Le monde est sens dessus dessous : la souveraineté alimentaire comme réponse

La maladie la plus dangereuse n"est pas un virus, c"est le sys- tème de production extractif et contaminant. Le remède ne vient pas seulement de la main de la science, ni la pré- vention qui est réalisée grâce aux quarantaines. La GUÉRI- SON est dans un changement radical du paradigme produc- tif et alimentaire.

B ien qu"elle ne soit pas vox populi dans les médias de désinformation ni n"appa- raisse dans la voix des gouverne- ments et des hommes d"affaires, on sait que la meilleure façon de grandir en bonne santé et en force, et par conséquent de faire face aux virus et aux bactéries qui prolifèrent chaque année, est d"avoir un corps-esprit correcte- ment nourri. Malheureusement, dans le cadre du système alimen- taire hégémonique du monde, ce n"est pas une tâche facile.

Apparemment, ils veulent que nous soyons malades, somnolents et soumis. Par conséquent, en rai- son de notre “sous-alimentation”, nous sommes une population souffrant de malnutrition mentale et physique. Où pouvons-nous chercher des solutions ?

Le système agro-industriel mondial promu par les gouvernements (qui implique des monocultures, la défo- restation, l"utilisation massive d"agro-toxines, de carburant et de parcs d"engraissement) déplace les campagnes, principalement pour la production de soja et de maïs trans- géniques ; et nous maintient confi- nés dans les grandes villes, man- geant, dans le meilleur des cas, des produits ultra-traités et, dans le pire des cas, ne mangeant pas. Sans par- ler des millions de litres de produits agrochimiques toxiques dont nous sommes empoisonnés chaque jour à la campagne et en ville.

Chaque année, plus de 3 millions d"enfants de moins de 5 ans meu- rent de malnutrition ou de causes connexes. Quatre-vingt pour cent de ces cas, et dans leurs formes les plus aiguës, sont concentrés dans seulement 20 pays dans le monde, en particulier en Afrique et dans certaines régions de l"Asie du Sud.

Non moins important est le fait que le système agro-industriel est res- ponsable de 44 à 57% des gaz à effet de serre (GES) qui provoquent le changement climatique. Et quels sont les effets de ce changement climatique sur la santé publique ? Eh bien, parlons des virus et des bacté- ries. Les changements climatiques, avec des étés plus chauds et plus longs, des hivers plus doux et des précipitations annuelles accrues, peuvent encourager certains orga- nismes tels que les moustiques et autres arthropodes vecteurs à éten- dre leur habitat, avec la possibilité d"introduire des maladies dans des zones où elles n"existaient pas aupa- ravant.

Pour toutes ces raisons, et sachant que nous pouvons aller beaucoup plus loin, il est clair que l"agro-indus- trie -le pilier fondamental du sys- tème capitaliste/extractiviste- est responsable de la faim, de la malnu- trition et de la détérioration de la santé des populations, de la prolifé- ration des parasites et des maladies, et est la principale origine du chan- gement climatique qui, en plus de provoquer des catastrophes natu- relleset des crises humanitaires, provoque également le renfor- cement et la mutation des virus et des bactéries.

Cependant, le mouvement mondial pour la souveraineté alimentaire et le développement croissant de l"agroécologie -promus par les pay- sans, les populations indigènes, les professionnels du monde universi- taire et de la science décente, et par des mouvements de consomma- teurs conscients- se développent de jour en jour pour montrer les voies de sortie des problèmes men- tionnés ci-dessus.

Notre tâche consiste donc à conti- nuer à construire de nouveaux espaces pour atteindre la souverai- neté alimentaire souhaitée et nécessaire, non seulement pour nourrir le monde, en réalité, mais aussi pour être en bonne santé, pour lutter contre le changement climatique et, avec lui, contre les dif- férentes épidémies et pandémies. La souveraineté alimentaire -qui implique la coopération, la produc- tion locale et souveraine, et l"accès équitable à une nourriture de qua- lité, nutritive et non toxique- est le seul moyen viable de nous mainte- nir en bonne santé, forts et unis. En même temps, c"est la solution aux problèmes socio-environnemen- taux qui menacent la santé de la Terre et de tous les êtres vivants.

Enfin, c"est l"une des façons de pra- tiquer le «bien-vivre», un chemin et une opportunité de construire col- lectivement de nouveaux systèmes de vie dont les régimes écono- miques sont guidés par l"équité et l"harmonie entre les groupes humains et la nature. Cela nécessite de subordonner les objectifs écono- miques à cette dernière prémisse et, comme l"affirme Gudynas, «de considérer la nature comme un sujet doté de droits et de s"orienter vers un biocentrisme qui accom- pagne les droits de l"homme et élar- git la citoyenneté et la justice : envi- ronnemental pour les gens et éco- logique pour la nature».