FAILLITES !

D epuis la lettre du 7 octobre 2020 signée du ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, annonçant officiellement la dissolution du Siaeag, un silence assourdissant s’est emparé de tous ces acteurs politiques qui nous assurent depuis des années qu’ils travaillent pour la Guadeloupe.

Dans le cas d’espèce, ils ont proclamé urbi et orbi que leur engagement suprême était la mise en place d’une nouvelle gouvernance de l’eau pour faire couler le précieux liquide dans les robinets de tous les foyers guadeloupéens.

Ils sont atones, ils rasent les murs, parce que le ministre français, bien rencardé par son directeur de cabinet, l’ex-préfet Philippe Gustin qui a étudié leur fonctionnement pendant trois ans, les a confondus de mensonges, d’insuffisance et de «madrague» quand il affirme : «L’Etat n’a eu de cesse de rechercher avec les col- lectivités territoriales, les usagers et l’ensemble des parties pre- nantes une voie pour remédier à cette situation inacceptable pour les citoyens et les entreprises de l’archipel. Le préfet de la Guadeloupe vous a écrit, le 30 octobre 2019, pour vous demander de prendre les mesures de redressement nécessaires, faute des- quelles il faudrait envisager la dissolution du Siaeag. Force est de constater que tel n’a pas été le cas et que la carence du syndicat est devenue patente».

Les élus, en charge de la gestion de l’eau, savaient depuis un an, ce qui allait se passer et comment ça allait se passer. Pourquoi n’ont-ils rien dit, ni rien fait pour sortir avec une solution plus honorable, moins humiliante de cette situation ?

En vérité, ils avaient déjà fait le choix de liquider le Siaeag pour échapper, pensent-ils à tort, à leur responsabilité, et certains voyaient là, la solution rêvée pour ériger des «baron- nies de l’eau» sur les ruines du Siaeag.

Par manque de courage, et pour préserver leur «capital élec- toral», ils se sont défaussés sur l’Etat pour faire le job à leur place, consacrant ainsi leur faillite morale et leur incapacité à exercer des responsabilités.

C’est ce qu’on appelle dans la langue des Français, «donner le bâton pour se faire battre». Par leur incurie, ceux à qui les élec- teurs guadeloupéens ont donné mandat pour régler, entre autres problèmes récurrents, celui de l’eau, ont passé la main à l’Etat. Le contenu et le ton de la lettre qui annonce le décret qui sera signé et publié le 1er décembre indiquent que cette main sera lourde, sans retenue, sans limite.

Nous vivons avec cet acte de décès du Siaeag, l’expression d’une triple faillite : - Celle des hommes au pouvoir - Celle de la décentralisation - Celle d’un système politique

Il y a donc des pages à tourner. Mais ça, c’est l’affaire des citoyens engagés et responsables.