An nou ba Gwadloup on dòt dirèksyon, on dòt balan !

En ce moment la Guadeloupe subit de plein fouet les multiples conséquences de la crise sani- taire actuelle qui s’exerce sur un terrain déjà fragilisé par la ges- tion hasardeuse de ses potentia- lités et l’incurie qui affecte ses secteurs vitaux. Que penser alors de cette situation et surtout que faire pour tenter d’y remédier ?

En termes de recherche de solutions, on note ça et là quelques initiatives personnelles intéressantes qui cher- chent à contourner l’obstacle. C’est déjà là, le signe qu’il y a des Guade- loupéens qui se battent pour vivre.

Mais, globalement, on compte beau- coup sur les mesures annoncées par l’Etat, même si on se rend compte que l’écart entre les promesses et leur réalisation se consolide.

Les élus s’évertuent à trouver des aides pour répondre aux demandes de la population et s’efforcent de rassurer, même au prix de nom- breux mensonges.

On entend affirmer sur les ondes par des fonctionnaires en responsa- bilité que «tout va bien» «nous avons une rentrée des classes conforme au protocole de l’Etat». Mais, les représentants syndicaux, ceux des parents d’élèves ne sont pas de cet avis. Ils cherchent à lever le voile pudique mis sur le secteur de l’éducation.

Toutefois, on ne perçoit pas dans le pays une volonté de remise en cause de la situation globale, alors que la crise sanitaire qui sévit impose à chacun de nous un ques- tionnement concernant nous- mêmes, nos habitudes, nos pra- tiques, nos croyances, les résolu- tions que nous devrions prendre pour nous-mêmes.

FAIRE FACE À NOS PEURS, NOS CRAINTES, NOS ANGOISSES, NOS IDÉES REÇUES, NOS AGIS- SEMENTS…

Nous devons chercher à com- prendre les raisons de cette situation qui nous oppresse, en partant d’abord de nous- mêmes. Nous devons avoir la volonté de trouver d’abord en nous l’énergie nécessaire pour faire autrement. On doit se don- ner par exemple : Pourquoi refu- ser la difficulté, l’échange, le dia- logue, dans toute oeuvre éduca- tive ou d’apprentissage, ou dans la vie de couple, pour prioriser la violence, la force brutale, le renoncement ?

Pourquoi cataloguer définitive- ment notre jeunesse, nos propres enfants, de drogués, de délin- quants, d’incapables, de fainéants, et de conclure : «que nous sommes foutus», «que nous ne pourrons rien changer dans ce pays» ?

Pourquoi accepter comme incon- tournable, voire indépassable, que nos enfants soient obligés de quit- ter le pays pour se construire un avenir acceptable à nos yeux, alors que notre Guadeloupe se dépeuple, vieillit, faute d’avoir des naissances pour contrebalancer le mouvement naturel de la population ?

Pourquoi sommes-nous aussi prompts aux lamentations, à la rési- gnation et à la violence ? N’y a-t-il pas d’autres façons de faire face aux difficultés ? Posons-nous la ques- tion et réfléchissons aux réponses !

AGIR D’ABORD SUR NOTRE MENTAL

• Vaincre notre peur de perdre ce que nous croyons avoir acquis.

• Oser entreprendre, sans vouloir vite gagner de l’argent, trop sou- vent notre principal objectif.

• Cultiver une pensée solidaire, croire en la force des mains unies.

• Elever nos enfants dans l’amour de leur pays, de leur prochain, dans le respect de l’autre, et dans l’exi- gence de se faire respecter.

• Ne pas avoir peur de faire l’in- ventaire de nos forces, de nos faiblesses, de nos erreurs, de nos échecs.

• Apprendre à nous connaître réel- lement, avoir confiance en nous, et à nous aimer.

• Eviter de toujours attribuer aux autres les raisons de ce qui n’a pas marché, les chercher d’abord dans nos propres agissements et avec la ferme volonté de les vaincre.

LA GUADELOUPE NE SE TRANSFORMERA PAS COMME PAR MAGIE OU GRÂCE AUX INCANTATIONS

Ce sont les Guadeloupéens qui doi- vent s’en charger, courageusement, patiemment et avec la rage de vain- cre chevillée au corps.

C’est à cette condition que nous arriverons à lui donner une direc- tion conforme à nos attentes et lui inculquer un «balan»répondant aux nécessités du moment.

I L S’AGIT BIEN DE DIRECTION DIFFÉRENTE ET DE «BALAN» POU TWOTA PA MARÉ NOU !

Pourquoi donc continuer par n os importations massives à créer du travail hors de chez nous, alors que près de 60% de n os jeunes sont au chîomage ?

Comment accepter plus longtemps une telle situation quand nous savons que «l’oisiveté est mère de tous les vices ?»C’est une violence «froide» sur nos enfants dont on ne parle pas dans les médias, mais qui ne peut nous laisser de marbre.

Comment continuer à nous illu- sionner sur nos richesses, quand la situation économique du pays n’a cessé de se dégrader depuis plus de 60 ans ?

Comment ne pas attiser le désir, hors de portée de beaucoup, et éviter que certains se sentant exclus, s’organisent pour pren- dre leur part, dans cette société de consommation où les biens s’exposent à la vue de tous, et où la publicité est envahissante ?

Comment rester sourd et aveugle à ce déferlement d’actions violentes visant des symboles jusqu’ici hono- rés ou tolérés par la population ?

La crise sanitaire est venue met- tre le fer dans la plaie. Mais en même temps elle nous aide à voir que nous nous engageons toujours plus dans l’impasse.

IL FAUT SE RESSAISIR, LE TEMPS PRESSE ! ARRÊTONS DE POSER «CAUTÈRES SUR JAMBES DE BOIS» !

Des documents existent qui livrent des réflexions approfon- dies sur ce que nous pourrions faire pour transformer nos réali- tés. Ils peuvent servir de base à une réflexion collective aujour- d’hui, pour se fixer un cap.

Cependant, quel que pourrait être le succès de ces débats, nous ne pourrons jamais réussir, si notre mental n’est pas prêt à four- nir les efforts que réclame un changement de direction.

C’est donc à cette transformation de notre esprit que nous devons parvenir pour faire émerger les contours de cette Guadeloupe, qui offrira le meilleur possible, à ses enfants. Alòs, an nou mété pié an kalpié pou ba Gwadloup on dòt direksyon, on dòt balan !