Non au racisme !

C’est sous cette bannière que plusieurs organisations ont fédéré leurs énergies en décidant de tenir un rassemblement, le samedi 06 juin à 10 heures, au kiosque de la place de la Victoire à Pointe-à-Pitre.

Parmi les organisateurs, on peut citer : l e CORECA, le CIPN, le MIR (Mouve- ment international pour les répara- tions), la Fédération de la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty internatio- nal, Mas ka klé, Mouvman Rézistans, Nasyon, Radikal Mas. Les artistes emboî- tent le pas, puisque la manifestation a reçu le soutien de Dominique Coco, Fred Deshayes, Joël Nankin, Paul C omminges, Ruddy Roquelaure, Thierry Lima et de bien d’autres…

Julien Mérion du CORECA, avec sa double casquette de modérateur et intervenant, a dressé le funeste tableau du racisme en France et dans le monde. Selon lui, le fonde- ment du racisme au départ est d’ordre éco- nomique et fait référence à une décision d’une cour de Justice des Etats-Unis de 1783 qui déclare que les nègres sont l’équi- valent des chevreuils, des chevaux et des chèvres. Il considère que le symbole de George Floyd est suffisamment fort et suf- fisamment important à l’échelle mondiale pour s’en emparer et l’utiliser comme une arme qui permettra de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’exploita- tion, quel que soit le lieu, de manière à pré- parer un avenir meilleur.

Les organisations affirment être dans une démarche de dénonciation mais surtout dans une démarche de construction. C’est Luc Reinette qui est intervenu pour le CIPN (Comité international des peu- ples noirs). Il a souligné le silence assour- dissant du Président français Emmanuel Macron sur ce qui s’est passé aux Etats- Unis, alors que le Premier ministre de l’Angleterre et du Canada ont déjà réagi. Même le Pape François 1er (Jorge Mario Bergoglio) a déclaré que c’est un crime odieux, inacceptable !

D’après Luc Reinette, jusqu’à maintenant, Emmanuel Macron n’a rien dit, parce qu’il y a en France l’affaire pendante d’Adama Traoré. C’est une affaire judiciaire française qui a pour origine la mort d’un homme de 24 ans, le 19 juillet 2016, à la gendarmerie de Persan, dans le Val-d’Oise, après son interpellation à Beaumont-sur-Oise. Il a été assassiné, dit-il, dans des conditions presque similaires.

C’est aussi, réaffirme-t-il, parce qu’il y a un autre scandale de 8 000 policiers, gen- darmes et militaires qui profèrent des menaces racistes sur Facebook et sur les autres réseaux sociaux. L’enseignement à tirer de ces agissements, c’est donc la véri- table nature de la police française qui n’est pas différente de celle des Etats-Unis.

Luc Reinette a saisi la balle au bond. Il n’a pas hésité à dénoncer la vraie personnalité de Victor Schoelcher qui, en 1843, a écrit, je cite : «les noirs ne sont pas prêts à recevoir la liberté, je préconise le maintien du fouet sans lequel les maîtres ne pourront se faire obéir dans les plantations»fin de citation. Quant à Jules Ferry qui, en juillet 1887, au Parlement français, a déclaré, je cite : «Messieurs, soyons réalistes, il existe des races infé- rieures et des races supérieures. Les races européennes sont des races supérieures, nous avons droit sur les races infé- rieures»fin de citation.

Pour toutes ces raisons évoquées, les orga- nisations ont décidé, comme un seul homme, de poser un acte fort pour marquer la mémoire collective, en débaptisant la rue Jules Ferry de la commune de Saint- François, pour l’appeler rue George Floyd. Luc Reinette appelle la population à s’empa- rer du pouvoir économique et politique, seule condition de libération, estime-t-il.

Après cette intervention, les organisations réunies autour de Luc Reinette ont présenté la plaque de George Floyd puis ont invité le public à observer une minute de silence.

C’est Marie-Guadeloupe qui est intervenue pour le MIR Guadeloupe. Elle a invité les uns et les autres à être fiers d’être noirs en s’ins- pirant de la lutte de Martin Luther King, de Rosa Parks, d’Angela Davis, de Nelson Mandela… Elle a remercié le témoin qui a filmé la scène de l’assassinat de George Floyd, pour faire connaître à la face du m onde les brutalités policières exercées dans un pays, soit disant où règne la démo- cratie et le rêve américain. Cependant, elle a invité les uns et les autres à dépasser l’action de filmer, mais à s’engager dans la lutte.

La Ligue des Droits de l’Homme était repré- sentée par son président, Maître Hubert Jabot. «Nous avons assisté à une exécution p ublique de George Floyd et cela a bouleversé le monde». C’est en ces termes que Maître Jabot a commencé son intervention. Un rapprochement a été vite fait avec la mort de Charles-Henri Salin à Pointe-à-Pitre et d’Adama Traoré en France. Le président de la ligue des Droits de l’Homme fonde son espoir sur un monde meilleur, en espérant voir tomber le racisme aux Etats-Unis, comme ce fut le cas pour la chute du régime de l’apartheid en Afrique du sud. Il invite à dénoncer tous les comportements qui vont à l’encontre des Droits de l’homme. «Nous croyons dans une démocratie débarrassée du racisme»lance-t-il.

Plusieurs associations ont pris la parole, tour à tour. Les jeunes ont revendiqué leur place dans cette chaîne de solida- rité à George Floyd.

Plusieurs manifestations on eu lieu mardi 9 juin. Tout d’abord, pour Pointe-à-Pitre, avec Combat Ouvrier et le journal Rebelles et le même jour à Basse-Terre face au Port, pour un équilibre du territoire avec les organisa- tions telles que le CIPN, la Ligue des Droits de l’Homme, l’UPLG etc.