Pour une révolution mentale (2 è me partie et fin)

DÈS LORS QUE FAIRE POUREN SORTIR, DANS CE CONTEXTE DE DISPERSION DES FORCES RÉVOLUTIONNAIRES ?

Il est de la plus haute importance de situer notre stratégie de lutte en dehors des référents politiques structurels. Ex. : l’exercice démocra- tique classique, donc plus précisé- ment le débat politique escamoté ; c"est à dire les émissions télévisées à caractère sélectif qui se réduisent toujours à une mascarade ; puisque ne regroupant pas dans l"ensemble tous les courants d"opinion exis- tants, les élections qui sont le fruit d"une manipulation de la part des candidats ou des élus. Tous ces élé- ments-là prouvent que l"exercice démocratique tel qu"il est pratiqué, semble avoir un impact quasi imperceptible sur la vie civique au regard de son efficacité et de sa finalité. Le fait colonial n"a pas dis- paru de notre quotidien.

Nous n’entrevoyons donc d"issue, compte tenu des effets pervers du néo-colonialisme, que dans une révolution de type nouveau, pui- sant son fondement dans la société civile, de manière à mettre en branle la responsabilité collective, une révolution mentale, la forme de lutte la plus appropriée, la mieux adaptée nous semblet’il à la situa- tion actuelle. Le salut réside en effet essentielle- ment dans une transformation des mentalités. Il faut sortir des sentiers battus ; à savoir :

- Combattre l"individualisme qui a suppléé à la solidarité d"antan et que notre mode de consomma- tion a développé.

- Restreindre autant que faire se peut la satisfaction quantitative des besoins que motive la surcon- sommation induisant la débrouil- lardise, l"esclavage économique, le surendettement, les dépasse- ments bancaires, toutes voies pro- pres aux déviances, voire la délin- quance en col blanc, etc.

- Lutter contre l"incivisme généré par l"amélioration des conditions de vie, mais aussi et surtout par l"absence d"une appréhension concrète de l"éducation civique à l"école, phénomène générateur d"indiscipline et qui constitue un obstacle à l"auto-administration. En somme c"est la société d"abon- dance conjuguée à la notion d"Etat providence qui a fait dispa- raître chez nous l"esprit de créati- vité, la nécessité d"explorer nos potentialités. La ruse du colonia- lisme ayant insidieusement intro- duit dans notre société l"assistanat ; au point que certains d"entre nous, ont perdu le goût de l"effort.

DÉSALIÉNER L’HOMMEGUADELOUPÉEN DÉFIGURÉ PAR LA DÉPENDANCE

Chez nos politiques, le fait de ne pas se responsabiliser nous place dans le la position d"enfants gâtés, les amène à paniquer, tergiverser, devant l"éventualité d"une domici- liation du pouvoir, habitués que nous sommes à nous en remettre à la «Métropole» du soin de déci- der pour nous.

Dans cet ordre d"idées, l"agriculture se révèle comme étant l"une des conditions indispensables à la construction de la nation guadelou- péenne. Il s"agit de lui accorder la place qu"elle mérite dans notre éco- nomie en encourageant la produc- tion locale, en octroyant aux agri- culteurs des conditions de vie décentes se traduisant par un assouplissement des obligations fis- cales et sociales ; ceci dans le but de freiner la consommation des pro- duits importés, au bénéfice d"une utilisation optimale des produits du terroir : légumes, fruits, cultures vivrières riches en valeur nutritive, et par suite renforcer notre écono- mie. C’est un pas si infime soit-il vers l’auto- suffisance alimentaire.

Enfin, faut-il se pénétrer de cette évidence : les super, hyper-marchés que nous fréquentons en matière de prestige social si attractifs qu’ils soient n’en augmentent pas moins nos servitudes sociales.

Dans la dynamique du change- ment l’action associative pour suppléer à la défaillance, l’irres- ponsabilité des élus est loin d’être négligeable et doit se traduire par la multiplicité des associations.

Ainsi, le projet de sacrifice d’une portion du patrimoine foncier de Petit-Bourg au profit d’un terrain de golf, projet irréaliste s’il en fut, a été battu en brèche grâce au nombre et à l’action des associa- tions qui se sont mobilisées pour tenir en échec ce projet éminem- ment impopulaire.

Convenons que l’énumération des éléments constitutifs de notre immobilisme est loin d’être exhaustive.

Autant de petits riens pouvant désaliéner l’homme guadelou- péen défiguré par la dépendance politique, économique, spirituelle, culturelle, et le propulser sur le chemin de son identité, lui resti- tuer sa personnalité enfouie.