L’honneur des communistes guadeloupéens !

N otre longue expérience des luttes sociales qui ont forgé l’identité de notre peuple et notre pratique du matérialisme historique dans l’ana- l yse des évolutions en cours dans notre société nous ont permis de ne pas nous laisser charmer par les chants des sirènes et de résister à toutes les formes d’agressions et de dénigrements qui ambitionnaient d’effacer le Parti Communiste Guadeloupéen pour enterrer la revendication de libération nationale et sociale de notre peuple.

Le credo idéologique de tous les activistes anti-communistes, emprunté aux mer- cenaires de l’impérialisme et aux révisionnistes de la pensée unique dans les années 1990, consistait à répandre comme des vérités éternelles des faits qui se révèleront comme des séquences d’un temps historique : la «chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS, la mort du communisme, la fin de l’histoire et des partis politiques, le triomphe du capitalisme et la fin des nations».

Certains de nos amis qui souffraient honnêtement, de voir le déferlement de boue sur notre Parti, ses dirigeants et ses militants nous exhortaient à lâcher prise, à changer de route et de nom pour continuer à exister. Les adversaires les plus farouches et les déserteurs ont cherché, par tous les moyens, à prendre leur revanche sur ce Parti qui menaçait leurs intérêts depuis trop longtemps.

Nous n’avons pas abandonné le terrain, ni notre mission de défense des intérêts des masses laborieuses, la conscientisation du peuple, l’organisation de la lutte de libération nationale. Arque boutés sur notre socle organisationnel, puisant des forces dans notre riche histoire de parti de classe, pratiquant le Marxisme dans les conditions concrètes de notre pays, nous sommes restés sur la ligne de front, en tenue de combat et la lampe allumée.

Loin de nous l’idée de faire le «fanfaron», ni de laisser croire que nous sortons indemnes de cette confrontation avec les ennemis de classe. Le Parti a beaucoup perdu en implantation et en représentation. Mais comme nous l’avons dit, le Parti n’existe pas pour lui-même, ni à la gloire de ses militants. Son but ultime, c’est de contribuer à mettre un terme à la domination coloniale en Guadeloupe et à l’ex- ploitation des travailleurs dans la perspective d"une société communiste.

A regarder la situation objectivement et lucidement, on peut dire, sans exagérer, qu’il n’a pas encore perdu ce combat et les fins que les servi- teurs du système capitaliste avaient décrétées ne sont pas intervenues.

Aujourd’hui, le Parti Communiste Guadeloupéen existe, c’est une réfé- rence politique pour le pays. Mais, ce qui nous paraît le plus important, c’est qu’alors que les révisionnistes avaient annoncé la fin des partis, comme un pied de nez, se crée en Guadeloupe de nouveaux partis et mouvements politiques qui viennent renforcer le front des luttes.

Alors qu’ils avaient claironné la disparition des nations avec la mondialisa- tion, la question nationale connaît un nouvel élan chez nous et la reven- dication nationale s’organise, en évitant les écueils des années 1960 qui l’ont plongée dans une impasse.

Alors qu’ils avaient déclaré la fin de la lutte de classes, partout en Guadeloupe, les travailleurs livrent des batailles admirables pour défendre leurs droits et faire reculer l’exploitation. Alors qu’ils avaient stigmatisé, ridiculisé le statut d’Autonomie revendiqué par les communistes depuis 1958, aujourd"hui cette proposition est portée par de plus en plus de Guadeloupéens organisés ou pas.

C’est l’honneur des communistes d’avoir résisté, des fois seuls, pour ouvrir cette perspective. Maintenant, il faut transformer l’étape.

Il faut réamorcer en Guadeloupe, le processus des Etats généraux, le pro- cessus révolutionnaire des Etats généraux du peuple guadeloupéen, dont l’ouverture a été réalisée en juillet 1990.

Retourner aux Etats généraux, aux Assises guadeloupéennes démocra- tiques, ouvertes à tous, à la base et au sommet, pour organiser des réu- nions au cours desquelles on étudiera tous les problèmes pour leur trou- ver des solutions communes, démocratiques. C’est, nous semble-t-il, à cette nouvelle étape que nous devons passer.