Le Covid-19 sonnera-t-il le réveil des consciences ?

Mon frère, «Quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres, ou dans les champs d’autrui, l’épou- vantail désuet ?». Aimé Césaire : Poème Hors des jours étrangers. Les déclarations et réactions qui viennent de tous les milieux : politique, économique, associatif et culturel, en lien avec la crise sanitaire ouverte par l’épidémie de coro- navirus, sont manifestement d’une tonalité différente que celle qu’elle était jusqu’ici.

Par-delà les craintes et les angoisses suscitées par le dan- ger mortel qui menace sans distinction toutes les classes sociales, il y a, manifestement, une certaine prise de conscience que notre parole compte pour du beurre dans les décisions qui concernent l’organisation de notre vie sur le territoire guadeloupéen.

Il apparaît très clairement que nous sommes «des invités par effraction au banquet des autres» et, à ce titre, nous sont réservés les plats réchauffés et les miettes.

C’est cette vérité aussi vieille que le système de départe- mentalisation-colonie, que des élus politiques guadelou- péens feignent de découvrir, en recevant en pleine face le mépris affiché par les organismes de l’Etat français pour la protection de la population, face à l’épidémie.

Le coronavirus va-t-il réussir à faire sauter les digues de l’aliénation contre lesquelles nous buttons depuis plus d’un demi-siècle, pour nous libérer de l’assimi- lation mortifère ?

Constatant leur impuissance à faire respecter les droits fondamentaux du peuple guadeloupéen à la santé, et leur marginalisation dans la gestion de la crise par des fonc- tionnaires omnipotents, des élus et responsables poli- tiques ouvrent leurs oreilles aux cris d’indignation qui montent du pays profond.

Que devons-nous entendre quand :

- l’un parle, aujourd’hui, de refonder nos méthodes et nos rapports avec les autorités de tutelle, en se référant à Saint-Barthélemy qui relève d’un statut de PTOM.

- l’autre, de s’écrier que voici venu le temps de construire notre futur.

- le troisième, appeler ouvertement à emprunter la voie de l’autonomie.

Ces responsables entendent-ils siffler l’herbe qui annonce les vents du changement ?