Municipales : Des têtes changent, le système demeure
Ce constat désabusé n’est pas de nous. Il est d’Hilaire Brudey, le Secrétaire fédéral de la Fédération du Parti Socialiste Français en Guadeloupe. Il exprimait ainsi son indigna- tion après l’élection du bureau du Comité d’agglomération CAGSC qui selon lui dérogeait à toute morale et éthique en poli- tique et consacrerait des alliances contre nature : gauche/droite. Hilaire doit être frappé d’amnésie.
En tout cas, il a montré une analyse limitée de ces élections muni- cipales. Car, la répétition des mêmes scénarios qui ont présidé à l’élection des bureaux des cinq Communautés d’agglomération en Guadeloupe «continentale» confirme que les vieux démons qui pourrissent la lutte politique en Guadeloupe depuis la décen- tralisation sont toujours à l’oeuvre.
Le GUSR qui sort des entrailles de la Fédération socialiste a dans ses gènes les tares originelles héritées de la matrice d’où il s’est arraché : compromission, trahison, alliances contre nature. Le premier fédéral rappelle avec raison que son acte de baptême est la trahison de la gauche socialiste, communiste et nationaliste en élisant l’égérie de la droite, Lucette Michaux-Chevry, présidente du Conseil régional en 1992. Depuis, cette façon de faire la politique est sa religion.
Mais, les socialistes peuvent-ils lancer la pierre sur les Gurs ? Ce serait faire preuve d’une bonne dose d’indécence. Sans remonter a un passé trop lointain, faut-il rappeler que les socialistes guadeloupéens, en sabordant la Fédération socialiste pour protester contre l’inscription de la Guadeloupe au chapitre 6 du programme commun de la gauche française en 1974, légitimaient une ligne de reniement, de trahison héritée de la vieille SFIO jusqu’à la création du fameux cercle de la gauche assimilationniste (PS, GUSR, PPDG) en passant par le coup de poignard assumé aux forces du changement en 2003.
Si Le Secrétaire fédéral avait lu le billet que nous avons publié dans les Nouvelles Etincelles du 2 juillet, il n’aurait pas eu ce haut le coeur. En effet nous avons écrit : «… Non, 15 nouveaux maires ins- tallés dans les mairies ne signifient nullement un renouvellement du personnel politique. Sur le fond le renouvellement est encore introuvable… Les vieilles pratiques politiques ont rythmé la cam- pagne électorale d’une commune à l’autre : promesses démago- giques, divisions, trahisons, mercato, populisme etc… Aucune idée neuve, aucune pensée politique structurée pour répondre aux défis majeurs qui sont devant nous ….».
A quoi pouvait-on s’attendre aux élections dans les communautés, autre qu’à la démultiplication des tendances relevées aux élections municipales ? La question ce n’est pas de s’indigner et de dénoncer ni de penser que le seul changement des hommes pourrait changer cette situation gangrénée.
La réponse urgente et qui ne peut être différée, c’est le retour en Guadeloupe aux fondamentaux de la lutte politique qui intègrent les principes de l’éthique et de la morale.
A ce propos, le président Losbar, qui avec le GURS, contrôle 3 Communautés d’agglomération sur 5, va-t-il ouvrir le débat sur sa proposition de supprimer ces Comités d’agglomération ? Nous entrons là dans le «dur» !