Hommage à Fred Hampton, Afro-américain militant politique, dirigeant du Black Panther Party, assassiné il y a 51 ans par la police

Fred Hampton a fait partie de cette nouvelle génération de jeunes militants noirs, comme Bobby Seale, Huey P.Newton, Eldridge Clever, Katherine Cleaver, Angela Davis etc., tous membres fondateurs du Black Panther Party (BPP) et inspirés des thèses de Frantz Fanon, de Che Guevara et de Mao qui, après les assassinats de Martin Luther King en 1968 et de Malcolm X, sont apparus sur la scène politique durant les années 1965-1973.

C ette nouvelle génération a rejeté le pacifisme et le léga- lisme du mouvement des droits civiques pour s’inscrire dans une stratégie de lutte qui n’excluait pas le recours à la violence, voire même à la lutte armée. Ils se sont souvent posés la question «Com- ment peut-on rester non violent face aux crimes du ku klux klan (KKK) ?».

Katheleen Cleaver dira plus tard «Le monde colonial dont parlait Fanon, manifeste une ressemblance parfaite avec lemonde vécu par les noirs amé- ricains». Les violences policières et les crimes racistes qui touchent les Afro-américains et les manifesta- tions qui se déroulent tant sur le sol américain qu’au niveau mondial font réapparaître l’héritage idéologique du Black Panther Party. Après Bobby Seale, Huey P.Newton, George Jackson, Eldridge Cleaver, Angela Davis, une autre figure mar- quante du BPP : Fred Hampton.

FRED HAMPTON 30 août 1948 - 4 décembre 1969

«Être noir et conscient en Amérique, c’est être dans un état constant de rage».James Baldwin

Né le 30 août 1948 à Summit (Illinois) d’une famille originaire de la Louisiane, venant de la grande migration d’Afro-étasuniens vers le Nord, fuyant la terreur des groupes racistes sudistes, Hampton termine avec brio ses études secondaires en 1966 et s’inscrit au collège Triton avec l’intention de devenir avocat.

Devenu membre actif du NAACP*, organisation luttant pour les droits civiques des Noirs, doué d’un talent naturel de leadership, il mène avec succès un combat pour l’implanta- tion des lieux de loisir et pour l’amé- lioration des services éducatifs dans les quartiers noirs pauvres.

Cependant, à la même époque, il fut attiré par le Black Panther Party, qui mettait de l’avant l’autonomie de la lutte des noirs. En 1968, Hampton et ses camarades réussissent à effec- tuer des réalisations importantes. L’une des plus significatives est sans doute le développement d’une conscience de classe parmi les gangs de rue et la nécessité de développer une alliance multiraciale.

Grâce à ses talents d’organisateur, ses dons oratoires et son cha- risme, Hampton occupe rapide- ment une place importante au sein de l’organisation. Devenu chef de la section de Chicago, il organise des rencontres hebdo- madaires, travaille en étroite colla- boration avec la clinique populaire locale du parti, dispense des cours d’éducation politique à six heures tous les matins, lance un projet de surveillance communautaire de la police. Il joue également un rôle déterminant dans le programme de petit-déjeuner gratuit du parti.

Alors que la direction nationale du Black Panther commençait à être décimée par le programme du Cointelpro (programme illégal d’in- filtration du FBI), la prééminence de Hampton dans la hiérarchie natio- nale du parti a augmenté rapide- ment et considérablement. En fait, il serait nommé chef de cabinet du Comité central du parti s’il n’avait pas été tué.

Fred Hampton fut assassiné dans son appartement pendant son sommeil lors d’un assaut conçu grâce aux renseignements fournis par un agent infiltré, William O’Neil, qui avait réussi à se faire nommer garde du corps de Hampton. Avec lui meurt également Mark Clark un autre dirigeant du parti de l’Illinois. Les survivants de l’assaut (dont la compagne d’Hampton enceinte de huit mois) furent tous inculpés de «tentative de meurtre» sur les policiers, bien qu’aucune balle n’ait été tirée.

À propos de l’assassinat de Fred Hampton, Mumia Abu-Jamal écrit :«Les meurtres sur Monroe Street étaient une action conjointe du FBI et de la police de Chicago. Ils parle- ront plus tard de cette opération comme étant un ‘succès’, car aboutissant à l’extinction d’une des lumières les plus brillantes du Black Panther Party. Depuis lors, pas un agent de l’Etat ou fédéral n’a été une seconde en prison pour les meur- tres prémédités et préparés de Hampton et Clark. En fait, les seules personnes arrêtées, alors et depuis lors, sont des Panthers. Présumées coupables de survie !».

Les survivants obtinrent réparation en 1982, un juge fédéral ayant jugé qu’il s’agissait d’une «conspiration pour exclure de leurs droits civiques les Black Panthers».

Décédé à 21 ans, Fred Hampton est sans aucun doute le symbole et la figure emblématique d’une jeu- nesse révolutionnaire luttant pour les droits civiques des noirs et la jus- tice sociale. Honneur et respect !

Source : Alter.Quebec Contribution Christian Nirelep * NAACP : Association for the advancement of colored people Association pour la promotion des gens de couleurs