Education nationale française : Promotions Covid-19

Non ! Ne nous appelez surtout pas «Brevetés ou Bacheliers Covid-19» ! Nous ne sommes ni coupables, ni responsables, mais bien les victimes. L’histoire nous enseigne que les étudiants et les lycéens avaient pris les initia- tives de la grève de 1968, en France, pour revêtir, fort légiti- mement, le manteau de «soixante-huitards». Ils avaient certainement de bonnes raisons d’ailleurs et ont obtenu gain de cause.

A lors oui, en Guadeloupe en l’occurrence, nous sommes des victimes, depuis le 5 décembre 2019, d’une situation que nous n’avons pas créée mais générée par la grève des ensei- gnants, soutenus par les parents d’élèves, jusqu’au déconfinement progressif des établissements sco- laires à la mi-mai 2020. Mais, nous comprenons la lutte menée par nos enseignants et nos parents qui ne peuvent accepter annuellement, une fois de plus, des suppressions de postes. Ils sont heureusement soucieux et vigilants pour notre avenir, conditionné par les condi- tions d’enseignement.

Par contre, nous ne pouvons pas comprendre que la France qui nous gouverne, sixième puissance économique mondiale, cin- quième puissance militaire mon- diale, qui possède 97% en Outre- Mer de sa superficie en zones éco- nomiques exclusives (ZEE) et espaces maritimes, n’aient pas été davantage à la hauteur de la situa- tion, pour faire face à la pandémie engendrée par cet ennemi mortel invisible, le coronavirus, qui conti- nue à faire des ravages.

Imprévision, non anticipation, non préparation, hésitations, inexpé- rience, failles, erreurs, tergiversa- tions, insuffisances en ressources humaines et matérielles, dépen- dance commerciale vis-à-vis de pays qui, hier encore, faisaient par- tie de ceux qualifiés de «tiers- monde», tels sont les principaux reproches et accusations relevés dans les médias, sous la signature de personnalités compétentes en la matière et reconnus au plus haut sommet du gouvernement et de l’Etat français. D’où les conditions qui sont à l’origine des modalités de passage de nos examens de fin d’année scolaire 2019-2020.

Les résultats et les taux de réussite sont ce qu’ils sont. Nous concédons cependant bien volontiers que, si nous ne pouvons nous pavaner, même avec certaines mentions, comme d’autres générations qui ont passé leurs examens dans des conditions «normales», nous ne pouvons non plus en rougir car, comme chaque année, la majorité d’entre nous avait commencé l’an- née scolaire en faisant preuve de sérieux, d’effort et d’espérance, pour la poursuite des études dans la classe supérieure ou post-baccalau- réat. Les 95% de réussite en Guadeloupe et les 98% dépassés en France au baccalauréat, ne tradui- sent pas évidemment, en toute objectivité, l’évolution par rapport aux années antérieures. Tant pis ! Les statistiques par examen, série, filière s’avèrent donc superflues.

Il convient essentiellement que, dans la poursuite de la scolarité ou des études, chacun se mette sérieusement au travail, avec cou- rage, ténacité et ambition, pour une mise à niveau car, il ne faut pas se voiler la face ; des notions importantes des programmes offi- ciels n’ont pas été vues ou assimi- lées durant l’interruption de plu- sieurs mois. Certes, sauf exception, nous avons fait le maximum, indivi- duellement, ou avec nos profes- seurs, nos parents, par le télé- enseignement et l’enseignement en ligne et en présentiel, pour ne pas «perdre pied». Il nous faudra donc courageusement continuer, au niveau des classes supérieures de l’élémentaire, des collèges, des lycées, au niveau des universités, pour compenser les lacunes éven- tuelles et démontrer notre capa- cité de résilience. Nous le devons et nous le pouvons !

On nous annonce malheureuse- ment déjà que les universités vont déborder mais, gageons qu’au cours de ces deux mois, le gouver- nement ne se laissera pas sur- prendre, comme pour le Covid- 19, et saura prendre les disposi- tions qui s’imposent pour garantir notre réussite. C’est de sa respon- sabilité, non seulement sur le ter- ritoire français mais aussi dans les Outre-Mer. Non ! Nous ne sommes pas des brevetés ou des bacheliers Covid-19 ! Alors, bonne année scolaire 2020-2021 à tous !