F ENÊTRESURUNEVIEQu’en est-il encore de La solidarité familiale guadeloupéenne en 2020 ?

Nous avons rencontré un Marie- Galantais, monsieur Zodros Amédée Jean-Baptiste qui a bien voulu se confier. Son par- cours est à l’image de celui de très nombreux Guadeloupéens. N’est-ce pas là aussi, un aspect du Patrimoine immatériel de la Guadeloupe ?

UNE ADOLESCENCE TRÈS MAÎTRISÉE MAIS FORT SINUEUSE

Né à Saint-Louis Marie-Galante, à la section Vert-Pré, entre les mains d’une matrone, le 24 juin 1941, cet aîné de huit enfants sera l’objet d’attention éducative par ses père et mère, cultivateurs d’un petit lopin de terre.

Après le Certificat d’Etudes Pri- maires et une année de 5ème au Cours Complémentaire de Grand-Bourg, il est scolarisé à 15 ans à l’école privée Mayéko, à Pointe-à-Pitre, mais doit quitter, après seulement une année, pour travailler, de 16 à 17 ans, dans la limonaderie de monsieur Tite, rue Raspail à Pointe-à-Pitre.

Amoureux de l’école, il n’hésite pas à s’inscrite aux cours du soir, à l’école laïque durant son appren- tissage en menuiserie chez mon- sieur Nubret à Vieux-Bourg Abymes, de 18 à 19 ans et son activité de pompiste dans une station-service, de 19 à 20 ans. Il a la chance de rencontrer des aînés, déjà mariés, durant les cours d’adultes qui l’incitent à préparer le concours des Postes télégrammes et télécommunications (PTT). Ces adultes qui préparent également ce concours, le font embaucher comme jobbeur aux colis postaux sur le port de Pointe-à-Pitre. Il réus- sit le concours de facteur, à 18 ans.

VIE D’ADULTE D’UNE POUTREMAÎTRESSE DE LA CHARPENTE FAMILIALE Mobilisé en juillet 1961, Amédée Zodros débute sa vue de majeur à 21 ans, à l’infanterie de marine à Toulon-Fontenay-Leconte, puis à Fréjus. Il revient en Guadeloupe en février 1963 et ne retrouve pas sa mère, née Bérangé Lydie Eva le 20 avril 1920, morte à 42 ans, en avril 1962. Son père n’a plus la possibilité de rejoindre la Guadeloupe dite continentale pour travailler sur les plantations, dites «habitations» des usines, Sa soeur cadette âgée de 19 ans abandonne sa scolarité pour aider son père à élever les sept autres enfants, épaulée par une grande cousine de sa mère. C’était d’ailleurs la règle dans les familles nombreuses de l’époque concer- nant la soeur aînée.

Il rentre dans les PTT comme le lui avait promis l’administration pos- tale et occupe un poste de facteur préposé à Paris 18è me , en avril 1963. A partir de cette première affecta- tion, il exercera dans différents bureaux, soit à sa demande, soit par mutations ou promotions. Il se fait apprécier, notamment à Paris- Chèques, au centre de chèques de MontParnasse.

Amédée Zodros soutient sa famille, par l’envoi mensuel d’un mandat à son père. D’ailleurs, il arrondit ses fins de mois en travaillant dans une compagnie d’Assurance et dans une entreprise de distribution d’articles de bureau. Il passe brillamment le concours d’agent d’exploitation en 1973 et est affecté dans le centre de Paris-Tri-Nord.

Il s’organise durant ses nombreuses années pour faire rentrer successi- vement tous ses frères et soeurs pour étudier, se former et trouver du travail, comme lui, dans diffé- rentes administrations ou entre- prises. L’entraide entre frères et soeurs joue à fond. Aucun n’a été candidat pour une expatriation par le Bumidom, très actif à l’époque et i ls ont tous fondé une famille. Le père, Marcellin Zodros, née à Saint- Louis de Marie-Galante, le 13 jan- v ier 1913, tire sa révérence en novembre 1975, à l’âge de 62 ans.

N’ayant pu obtenir sa mutation pour sa Guadeloupe natale qui l’ap- pelle affectivement, il accepte fina- lement, en septembre 1977, un poste dans un service de Brigade de réserve à la Martinique, pour se rap- procher de son pays.

Marié à 25 ans, ayant divorcé entre- temps après 11 ans, sans avoir eu d’enfants, il constitue une seconde famille avec une compagne ayant deux enfants et devient père de trois autres enfants. Il parvient à éle- ver et s’occuper de ses cinq enfants jusqu’au bout et leur permettre, après des études universitaires, d’exercer, dans le secteur hospita- lier, les collectivités communales, les impôts, la préfecture, l’Education nationale.

ENFIN, SON ÎLE CHÉRIE :LA GRANDE GALETTE

Après cinq années sur cette terre martiniquaise tant appréciée où il s’est fait beaucoup d’amis dans le cadre professionnel et de bonnes relations, notamment à Saint- Pierre et à Fort-de-France, Amé- dée Zo-dros est affecté à Capes- terre de Marie-Galante. C’est dans cette île qu’il donne nais- sance à son troisième enfant.

Il fallait s’y attendre : il ne tarde pas à être sollicité pour servir son île dans le domaine politique. Il s’y engage, d’abord avec monsieur Benoît Camboulin. L’année 2001 sonne son départ à la retraite pro- fessionnelle mais aussi, à 60 ans, un nouvel engagement politique avec madame Miraculeux Bourgeois dont il devient 4 ème adjoint, respon- sable du service de l’urbanisme, durant sept ans. Il a été fortement apprécié, dans ses deux domaines d’activité, professionnelle et poli- tique. Grâce à son soutien, le dos- sier que nous avions présenté pour honorer la mémoire de monsieur Ernest Coudoux, emblématique Communiste et ancien directeur d’école, a été retenu : La «Place Ernest Coudoux» peut être identi- fiée par les Capesterriens et les tou- ristes, à l’entrée de Capesterre. En 2020, peut-on encore compter sur une telle solidarité familiale ?