L’eau agricole indispensable au développement du Nord Grande-Terre

L a Guadeloupe vient de subir un carême particulièrement rude en cette année 2020. L’irrigation des terres agricoles est une prérogative du Conseil départemental. C’est plus de 8 000 hectares de terres agricoles que le Département est en train d’équiper pour répondre à la demande des agri- culteurs. Sur ce problème, nous avons interrogé M. Blaise Mornal, maire de la commune de Petit-Canal et M. Eric Latchoumanin, technicien de Karuker’o qui nous ont apporté quelques informations. Celles de la compétence du maire de Petit-canal nous permettent d’éclairer nos lecteurs sur ce problème d’irrigation du Nord Grande-Terre.

D’ après M. Blaise Mornal, le Département fournit de l’eau brut à destination industrielle, comme pour l’usine de Gardel afin de refroi- dir les turbines. De l’eau est également fournit aux ménages.

Il est à noter que les infrastructures servent aussi bien pour les agriculteurs que pour les industriels et les administrés abonnés. Cette répartition n’est pas sans conséquences sur le débit d’eau attendu par les agriculteurs. Durant cette sécheresse 2020, les nappes phréatiques et les rivières ont été au plus bas. Ainsi, pour satisfaire tout le monde, les agriculteurs subissent des tours d’eau au même titre que les ménages.

Dans le passé, c’est la Nantaise des eaux qui avait obtenu une délégation de service public par un contrat de fermage de 2010 à 2022. Elle a cédé le contrat de délégation de service public à Karukér’o pour l’exploita- tion des réseaux. D’après M. Blaise Mornal, ce transfert a été fait avec une délibération et avec l’accord du Conseil départemental. L’eau vient des régies situées en Basse- Terre où il y a plusieurs captages tels que la rivière Bois David, l’I NRA à Duclos, la rivière de Goyave au niveau de la traver- sée après la montée de Versailles et Moreau à Goyave.

L’eau agricole est une eau de surface de la rivière et en période de sécheresse elle dimi- nue. Cela a pour conséquence une diminu- tion de la production. Ainsi, pour un bon fonctionnement, il faut compter entre 100 et 120 000 m 3 /heure. Alors que 60 000 m 3 en moyenne sont distribués vers Eau d’Excellence, le Siaeag, Espérance Morne-à- l’Eau, et Renoc Région Caraïbe. C’est donc un seul et même réseau à deux branches dont une qui vient de Bois David avec un diamètre de 800 en acier destinée à la Grande-Terre.

C’est la première des conduites qui alimente tout le bassin cannier autour de Gardel. Il y a aussi, le renforcement qui alimente le bar- rage de Létaye. La seconde branche a un diamètre qui oscille entre 1000 à 1200 et qui alimente le barrage de Gachette.

Les abonnés à l’eau agricole sont entre 3000 à 3200. Il reste encore quelques par- celles qui ne sont pas encore alimentées en eau brute, mais l’extension du réseau est de la compétence du Conseil départe- mental. S’agissant du barrage de Moreau à Goyave, grâce à sa prochaine mise en service, la situation des agriculteurs et des foyers s’améliorera considérablement.

Récemment 24 km de tuyaux supplémen- taires ont été inaugurés dans le Nord Grande-Terre. Parmi les différents projets mis en place au niveau de la Communauté d’agglomération, l’usine centrale de fabrica- tion des repas scolaires a pour objectif de transformer la production locale pour ali- menter les cantines. C’est donc dans l’avan- tage des agriculteurs de diversifier leurs pro- ductions. L’eau agricole qui sera disponible à souhait contribuera très certainement à favoriser une bonne récolte.

Il faut savoir que pour l’irrigation d’un hectare de terre, l’agriculteur débourse 5 euros. Ainsi le m 3 d’eau agricole lui revient à 0,02 centime d’euro. C’est une somme qui est tout à fait à sa portée et lui per- mettra de prendre un abonnement afin d’améliorer sa situation.

Quant au barrage de Gachette, il joue un rôle essentiel dans le Nord, car sans cette rétention d’eau, les agriculteurs n’auraient pas pu faire face à cette rude sécheresse, nous livre le maire Blaise Mornal.

Rappelons que le barrage de Moreau qui a pris du retard à cause de la crise sanitaire du Covid-19, doit être mis en service à la fin de l’année 2020.