Annulation des élections de Capesterre de Marie-Galante Des leçons à tirer du rapport du tribunal administratif

Le tribunal administratif a pro- noncé l’annulation des élec- tions municipales et commu- nautaires de Capesterre de Marie-Galante, des 15 mars et 28 juin 2020. Certes, ce n’est pas la première fois que des élections sont annulées dans notre pays et ce ne sera peut- être pas la dernière fois. Le code électoral n’est pas à sous- estimer, encore moins à igno- rer. Trop souvent, l’homme, dans son quotidien même, a tendance à agir en disant par exemple : «sa pa fè ayen ; sa pa grav». En quoi faisant, inexora- blement, il se trouve victime de sa légèreté ou de celle d’autrui. C’est le cas en matière d’élec- tion qui nécessite différents intervenants pour le compte d’un candidat.

Le rapport du tribunal admi- nistratif de la Guade- loupe, sur l’annulation de ces élections, lu en audience publique du 24 septembre 2020, est fort édifiant.

En effet, à la suite de l’appel en annulation déposé par la candidate Betty Besry, tête de la liste «Pour notre nouvelle Capesterre», contre le candidat vainqueur, monsieur M. Jean-Claude Maes, tête de la liste proclamée victorieuse, «Réussir Capesterre ensemble», le tribunal administratif, dans son délibéré du 24 septembre 2020, à la suite de l’audience du 17 septembre 2020, a retenu de nombreux griefs avancés par la plaignante.

Ces irrégularités qui s’apparen- tent à des «fraudes», au dire de cette dernière, mais contestées par son opposant qui a estimé que «l’image des Marie-Galan- tais et notamment de grandes familles (qui ont été citées) a été gravement ternie», ont plaidé sérieusement pour l’annulation.

On s’y attendait, à la suite de l’intervention du rapporteur public du tribunal.

C’est vrai, la Guadeloupe a été, pen- dant longtemps, victime de la fraude électorale, dans pratique- ment toutes les communes, y com- pris à Marie-Galante et certaines sont en mémoire, caractérisées par leur évidence, leur violence, les dis- positions mises en place pour les commettre, parfois même avec la caution de la puissance publique.

Des camarades communistes, aujourd’hui disparus, pourraient en dire long : Hégésippe Ibéné, Paul Lacavé, Rosan Girard, Gerty Archimède, Guy Daninthe, Ernest Coudoux et tant d’autres ! Outre la lutte menée durant des décennies pour l’amélioration de la situation des Guadelou-péens et notamment des travailleurs, celle contre la fraude électorale a été l’une des plus héroïques du Parti Communiste Guadelou-péen. Il peut s’enorgueil- lir d’avoir contribué à clarifier le déroulement des opérations élec- torales car, des communes, des personnalités politiques et des hauts fonctionnaires, se sont illus- trés dans cette scandaleuse pra- tique.

Dans le rapport du tribunal adminis- tratif d’annulation des élections de Capesterre de Marie-Galante, il est question de tout :

- doute sur les signatures de votants

- différences significatives entre des signatures du 1 er tour et du 2 ème tour sur les listes d’émargement

- déclarations diffamantes de candidats peu avant la fin de la campagne électorale, mettant le candidat incriminé dans l’im- possibilité de répondre

- non-respect les dispositions du code électoral à partir de la veille du scrutin à zéro heure

- accusation d’avoir été «l’es- pionne du préfet», durant la période de confinement - non-respect des dispositions du code électoral durant les six mois précédant le premier jour du mois du scrutin

- falsification des résultats dans cer- tains bureaux de vote

- rectifications de procès-verbaux avec du «blanc» qui «n’offrent pas de garantie d’authenticité».

A la lecture de ce rapport, on ne peut qu’appeler à la vigilance tous ceux qui ambitionnent de candida- ter sur des postes électifs, pour que les élections soient, comme on dit : «nettes et sans bavures». Il convien- drait même de prendre des disposi- tions préalables pour sensibiliser tous ceux qui interviennent dans les opérations électorales : personnels administratifs des mairies, volon- taires pour être assesseurs dans les bureaux de vote, délégués des can- didats, les candidats eux-mêmes.

A l’instar du Parti Communiste Gua-deloupéen, les organisations politiques devraient penser à la formation de leurs militants en ce sens. Quant aux électeurs, ils doivent être conscients de l’im- portance de leur signature sur un document quel qu’il soit dans la vie courante. C’est une trace qu’il doit être possible d’authen- tifier à tout moment et qui ne doit jamais être fantaisiste ou en fonc- tion de l’humeur.

En 2020, si on peut encore parler d’illettrisme, l’analphabétisme qui met dans l’incapacité de signer en Guadeloupe est pratiquement d’une autre époque. Il n’est donc pas normal que certaines de ces irrégularités soient constatées au niveau d’un tribunal administratif.

Le tribunal a notifié que ces irrégu- larités ne sont pas de nature à suspendre le mandat des conseil- lers communaux et communau- taires, comme l’avait demandé madame Betty Besry.Le maire Jean-Claude Maes a déclaré, le lundi 28 septembre 2020, sur une chaîne de radio, son intention de se pouvoir au Conseil d’Etat.