Chine : La situation dans la région autonome ouïghoure

Située dans le Nord-Oouest de la Chine, dans la zone géogra- phique appelée le Xin Kiang, la région autonome ouïghoure est depuis quelques temps sous les feux de l’actualité médiatique en Occident. Le respect des droits de l’homme est en cause. Qu’en est-il exactement ? On est contraint de poser la question en ces termes car, toutes les informations dont nous disposons dans les médias occidentaux paraissent contre- dire celles que donne le Gouvernement chinois.

UNE CAMPAGNE DE DÉNONCIA- TION OU DE DÉSINFORMATION ?

Il y a dans cette campagne média- tique un air de déjà-vu pour qui a connu celles qui étaient violem- ment lancées contre l’URSS, en Europe ou aux USA, du temps de la guerre froide. Toutefois, si les sources se contredisent quelque- fois, elles semblent décrire une situation de répression (ou de contrôle) très importante.

Les Ouïghours seraient en butte à une véritable politique de surveil- lance totale, physique, sociale et numérique, avec une omniprésence des forces de l’ordre ou d’auxiliaires : un policier dans chaque arrêt de bus, disent certaines sources.

Par ailleurs, la construction d’éta- blissements de détention, camp d’endoctrinement pour les uns, camp de concentration pour les autres, semble avérée mais, les chif- fres diffèrent totalement d’une source à l’autre : un million de déte- nus pour les uns (sur 10 millions de Ouïghours dans la région), mais cinq cent mille pour les autres. Ces chiffres sont eux-mêmes à interpré- ter comme ceux des détenus per- manents, pour les uns, ou comme ceux des détenus passés par la détention, pour les autres. On navigue, on le voit, entre des extrêmes. Le sommet paraît être atteint lorsque les chiffres de la baisse de la natalité sont produits, baisse de 60% pour les uns, géno- cide pour les autres.

Il n’y a pas de possibilité de se faire une opinion définitive de la réa- lité, car les autorités chinoises n’ont pas autorisé de visite étran- gère (comme celle de Michèle Bachelet par exemple, déléguée aux droits de l’homme de l’ONU), et les rapports publics qu’elles ont diffusés, en 2018, nient toute forme de limitation des droits de l"homme. Alors, s’agirait-il d’une campagne de dénonciation ou de désinformation ?

UN ENJEU GÉOPOLITIQUE

Quelle que soit la réalité de la situa- tion, il est cependant nécessaire de remettre brièvement en perspec- tive l’histoire récente pour com- prendre certaines données. Il faut, en effet, rappeler que les sépara- tistes ouïghours ont commis, il y a peu, de violents attentats, comme celui de la gare de Kunming en 2014 qui fit des dizaines de morts. Il y a dans la région un mouvement ouïghour d’inspiration salafiste, qui est né à la fin des années 1990 en Afghanistan et est affilié à Al Qaïda.

On considère que plusieurs milliers de ses membres sont actuellement en Syrie. Dans ces conditions, les informations transmises par les ONG sur le non-respect de la pra- tique religieuse des Ouïghours (qui sont musulmans sunnites) tradui- sent une volonté des autorités chi- noises de lutter contre la radicalisa- tion musulmane. Mais, là aussi, on ne peut faire la part de l’information et de la propagande sur la nature exacte de ce qui est imposé aux musulmans ouïghours sur le plan de la pratique religieuse. Quoiqu’il en soit, la présence d’une mouvance salafiste violente, opérant dans cette région à partir de bases situées au Pakistan, a de quoi nourrir une vive inquiétude des gouvernants chinois. En effet le Xin Kiang, et sa capitale ouïghoure Urumqi, est un des lieux de passage de la future «Route de la soie», entreprise gigantesque intéressant des dizai- nes de pays, qui mettra en relation par la route et la voie ferrée Pékin, Istanbul, Moscou et Hambourg. L’instabilité de la région ouïghoure serait une catastrophe dans ces conditions. Ce qui laisse entrevoir un enjeu géopolitique

METTRE AU PREMIER PLAN LAGLASNOST, À L’INSTAR DE MIKHAIL GORBATCHEV

Dans la campagne actuelle de dénonciation de la situation faite aux Ouïghours, on ne sera pas étonné de retrouver derrière, des organismes comme la NED (National endow- ment for democracy) fondée à l’époque par Reagan et qui finance, entre autres, un journal anticastriste en Floride, ou l’opposition vénézué- lienne. Là aussi, il s’agit de déjà-vu.

Les Communistes savent, d’expé- rience, ce que valent les soi-disant défenseurs des droits de l’homme qui ne regardent que d’un seul côté. Mais il s’agit aussi, pour les Communistes, de ne pas se laisser piéger par ces campagnes et de demander, eux aussi, à ce que toute la clarté soit faite sur une situation qui, si elle est avérée, doit être condamnée. La nécessaire défense d’un pays dans lequel le Parti communi ste est à la tête de l’État ne doit pas nous amener à taire toute critique. Il est sans doute temps de remettre au goût du jour une notion importante que Mikhail Gorbatchev avait, naguère, mise au premier plan, la glasnost, c’est-à-dire la transparence. Les autorités chinoises se doivent de la réaliser pour eux-mêmes mais aussi, pour l’ensemble du mouve- ment communiste.