L EPRIXD ’ UNEVIEHUMAINE

D’après un rapport de 2016, du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, en France, la valeur d’une vie est, est évaluée à 3 millions d’euros (Cf : «Eléments pour une révision de la valeur de la vie humaine»).

Ce chiffrage fut effectué pour la première fois en France, par l’éco- nomiste Marcel Boiteux. En 1994, un premier rapport officiel chiffre la vie à 550 000 euros. Les origines du calcul du prix de la vie humaine sont à rechercher au sein des services de l’armée de l’air américaine pendant la guerre froide, rapporte l’écono- miste Spencer Banzhaf («The Cold- War origins of the Value of Statistical Life», Journal of Economic Perspec- tive n° 28/4, 2014).

A la fin des années 1940, l’US Air Force cherche à maximiser les dom- mages infligés par ses raids aériens potentiels contre l’URSS. Elle s’adresse à un groupe de cher- cheurs de la RAND Corporation. Ceux-ci proposent de faire voler un grand nombre d’avions peu coû- teux pour leurrer les défenses aériennes soviétiques. Mécontents, les généraux de l’Air Force pointent alors que le coût de la vie des pilotes sacrifiés ne figurait même pas dans les calculs des scientifiques !

Cette réflexion n’est donc pas posée uniquement pour les débats philosophiques. Elle sert bien d’indi- cateur aux décideurs publiques sur les mesures et les applications mises en place par les autorités «éta- tiques», notamment Française, sur la perspicacité ou pas de telles ou telles mesures. Fixer un prix sur la vie permet alors d’estimer, économi- quement, les gains qui seraient tirés de cette décision, par rapport aux pertes qu’elle induit. Par exemple, en abaissant la vitesse à 30 km/h autour d’une école, on fait baisser le taux de mortalité mais on perd aussi du temps, et donc, de l’argent.

Pour déterminer le prix de la vie, deux méthodes :

- La première consiste à estimer la perte subie par la société à cause du décès d’un individu. Une fois mort, un individu ne travaille plus et ne consomme plus. Il ne crée donc plus de richesses pour la société.

- Deuxième option, plus utilisée car jugée moins mercantile : partir de la somme que les citoyens sont prêts à payer pour réduire leur risque de décès. «Par exemple, une personne qui prend sa voiture tous les matins découvre qu’un airbag à 100 euros lui permettrait de réduire ses risques de mourir de 4 chances sur 100 000. Grâce à la formule, on estime que la vie de cet homme vaut 2,5 millions d’euros».

En Angleterre, en dessous d’un cer- tain ratio, les traitements ne sont pas remboursés. Le système de santé britannique utilise en fait un indicateur, le Qaly (pour «Quality adjusted Life Year»). Une année de vie en bonne santé correspond à un Qaly de 1, la mort, à un Qaly de 0. Les traitements sont ainsi notés entre 0 et 1. Et à chaque note correspondent des sommes de remboursement. A 0,5 par exemple, les autorités de santé autorisent un remboursement allant de 14 000 à 21 000 euros.

Aux yeux du Capitalisme, et de sa bureaucratie, la vie humaine aurait donc un prix, et c’est par rapport à ce «prix», cette variable quantita- tive que certaines décisions poli- tiques de haut lieu seraient déci- dées. On peut donc penser que la perte en coût de vie humaine ne serait pas suffisamment impor- tante pour ne pas investir dans les services publics de santé, d’éduca- tion, de logements, dans le secteur agricole, etc… au vu du désengage- ment et du désintéressement très important de l’Etat français dans ces besoins essentiels pour la vie.

1. Libération 2.Le QALY (de l’anglais quality-adjusted life year, «année de vie pondérée par la qualité») est un indicateur écono- mique visant à estimer la valeur de la vie. Le QALY peut être utilisé, en médecine, pour déterminer la valeur pécu- niaire d"une intervention ou d"un traitement. Une année en bonne santé correspond à un QALY de 1 ; une interven- tion causant la mort correspond à un QALY de 0 ; une année au cours de laquelle l"intervention thérapeutique permet de prolonger l"espérance de vie effective mais affecte les conditions de vie (par exemple, en évitant le décès au prix d"un handicap) sera comptée entre 0 et 1.