La transition énergétique doit être une transition juste

Au coeur de ces grandes vacances 2020, c’est depuis le 23 juin que les techniciens de la Centrale Energie Antilles (centrale EA) sont en alerte sur leur piquet de mobilisation, devant leur centrale à l’arrêt depuis cette même date.

P our rappel, c’est suite à la non-reconduction du con- trat d’achat par EDF (sous couvert de transition énergétique) de la production d’électricité d’EA produite à base d’énergie fossile émettrice de gaz à effet de serre, que le propriétaire de la centrale a signifié aux entreprises (CDE et IDEX 971), qui en assuraient l’ex- ploitation, la fin de leur contrat.

Dans ce contexte, ces sociétés, toutes deux encadrées par le statut des industries électrique et gazières (statut des IEG vulgairement appelé «statut EDF» en tant qu’en- treprise non-nationalisées (ENN), ont entamé des procédures de licenciements économiques pour leurs salariés respectifs.

Or, le statut des IEG ne comporte pas de volet licenciements écono- miques. C’est le reclassement des salariés dans d’autres entreprises couvertes par ce même statut qui est de mise. En Guadeloupe, il s’agit d’EDF PEI, d’EDF SEI, Albioma ou encore Géothermie- Bouillante. C’est pourquoi les sala- riés ont entamé une procédure auprès de la Dieccte pour faire respecter la procédure statutaire.

MAINTIEN DES EMPLOIS PAR LA RECONVERSION AU BIOCARBURANT

Contrairement aux autorités gua- deloupéennes «compétentes» (Etat et Collectivité régionale), les salariés ont anticipé la fermeture de leur centrale avec les conséquences inéluctables qui allaient se poser en termes de pertes d’emplois. En vue de cette sombre échéance, les sala- riés se sont transformés en por- teurs de projet et ont proposé la reconversion de leur centrale en changeant de combustible pour que la production d’électricité ne se fasse plus à partir de fioul lourd (énergie fossile polluante), mais à partir de bio-carburant, avec l’Oléo100, énergie renouvelable issue de la biomasse, respectant ainsi les préconisations de la loi de transition énergétique en matière de diminution de la consomma- tion d’énergie fossile.

Ceci n’est qu’une partie de leur pro- jet car ils souhaitent aller plus loin en s’inscrivant dans le plan hydrogène pour la mobilité et pour se faire, ils sont accompagnés par le groupe Guadeloupe EnR.

Leur objectif : contribuer à la dimi- nution des gaz à effet de serre (GES) émis par les transports qui représentent à eux seuls plus de 60% de la consommation totale d’énergie fossile en Guadeloupe, en installant la première unité de production d’hydrogène en Guadeloupe.

PRODUIRE DE L’HYDROGÈNE«VERT»

Le mix énergétique de la Gua- deloupe, dont 23% provient des énergies vertes (éolienne, photo- voltaïque, géothermie, hydrau- lique, bagasse, et biogaz), permet de produire «l’hydrogène vert» (empreinte carbone nulle et émis- sion de GES quasi nulle) qui sera nécessaire pour répondre, dans un premier temps, à la demande dans le secteur du transport en commun de passagers et du transport commercial.

Afin de permettre d’augmenter l’apport en énergie verte, le projet des salariés inclut l’installation d’une ferme photovoltaïque sur le site même de la centrale en y installant des ombrières dotées de panneaux solaires. De plus, la centrale est d’ores et déjà dotée d’un système de cogénération qui permettra de rendre encore plus efficiente la pro- duction au biocarburant. La cogé- nération consistant à récupérer l’énergie thermique contenue dans les fumées d’échappement de la centrale (400°c) pour alimenter en vapeur des turbines qui produisent de l’électricité.

Il est à noter que l’eau utilisée pour l’électrolyse sera de l’eau recyclée ne provenant, ni du réseau d’eau potable, ni du réseau d’eau agricole et n’impactera donc pas l’alimenta- tion en eau du territoire.

La Collectivité régionale, la Communauté d"agglomération Cap Excellence, les parlemen- taires guadeloupéens et le député européen président de la Com- mission européenne pour le déve- loppement régionale (REGI) sou- tiennent le projet des salariés d’Energie Antilles.

Les techniciens de la Centrale Energie Antilles, porteurs du projet de reconversion au bio-carburant et de la mise en place d’une unité de production d’hydrogène vert, sont dans l’attente d’une décision au plus haut niveau.