Impact de la crise sanitaire sur l’économie de la Guadeloupe au 2 ème trimestre 2020

L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (Iedom) Guadeloupe à publié les tendances conjoncturelles du second trimestre 2020. L’économie locale subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire et tous les secteurs sont touchés à l"excep- tion de l"emploi intérimaire, dont la hausse ne rattrape toutefois pas la baisse vertigi- neuse du premier trimestre.

La mise à l"arrêt de l"écono- mie durant le confine- ment a provoqué un véritable séisme dans tous les secteurs d"activité qui sont sinistrés. Un climat d"incertitude pèse également sur la reprise. Selon l"Iedom, la consommation des ménages et les investisse- ments des entreprises sont en berne. Les échanges extérieurs sont en net recul et le marché du travail souffre lui aussi de la contraction de l’économie.

Les entreprises interrogées par l"Institut d"émission des dépar- tements d"outre-mer anticipent d"ailleurs une baisse d’activité de l’ordre de 20,7% pour l’année 2020 des entreprises qui ont recouru massivement au PGE pour faire face à la crise. Le taux moyen des crédits de trésorerie à échéance chute à 0,9% en avril 2020. En revanche, après plu- sieurs années de baisse progres- sive, du côté des particuliers, le taux moyen des crédits à l’habi- tat voit une augmentation de 25 points de base et s’établit à 1,63% en avril 2020, pour un montant moyen des prêts octroyés de 143 183 €.

Il convient de noter qu’avant la crise, la croissance économique était déjà au ralenti. En 2019, elle était à +0,6% contre 2,2 en 2018.

UNE BAISSE CHÔMAGEEN TROMPE OILLes effets de la pandémie sur l’éco- nomie se poursuivent. En effet, du fait du confinement et de la ferme- ture des commerces non essentiels, les effectif salariés chutent à nou- veau de 1,7% et retrouvent un niveau comparable à celui de fin septembre 2018. Cette baisse concerne l’ensemble des secteurs à l’exception de l’emploi intérimaire.

La baisse de l’emploi salarié dans la région est imputable principale- ment au secteur privé (-2,0% après -3,2% au trimestre précédent). Le secteur public est aussi impacté dans une moindre mesure (-1,1%). À la fin du deuxième trimestre 2020, 1 540 emplois ont été détruits dans le secteur privé et 460 dans le secteur public. Sur un an, l’emploi recule de 2,0%, soit 2 400 emplois en moins). La Guadeloupe affiche toujours un des plus forts taux des régions françaises.

Le marché de la construction est mal orienté, avec un nombre de logements autorisés à la construc- tion sur un an en baisse de 22% par rapport au deuxième trimestre 2019 et avec un ralentissement de la création d’entreprises. Le secteur de l’hôtellerie, malgré la réouver- ture des établissements après le confinement, continue de souffrir de la baisse d’affluence touristique. Le trafic aérien au départ de la Guadeloupe connaît une baisse glo- bale de 44% sur la période juillet/ août 2020, par rapport à 2019, à la même période. Il passe de 90% en 2019, à 73% en 2020. Le réseau régional, lui aussi au ralenti. Le trafic vers les Îles du Nord connaît une légère baisse de 10%.

Vers la France, le trafic est en recul de plus de 40% sur la période avec 167 000 passagers, contre 285 000 l’an passé, soit une diminution de 118 000 passa- gers. Les compagnies ont pro- gressivement augmenté leurs fré- quences pour atteindre une capacité en sièges à hauteur de 72% du niveau de 2019, pour la même période et une moyenne de 5 vols quotidiens contre 7 l’année dernière.LA REPRISE D’ACTIVITÉ DU SECTEUR TOURISTIQUE EST DIFFICILE

Durant le confinement la plupart des hôtels sont restés fermés. Un sur cinq en avril était ouvert. Le nombre de nuitées au deuxième tri- mestre chute de 92% par rapport à 2019. La restauration connait la même tendance avec -92% de baisse d’activité.

UN ESPOIR ENCORE INCERTAINDE REPRISEDepuis la levée des mesures de restrictions, l’activité a entamé une reprise graduelle. Au troi- sième trimestre, la plupart des secteurs a progressivement retrouvé un niveau d’activité proche de celui d’avant-crise, mais certains restent pénalisés par les effets de la crise sanitaire (transport aérien de voyageurs, hébergement et restauration, activités culturelles…). La consom- mation des ménages, en net rebond dès la fin du confinement, se serait globalement maintenue durant l’été à un niveau proche de celui d’avant-crise.

Au quatrième trimestre, les incer- titudes quant à la résurgence de l’épidémie conduiraient à un essoufflement de la reprise. Les secteurs les plus touchés par la crise pourraient voir leur activité se dégrader du fait des mesures de restrictions, et la consomma- tion pourrait fléchir.