Bolivie : Triomphe écrasant pour le MAS

M algré l’interven- t ion éhontée de l’OEA, du Dépar- tement d’Etat américain, d’une extrême droite sous les ordres de forces exté- rieures, malgré cela, le MAS (Mouvement vers le Socia- lisme créé par Evo Mora- les) et son binôme com- posé de Luis Arce Cataroa en tant que président et David Choquehuanca en tant que vice-président, ont remporté une vic- toire décisive et incontestable aux élections auxquelles 7,3 millions de Boliviens ont été convoqués le 18 octobre 2020.

53% et une différence de 20 points sur Carlos Mesa Gisbert (31,2%) et quarante points sur Luis Fernando Camacho (14,1%), sont des chiffres extraordinaires qui représentent un air frais pour la lutte des peuples. Cela confirme, comme il a été dit, qu’il y a eu une opération visant à empêcher le triomphe du MAS, par la droite aux élections de 2019. Celle-ci a été sou- tenue par les gouvernements de droite latino-américains, le silence com- plice des organisations internationales.

Il y a eu un coup d’État orchestré par Washington et ses alliés incondition- nels et qui, avec le triomphe de ce 18 octobre, permet au peuple bolivien de retourner au Palacio Quemado et de contrôler également les deux Chambres du Parlement. Une victoire qui aura un impact régional et inter- national formidable, qui donne un nouvel air au progressisme en Amérique latine et qui redonne la démocratie à la Bolivie et à son peuple, qui revient sagement à faire confiance à ceux qui l’ont honorée, qui dit non au racisme, au vol, à la soumission à Washington et dit non à la corruption.

La partie la plus difficile commence maintenant, celle de retrouver une vie troublée par une dictature qui a violé les droits de l’homme dans tous les domaines où ils peuvent être violés, santé, intégrité physique, accès au tra- vail, éducation, droits civiques et politiques. Maintenant vient la justice pour les morts, pour les humiliés, afin de guérir les blessures causées par un gouvernement qui a de facto violé les droits de millions de Boliviens.

Dans une analyse intéressante, Mario Rodríguez, journaliste et éduca- teur populaire bolivien spécialisé dans l’interculturalité, écrit que les résultats de ces élections du 18 octobre «ont été une victoire en terri- toire ennemi, dans un camp conservateur où tous les politiques les plus fascistes ont été rassemblés, lié aux secteurs les plus rétrogrades qu’un pays peut avoir. Un triomphe sur l’argent, le pouvoir médiatique, les pouvoirs hégémoniques. Ce contexte permet de montrer que tout d’abord il est évident qu’il s’agit d’une victoire du peuple bolivien qui plonge la société dans la recherche de son avenir».

Pour le vainqueur de ces élections du 18 octobre, Luis Arce Catacora, le défi est clair : «Nous avons retrouvé la démocratie et l’espoir, comme nous retrouvons également la sérénité au profit des petites, moyennes, grandes entreprises, du secteur public et des familles boliviennes. Je gouvernerai pour tous les Boliviens et je travaillerai pour réorienter, avant tout, la sta- bilité économique du pays».

Le MAS a triomphé parce que les sages de la Bolivie ont compris que mal- gré toutes les critiques qui pouvaient être adressées à leur mouvement, il faisait un travail qui avait pour centre les plus défavorisés de Bolivie, pour la défense de leurs droits et la construction de ceux qui leur ont été refusés, qui pendant des centaines d’années ont été humiliés, dénigrés et qui avec le MAS ont commencé à marcher à pas de géants. Il n’y a pas de frein pos- sible lorsqu’un peuple défend ses droits.