Je ne veux pas aller à leur école…

C’est la rentrée, et pour ne rien changer, il pleut ! A l’époque c’était octobre et les moins jeunes ont en mémoire ces journées de «lapli» qui caractéri- saient cette période. Mais aujourd’hui, les préoccupations sont bien loin de ces contin- gences météorologiques tant la situation est critique.

E videmment, il est difficile d’enlever la vedette à la crise sanitaire et sociale engendrée par la pandémie et pour laquelle, force est de constater que le flou le plus total règne quant aux tenta- tives de gestion orchestrées par les uns et les autres se donnant en ges- ticulations frisant parfois le ridicule tant les contradictions et l’ineffica- cité transcendent.

De même, combien il serait indé- cent d’occulter les énormes difficul- tés que rencontrent les parents pour répondre aux exigences du coût exorbitant d’une rentrée. Et que dire du personnel enseignant, au premier rang sur le front, victime engluée dans cette situation com- plexe et inextricable.

Voilà qui pourrait décrire la rentrée en Guadeloupe agrémentée à la sauce Covid-19. Mais, cet exercice maintes et maintes fois répété ne doit point nous calfeutrer dans un conformisme sclérosant occultant l’essentiel de la réalité du monde de l’école en Guadeloupe.

Il est clair et ce n’est un secret pour personne que le système éducatif qui régit les pratiques, méthodes et stratégies éduca- tives n’est en rien adapté aux réa- lités du pays

. Cette considération, sans occulter les efforts consé- quents produits par certains acteurs du monde éducatif gua- deloupéen, prétend poser la pro- blématique qui paraît essentielle, des objectifs et du rôle de l’école.

A cet effet, la logique nous impose de bien comprendre que l’éduca- tion, d’une manière générale, doit être au service du développement humain et social répondant bien sûr aux besoins de la société et de l’éco- nomie. Chaque nation élabore donc son propre système éducatif répon- dant non seulement aux exigences évoquées mais aux injonctions idéologiques de la pensée domi- nante. Vous aurez bien compris que les réformes, programmes et autres aménagements n’auront rien changé du dessein gravé voué à l’école, et ce ne sont point les «larges» libertés d’action circons- crites accordées aux enseignants qui pourraient contrevenir à la noble mission de l’institution.

Cette école est bien au service du néo-libéralisme doublé d’un fort coefficient colonial. Il est donc d’une impérieuse nécessité de déconstruire cette logique éduca- tive. Les programmes éducatifs organisés et conçus à partir d’une métropole ne peuvent avoir de liens avec les véritables aspirations éco- nomiques, sociales et culturelles de ses territoires lointains.

Il nous appartient de travailler à l’émergence de projections, à dégager des priorités pour créer des conditions d’un développe- ment durable compatible avec les aspirations réelles et concrètes de notre population.

Cette Guadeloupe nouvelle que nous appelons tous de nos voeux ne se construira pas à coup de slogans révolutionnaires encore moins par l’exacerbation de postures claniques sources de divisions nocives.

Dans ce domaine de l’éducation, la Guadeloupe possède des filles et des fils en droit de nous pro- poser l’alternative par un projet de système participant à la valo- risation de tous les talents de manière à assurer au plus grand nombre une formation de qua- lité nécessaire à l’exercice des droits et devoirs d’une citoyen- neté responsable. Il faut une politique éducative répondant à nos besoins d’émancipation dans tous les domaines.

En attendant, nos enfants iront à l’école vêtus de vêtements neufs certes munis de ce nouveau maté- riel aux odeurs caractéristiques mais… Je ne veux plus qu’ils aillent à cette école-là, Seigneur, faites je vous en prie, qu’ils n’y aillent plus.