L’ARS Guadeloupe et le recrutement de médecins étrangers : Le maskopermanent !

Il est un fait établi et incontesta- ble que la Guadeloupe connait, et c’est aussi le cas en France, un manque important de méde- cins, généralistes et spécialistes. On parle même de désert médi- cal dans certaines régions. L’épidémie du Covid qui a suivi l’incendie du CHUG a fait écla- ter au grand jour la crise qui existe depuis plusieurs années dans le fonctionnement de cet hôpital, en termes d’insuffisance de personnel de santé (méde- cins, infirmiers…), de matériels et de médicaments.

D ans un souci de limiter la catastrophe annoncée, le gouvernement a pris un décret le 31 mars 2020, autorisant les Agences régionales de santé (ARS) à recruter des médecins étrangers en renforts aux médecins du territoire débordés et pour sup- pléer au manque criant de spécia- listes dans certains domaines.

Depuis cette date, et alors que la situation n’a cessé de se dégrader, la directrice de l’ARS Guadeloupe s’applique à détourner et à obs- curcir cette possibilité de donner des moyens supplémentaires au système de santé pour sauver les vies en Guadeloupe.

Elle a persisté dans sa volonté de contourner l’exigence de recruter des médecins étrangers.

Alors que l’on sait que les équipes de la réserve sanitaire et les médecins militaires ne sont pas la réponse aux problèmes posés, notamment dans nos hôpitaux.

Le directeur du CHUG, Gérard Cotellon, voyant venir le cata- clysme, est sorti de sa réserve en interpellant publiquement les auto- rités de tutelle dans ces termes sans équivoques : «Le CHUG, pour conti- nuer à assurer la prise encharge de manière sécurisée des malades, a un besoin important en personnels, médecins et infirmiers anesthésistes, réanimateurs et urgentistes».

Nouvelles-Etincelles a relayé, dans son édition du 17 septembre, cette interpellation du directeur du CHUG en remettant sur la table la proposition de faire venir des médecins cubains en Guadeloupe, comme l’ont fait avec réussite les autorités martiniquaises. Le séna- teur Dominique Théophile a, de son côté, saisi une fois de plus le ministre de la Santé pour que suite soit donnée à ce décret ouvrant la voie à la venue de médecins étrangers, notamment cubains en Guadeloupe.

Les oreilles de Madame Valérie Denux ont-elles sifflées ou ont-elles été tirées ? Certainement, mais cela n’a pas amélioré son entendement pour autant. Car, dans un commu- niqué qu’elle a rendu public le 5 octobre 2020, elle annonce l’ouver- ture par le ministre des Solidarités et de la Santé (arrêté du 18/09/2020) de 174 postes desti- nés au recrutement dans les struc- tures de santé publique et privées de la Guadeloupe et des îles du Nord, de professionnels de santé hors conditions de nationalité et de diplôme normalement applicables.

Si on s’en tient à l’énoncé de cet arrêté, on pourrait dire, enfin la demande a été bien reçue. Mais, le diable se cache toujours dans le détail. En l’occurrence, il faut bien lire la déclinaison du communiqué de la directrice de l’ARS, pour com- prendre qu’elle fait dans le masko. Elle maintient sa ligne idéologique et de classe que nous avons dénon- cée dans l’article du 17 septembre. Elle se positionne clairement dans le cadre de la médecine individuelle selon le modèle capitaliste de l’offre et de la demande. Elle récuse toute forme d’organisation de santé publique selon le principe social de la préméditation, de la planification, et de la collégialité.

En lançant un appel public à can- didature individuelle pour les 174 postes ouverts, elle livre nos ser- vices de santé à l’appétit de tous les médecins mercenaires et affai- ristes, aventuriers du grand large, du soleil, du sable blanc et des cocotiers, bien plus qu’à des mis- sionnaires en santé humaine.

Sans le dire, en faisant le choix de recruter sur dossier individuel, elle élimine les médecins cubains (nous ne parlons pas ici de déserteurs), mais de ceux qui ont été formés par l’Etat cubain pour soigner et sauver les hommes, pas pour s’enrichir.

Nous parlons ici de ces spécialistes cubains de la santé qui ont fait le choix de s’engager dans les bri- gades médicales cubaines qui interviennent partout dans le monde, missionnées par le gou- vernement cubain, pour soigner et sauver des vies humaines.

Nous invitons, une fois de plus, la directrice de l’ARS, elle-même, médecin militaire, aujourd’hui, mis- sionnée par l’Etat pour la politique de santé publique en Guadeloupe, de ne pas ignorer la voie cubaine.

Elle doit s’affranchir de ce lobby de médecins libéraux guadelou- péens et de ces médecins plan- qués au CHUG qui craignent la confrontation avec la médecine cubaine et qui pensent aussi, trop souvent, à leur part de gâteaux.

C’est la santé des Guadeloupéens qui doit être la priorité dans les hôpi- taux et sur tout le territoire.