Election Miss Guadeloupe 2020 : Disqualification d"une candidate

A quelques heures de sa partici- pation au concours traditionnel «Miss Guadeloupe 2020 pour Miss France 2021», devant avoir lieu le vendredi 21 août 2020, comme une pierre lui tombant sur la tête, Anaëlle Guimbi. Jeune Sainte-Rosiennee de 20 ans, apprenait sa disqua- lification, après avoir suivi toutes les préparations pour ce concours et espéré une éven- tuelle élection tant souhaitée. En cause, des photos jugées non conformes au règlement du concours, dans le cadre de la campagne Octobre Rose de lutte contre le cancer du sein.

La nouvelle a fait l’effet d’une véritable bombe en Guadeloupe et plus particulièrement chez les passion- nés de cette manifestation tradi- tionnelle, d’autant plus qu’elle sem- blait se placer en position n°1 pour cette belle aventure.

Il convient de souligner, avant tout, le courage, la maturité et le sens de la responsabilité de cette candidate qui, le temps d’une nuit de recul, s’est exprimée, entre autres décla- rations, en ces termes, après avoir publié elle-même sur les réseaux sociaux les photos incriminées :«Les règles sont les règles et malheu- reusement je ne les ai pas respectées. J"en tire les conséquences, c"est tout». «Les règles sont ce qu’elles sont, je m’incline mais je continuerai tou- jours à défendre les valeurs qui me sont chères comme ce combat contre le cancer du sein».

Quelle belle déclaration d’humi- lité, de responsabilité, de détermi- nation, qu’on aimerait entendre beaucoup plus souvent de la bouche, non seulement de jeunes mais aussi des plus âgés ayant transgressé les règles du «jeu» ou de la citoyenneté ! C’est un bel exemple donné à la jeunesse, sur- tout dans les milieux éducatifs, quand on sait toutes les difficul- tés que l’on déplore pour faire reconnaître et admettre l’auto- rité. Elle mérite nos chaleu- reuses félicitations.

En clair, son geste n’était pas de la «désobéissance civile». Elle estime avoir agi tout simplement parce qu’elle n’a jamais pensé, un seul ins- tant, que son engagement pour une telle cause humaine allait com- promettre cette belle aventure.

La consternation s’est répandue sur les réseaux sociaux et dans les médias. La déléguée régionale du «Comité Miss Guadeloupe 2020 pour Miss France 2021», Sandra Bisson, a fait part de sa déception également mais aussi de l’obliga- tion d’appliquer le règlement.

La présidente de l’association Miss France, Sylvie Tellier a déclaré, notamment, ne pas «pouvoir faire d’exception à la règle, même si ces photos n’ont rien d’obscène ou d’éro- tique», en précisant son désir«d’éviter toute procédure à l"encon- tre de l"association de Guadeloupe». D’autres personnalités guadelou- péennes, par contre, ont tenu à fustiger et condamner cette déci- sion de disqualification. Il semblerait que l"association projet Amazones qui avait piloté cette campagne contre le cancer, aurait adressé au comité Miss France une lettre par laquelle elle déclarait sa déception et sa surprise, en demandant l’an- nulation de cette disqualification.

La sénatrice Victoire Jasmin, membre de la délégation des droits aux femmes et marraine de l’association Amazones de Gua- deloupe qui accompagne des femmes atteintes du cancer du sein, a déclaré, dans un très long communiqué, qu’elle est «cho- quée» par cette décision «inco- hérente» en ajoutant : «Là, il ne s’agit pas de montrer sa nudité juste pour montrer sa nudité mais pour sensibiliser sur une cause, sur un problème de santé publique». Elle a fait part en outre de son intention de saisir le ministère de la Culture, ainsi que le ministère de la Santé sur ce sujet, afin que des modifications soient portées à ce règlement du concours.

Il faut le reconnaître que ces pho- tos d’Anaëlle Guimbi, torse nu mais recouvert de roses et de peinture, au style body painting, n’avaient rien de choquant.