PORT-LOUIS : UN PROCÈS ÉLECTORALISTELe maire de Port-Louis s’explique

Récemment, sur les réseaux sociaux et les médias, les Guadeloupéens ont pu assister à un échange plus qu’électrique, entre un Port-Louisien et deux femmes d’origine européenne, sur un problème de propriété concernant un foncier sur le litto- ral de Port-Louis. Depuis, certaines personnes mal intentionnées, engagées dans une démarche électoraliste, profitent de leur position pour diffuser des contres-vérités sur les réseaux sociaux, à l’encontre du maire de Port-Louis, mis en cause. Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire qui tombe très mal pour le maire Victor Arthein, à quelques jours du deuxième tour des élections muni- cipales et communautaires, nous l’avons interrogé.

Pouvez-vous nous dire exactement ce qui se passe à Port-Louis ?

Victor Arthein : Depuis quelques jours, je suis vic- time de graves attaques à travers les médias et les réseaux sociaux, orchestrées par mes opposants politiques, concernant un foncier qui a été vendu sur le littoral.

En fait, la Société d’Economie Mixte d’Aménagement de la Guadeloupe (SEMAG) est en train de mener une opération de Résorption de l’HabitatInsalubre (RHI) sur la commune de Port- Louis, depuis les années 1990.

Dans le cadre de cette RHI, parallè- lement, sur le Front-de-Mer, avec la maîtrise d’ouvrage déléguée de la Région Guadeloupe, des tra- vaux sont confiés à la SEMSAMAR pour l’aménagement du littoral. Deux opérationscroisées qui sont menées par deux aména- geurs sur le littoral.

La parcelle qui fait débat a été amé- nagée dans le cadre des travaux visant la protection du littoral et vendu par la SEMAG à un promo- teur privé. Il s’avère que les promo- teurs sont deux dames blanches qui ont un projet de gîtes sur le site en question

. Pour couper court à tout ce que j’entends, il faut savoir que ce terrain dont il est question n’a jamais appartenu à la commune. C’était le domaine public maritime pour une partie et les 50 pas géo- métriques pour l’autre.

S’agissant de la gestion du littoral, c’est tout un mille-feuille. Il y a le domaine public maritime, les 50 pas géométriques, le Conservatoire du littoral et l’Office national des forêts (ONF). Donc c’est très compliqué. Il est important de préciser, que ce foncier a toujours été du domaine de l’Etat. Dans le cadre de la RHI, l’Etat a confié ce terrain à la SEMAG, laquelle l’a vendu pour, en quelque sorte, alléger ses créances vis-à-vis de la commune.

On fait le reproche à mon prédéces- seur d’avoir décasé des gens qui habitaient dans une zone inonda- ble. C’est vrai, ils ont été recasés ail- leurs, en lieu sûr.

On a dû dépenser des millions d’euros pour réaliser l’enroche- ment, la digue et le mur de soutè- nement, afin de protéger le litto- ral et la ville de la houle.

Si nous avions laissé les gens où ils étaient, en cas d’inondations, c’est le maire seul qui serait responsable et bien sûr condamné, puisqu’il aurait failli à sa tâche en ne proté- geant pas sa population.

Alors, on me reproche d’avoir déplacé les gens et vendu à des étrangers. Mais, ce n’est pas moi le responsable, ce n’est pas moi le propriétaire donc, ce n’est pas moi qui ai vendu.

A mon arrivée à la mairie, j’ai hérité de cette situation. Quand cette opé- ration a eu lieu, M. Jean-Marie Hubert qui est mon opposant poli- tique était premier adjoint au maire, conseiller général et administrateur à la SEMAG. Ce sont tous ses amis, dont M. Boulate qui est conseiller municipal de l’UPPL qui viennent inciter la population à se liguer contre le maire sortant actuel.

Pourquoi ce sujet fait surface maintenant ?Le dossier est relevé maintenant parce qu’il y a en vue le deuxième tour des élections municipales. On veut avoir la tête de Victor Arthein. Sur cette base, ils ne l’auront pas. Je saurai m’expliquer et apporter la preuve que ce sont eux les vérita- bles responsables de cette situation.

Ces dames ont fait l’acquisition du terrain en janvier 2018. Mes détrac- teurs me reprochent de n’avoir pas fait valoir mon droit de préemption. Je ne pouvais pas faire valoir de droit de préemption sur ce terrain parce que la SEMAG a trois opérations sur le territoire de la commune : - L’opération RHI (au sud du Bourg) - L’opération Zac de Rodrigue (Zone d’aménagement concerté), non loin de l’EPAHD. - L’opération parc paysager de l’Anse du Souffleur. Sur ces 3 opérations, la commune est largement déficitaire. La com- mune de Port-Louis a une dette de 6 millions envers la SEMAG. La vente du terrain contribue juste- ment à équilibrer l’opération.

Nous avons signé un moratoire avec la SEMAG en 2014, en nous enga- geant à effectuer un versement chaque mois, jusqu’à épuration de la d ette. Malheureusement, la com- mune n’a pas été en mesure de res- pecter les échéances. Tous les jours, l e directeur me relance car, il doit rendre des comptes me dit-il, à son Conseil d’administration.

J’ai hérité d’une commune qui doit à la SEMAG 6 millions d’euros alors que son budget avait un déficit de 6,2 millions d’euros également. Donc, la dette de la commune s’éle- vait à plus de 12 millions d’euros. Dans une telle situation, il n’est pas possible de faire jouer le droit de préemption.

D’autre part, en qualité de quoi, devrais-je dire à la SEMAG de ne pas vendre à un client ? Serait-ce parce que sa peau est blanche ? Jusqu’à ce jour, aucun Port- Louisien ne s’est porté acquéreur. Je suis le maire de tous les adminis- trés, sans exception.

En plus, ce promoteur a un projet qui sera profitable au développe- ment et au rayonnement de la commune. Il est en conformité avec le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la commune. C’est un projet qui cadre avec l’orientation touristique que nous voulons don- ner à la commune.

Je peux comprendre certains comportements mais, ma philo- sophie politique, mon idéologie politique et cela durant toute ma vie de militant, n’a pas changé. Je me suis toujours battu pour que la terre guade- loupéenne reste à la Guade- loupe, comme c’est le cas en Polynésie française ou en Nouvelle-Calédonie. Si tel est le désir des Guadeloupéens, il faut que nous changions de régime statutaire. Sommes-nous prêts ? C’est là, le problème de fond ! Il faudrait que la population se prononce sur cette question.

Alors, on peut m’accuser de tous les maux mais, je dis avec insistance que, sur cette affaire, je suis clair, transparent et prêt à affronter qui- conque. Quant à M. Cordoval qui est entrain de pérorer, en se faisant passer pour un donneur de leçons en droit public ou en droit d’urba- nisme, il ne connait rien de la réalité de la commune de Port-Louis. Avant de distiller ses élucubrations, en lançant son opération com- mando sur les réseaux sociaux, il aurait dû se rapprocher de la mai- rie pour avoir les éléments néces- saires pour bien fonder ses posi- tions. Ils veulent me couper la tête mais, ils n’y parviendront pas. Je gagnerai cette bataille !