Adresse au peuple guadeloupéen de la Coordination pour la responsabilité guadeloupéenne et l’émancipation

La Coordination pour la Respon- sabilité Guadeloupéenne et l’Eman- cipation (CRGE) n’est pas un nou- veau parti politique mais une démarche qui réunit des organisa- tions guadeloupéennes, partis, mouvements et associations qui ont entrepris d’agir ensemble pour ouvrir une perspective au pays.

UN PROCESSUS DE MORT LENTE

La Guadeloupe et les Guadelou- péens subissent de plein fouet un processus de mort lente qui ne dit pas son nom.

Nous sommes invités à regarder ail- leurs par l’Etat français qui ne se préoccupe que de ses intérêts chez nous. Nous sommes les premiers à prendre en compte les probléma- tiques réelles, graves et préoccu- pantes, telles l’eau, le chlordécone, les sargasses, le covid, mais nous nous inquiétons également de la disparition, pan par pan de notre espace vital, notre terre. Nous nous inquiétons aussi de la diminution continue de notre population qui à cesse de croître dans l’indifférence générale il y a moins de 10 ans, par le biais d’un exode organisé de notre jeunesse présente comme une fatalité, un passage obligé et normal pour accéder au savoir ou à l’emploi.

UNE NOUVELLE COLONISATION SILENCIEUSE

Et pendant ce temps, les Français et autres Européens de plus en pus nombreux s’installent en Guadeloupe, trouvent du travail là où les Guadeloupéens n’en trou- vent pas, achètent terres, maisons et entreprises, souvent à distance, par le biais de réseaux organisés, avant même d’avoir foulé le sol de notre pays.

Chacun sait désormais officielle- ment que la première destination choisie par les Français qui veulent s’installer à l’étranger est la Guadeloupe, en dépit des atteintes faites à notre environnement et à notre cadre de vie.

Cette nouvelle colonisation silen- cieuse, insidieuse et auto-entrete- nue est visible si on parcourt cer- taines parties de notre territoire (certains lotissements sont de moins en moins accessibles, voire interdits aux Guadeloupéens) et si on regarde la circulation dans les zones d’activités. Ce phénomène ne touche pas que la Guadeloupe, mais également le pays voisin la Martinique et les autres colonies françaises où le génocide par substi- tution qu’avait prédit Aimé Césaire bat son plein. Plus besoin d’un plan Messmer -alors Premier ministre- qui en 1972 organisait systémati- quement l’arrivée de Français en Kanaky avec comme objectif de supplanter à terme, la population originelle et faire de la Nouvelle- Calédonie la nouvelle Suisse de la France dans le Pacifique.

Au motif que nous sommes sous administration française et euro- péenne, aucun élu en Guadeloupe ne se soucie de ces phénomènes mortifères.

UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE ARTIFICIELLE

Que dire de notre économie, qui en dépit du déclin continuel des productions de sucre et de bananes, connait une croissance artificielle qui n’engendre pas le développement, mais qui enrichit par une consommation débridée de grands groupes d’importateurs qui ont verrouillé systématique- ment toute l’économie en s’ap- propriant et en contrôlant tous les secteurs générant du profit ? A la direction de ces groupes, on retrouve depuis des décennies, voire depuis des siècles, de grandes familles békés qui n’en- tendent pas renoncer à leurs privi- lèges datant pour certains de la période esclavagiste.

Conscients que notre peuple et notre pays étaient menacés dans leur existence même, que l’identité et la citoyenneté guadeloupéennes risquaient d’être effacées à court terme, des organisations patrio- tiques nourries du sens du pays ont décidé de se rassembler au sein d’une coordination dont la voca- tion est non seulement de dénon- cer ce qui se trame et qui se passe dans notre pays, mais d’agir concrètement pour enrayer cet engrenage mortel.

Nous n’allons pas attendre le grand soir de la décolonisation, car le temps ne joue pas en notre faveur. Il nous faut élaborer notre propre vision pour notre pays.

APPEL À LA VIGILANCE, À LA MOBILISATION ET AU RASSEMBLEMENT

Nous appelons, pour ce faire, tous ceux qui font déjà avancer le pays quotidiennement aux plans écono- mique, social, écologique, sportif et culturel, à la vigilance, à la mobilisa- tion et au rassemblement.

La coordination s’engage, dans les semaines à venir, à rencontrer les forces vives du pays qui se sentent souvent isolées dans leur combat, afin de co-construire un projet global de développement en mutualisant nos activités, savoirs et compétences, sans aucune volonté de récupération des efforts et des initiatives.

Nous devons penser le pays dans toutes ses dimensions, dans son contexte caribéen, américain et international, et trouver ensemble le chemin de notre émancipation. C’est là notre devoir à tous !

Nous sommes convaincus que ce chemin existe, dès lors qu’existe la volonté.

Gwadloup 05/10/2020

COORDINATION POUR LA RESPONSABILITE GUADELOU- PEENNE ET L’EMANCIPATION FKNG : Nita Brochant KSG : René Beauchamp PCG : Félix Flémin