Le MEDEF : La fin de l’économie parasitaire et extravertie ?

L’union des entreprises de la Guadeloupe affiliée au MEDEF a tenu une conférence de presse le mardi 21 juillet 2020 à Baie- Mahault. Les responsables de cette asso- ciation patronale ont bien entendu rendu compte de leurs activités au service des entre- prises durant le Covid-19, mais ils ont surtout présenté l’analyse qu’ils font de la situation en Guadeloupe et exposé leur stra- tégie pour la relance écono- mique du territoire.

Ils présentent un tableau alar- mant des conséquences de la crise qui va s’abattre sur la Guadeloupe après le Covid : - Lourdes répercussions sur notre économie - Mise en péril de nombreuses entreprises de notre territoire - Risque de perte de plusieurs cen- taines voire de milliers d’emplois

Mais pour une fois, le Covid est passé par-là, ils ne tournent pas mécaniquement les yeux vers la France avec les mains tendues. Prise de conscience ou attitude de circonstance, ils découvrent ou redécouvrent que la Guadeloupe a des atouts, elle est belle et qu’il ne faut pas l’abîmer.

Ils reconnaissent, courageusement, que les forces vives de notre pays n’ont pas été anéanties et que nous pouvons rebondir. Dans le document remis à la presse, l’Union des entreprises semble vouloir ouvrir une nou- velle voie de développement pour la Guadeloupe.

En invitant à se prendre en main afin d’apporter un souffle et un renou- veau à l’économie locale, en procé- dant notamment à : - La relocalisation des achats, - La valorisation de la produc- tion locale

Et au développement de relation de proximité avec et entre les acteurs du territoire, n’est-ce pas la voie d’une économie nationale qui est recherchée.

En incitant les acteurs économiques à faire appel aux prestataires locaux et les citoyens à consommer les bienset services de notre terri- toire, à voyager dans nos îles de Guadeloupe et dans les îles du Nord, c’est le choix manifeste de l’économie patriotique.

Cette stratégie annoncée d’une manière feutrée rejoint celle que nous défendons depuis toujours dans les colonnes de ce journal.

Nous y souscrivons avec cette réserve de fond. Contrairement à la position idéologique de l’Union des entreprises : le développement éco- nomique ne se fera pas qu’avec et par les entreprises, mais par toutes les forces productives qui concou- rent à la production et donc à la création des richesses.

Le MEDEF Guadeloupe en créant un «Think Tank» sur le dévelop- pement économique de la Guadeloupe se dit ouvert au débat. Nous versons une première contri- bution dans cet espace.

«POUR UN MODELEDE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ENDOGENE, DIVERSIFIE DE TYPE MIXTE»

Dans le cas de la Guadeloupe, nous ne pouvons laisser l’économie à l’ini- tiative isolée et non concertée des capitalistes selon les principes de la libre concurrence et du marché. Ce modèle ne pourra pas assurer le développement proportionnel et planifié de l’économie.

La Guadeloupe doit rompre avec ce modèle qui organise notre dépen- dance économique et nous enferme dans le système de la consommation des biens et des produits fabriqués par la France et les autres pays de la CEE.

Nous optons pour un modèle de développement endogène diversi- fié. Ce modèle consiste dans l’utili- sation active et intensive simultané- ment de tous les atouts favorables au développement de la production que possède le pays.

L’économie guadeloupéenne sera donc organisée autour de quelques pôles de développement liés entre eux : agriculture, agro-industrie, tourisme, pêche, aquaculture recherche scientifique, culture, énergie, environnement, les échanges commerciaux.

Le modèle diversifié sera de type mixte, c’est-à-dire qu’il reposera sur l’intervention du capital privé qui prendra ses responsabilités aux côtés d’un secteur coopératif et de la collectivité guadeloupéenne laquelle gardera la maitrise des sec- teurs stratégiques : la terre, l’éner- gie, l’eau, les transports, l’enseigne- ment et la recherche.

La finalité de ces activités de déve- loppement sera, bien entendu, la réalisation de fortes valeurs ajou- tées, permettant la création d’em- plois, le progrès social, une réparti- tion équitable des richesses pro- duites par le travail.