Municipales : Quel renouvellement ?
Les médias diffusent en boucle, avec l’aval de tous ceux qui se disent experts de la question électorale, que les élections municipales de 2020 se soldent par un renouvellement d’une ampleur sans précédent de l’espace politique guadeloupéen.
Il faut se garder des apparences et dépasser une lecture brute des résultats sortis des urnes. Les choses sont beaucoup plus com- plexes que ce que l’on voit en surface. Il faudrait que l’on se mette d’accord sur ce que l’on entend par renouvellement.
Mais, avant que l’on aborde ce concept, attardons nous un instant sur ce que disent les résultats sur lesquels s’appuient les propagan- distes du renouvellement.
Certes, à l’issue du second tour de ces élections municipales, la Guadeloupe compte 15 nouveaux maires sur les 32 qu’elle compte. On peut concéder que cela fait près de la moitié d’un coup et c’est certainement un mouvement important. Mais, il faut tout de même noter pour bien situer les choses que seulement 11 maires sur 32 ont été battus dans les urnes car, 4 ne se représen- taient pas. L’ampleur de ce que l’on appelle «dégagisme» ou «déchoukage» se réduit d’autant.
Lorsque l’on prend le critère égalité homme/femme en politique, on ne peut pas parler de renouvellement, mais plutôt de recul.
Avant ces élections, il y avait 6 femmes élues maires en Guadeloupe. Aujourd’hui, elle compte seulement 4 femmes car, 1 ne s’est pas repré- sentée, 2 ont été battues et une autre a gagné son élection à Terre-de-Bas. Que dire du renouvellement des générations lorsque, sur les 32 maires élus, on ne trouve que deux qui ont moins de 50 ans ?
En outre, on ne découvre aucun nouveau visage, aucun élu neuf, parmi les nouveaux locataires des mairies de Guadeloupe. Ils sont tous, même les plus jeunes, des vieux politiciens du sérail, ayant à leur actif plusieurs cam- pagnes électorales et des années d’embuscade dans des majorités ou oppositions municipales, départementales ou régionales.
Non, 15 nouveaux maires installés dans les mairies ne signifient nullement un renouvellement du personnel politique. Sur le fond, le renouvellement est encore plus introuvable.
Les vieilles pratiques politiques ont rythmé la campagne électorale d’une commune à l’autre : promesses démagogiques, divisions, trahisons, mercato, populisme etc…
Evacuation et méconnaissance des problèmes de fond que doivent résoudre les collectivités locales : déficit budgétaire, octroi de mer, crise sociale, service de l’eau, insertion des jeunes, développement etc…
Aucune idée neuve, aucune pensée politique structurée pour répondre aux défis majeurs qui sont devant nous :
Déséquilibre démographique, changement climatique, risques naturels, éducation, gouvernance etc…
On dit que l’électeur est de plus en plus conscient et maître de son choix. Soit ! Je respecte son choix, mais, ne me demandez pas de me joindre à la cohorte des «obligés» pour dire que c’est le renou- vellement qui a triomphé aux dernières élections municipales.