laissé la place à la médecine académique, protoco- laire, préalablement élaborée par la recherche scientifique assujettie à une éthique, une législation, des normes et des codes. Nous devons avoir à coeur de ne pas inciter nos compatriotes, par le biais des médias, radio et télévisions en l’oc- currence, à reconduire pour des maladies nouvelles, tel le covid-19, des «recettes grand-mères» mémorisées, même si elles ont ins- piré de très nombreuses recherches scientifiques. Tous les animateurs de ces médias doivent y veiller pour ne pas laisser diffuser de telles infor- mations qui sont reçues en temps réel. En quoi faisant, ces médias des- servent au lieu de servir.

Chacun peut garder sa liberté de les expérimenter, éventuellement sur soi, sur ses proches, avec tous les risques que cela comporte, y com- pris celui d’avoir à répondre d’em- poisonnement, de mise en danger de la vie d’autrui, d’exercice illégal de la médecine, ou d’homicide invo- lontaire, selon la législation de notre société contemporaine. En un mot, dans cette période de confinement qu’il faut absolument respecter, «chacun son métier et les vaches seront bien gardées», comme l’a enseigné Jean-Pierre Claris de Florian, auteur de la seconde moitié du 18 ème siècle. Pourtant, il est mort à 39 ans seulement