L’instruction dans la famille Un choix des parents mais très réglementé

La scolarité est obligatoire jusqu’à 16 ans. Instruire son enfant au sein de la famille est un choix par les parents mais soumis à une réglementation qui oblige ceux-ci à une déclaration auprès de deux autorités administratives princi- pales : le maire et l’Inspection académique. Cette dernière étant chargée de contrôler l’acquisition des connaissances fixées par les instructions officielles. Cette transmission des connais- sances n’exige cependant aucun diplôme particulier et peut être assuré par les parents ou par toute personne de leur choix. Dans ce contexte de pandémie dont l’issue est plus qu’incertaine, certains parents pourraient être tentés par ce dispositif, peu connu et pratiqué en Guadeloupe. Nouvelles Etincelles a interrogé le président de la Fédération des associations des parents d’élèves de la Guadeloupe (FAPEG), mon- sieur Michel Gédéon et un parent d’élèves d’une cinquantaine d’an- nées, monsieur H.B.

■Interview de M. Michel Gédéon

Dans le système éducatif français,la réglementation prévoit que les familles peuvent assurer les cours pour leurs enfants, sous réserve du contrôle des connaissances par l"Inspection académique. Quel est votre avis au sujet de l"école à la maison, en ce qui concerne plus particulièrement la Guadeloupe ?

Michel Gédéon :C’est vrai en ce qui concerne la règlementation. Il faut noter que ce n’est pas un dispositif qui est très prisé en Guadeloupe, ni très connu car, les parents travail- lent. Par contre, nous avons noté une nette augmentation des demandes cette année. Cela peut se comprendre à cause de la crainte générée par le Covid mais, je ne pense pas que cela puisse concur- rencer l’école classique.

Pensez-vous qu"une telle disposi- tion pourrait être la solution, si la situation sanitaire actuelle devrait se prolonger encore sur plusieurs mois, voire des années ?

Sincèrement, au niveau de la FAPEG, nous ne le pensons pas. C’est vrai et nous l’avons vu, ensei- gner est un métier qui demande une certaine pédagogie et tous les parents n’ont pas cette pédagogie et les moyens pour suivre leurs enfants. Ce n’est pas une chose évi- dente. Donc c’est un métier qui demande une certaine technicité, qui demande des connaissances donc, au niveau de la FAPEG, nous sommes pour que les enfants aillent à l’école, pour qu’ils aient en face des enseignants pour l’enseigne- ment classique. Maintenant c’est une liberté qui est laissée aux parents d’assurer les cours à leurs enfants car la scolarité étant obliga- toire, il faut l’assumer. Il y a un pro- gramme qui est décidé au niveau national français. Maintenant c’est un enseignement qui touche à peine quelques centaines d’enfants en Guadeloupe. ■ Interview de M. H.B. (Parent d’élève d’une cinquantaine d’années)Quel est votre point de vue surl’école au sein de la famille ?

H.B : Le niveau de développement et de bien-être d’une nation se mesure collectivement à la qualité de l’éducation de sa population. De nos jours, ce sont les inventions technologiques et les brevets dépo- sés qui concourent à assurer la pros- périté économique d’un pays, plus encore que les matières premières dont il pourrait disposer. Cette capacité d"invention est la conséquence, essentiellement de la formation et de l’éducation dispen- sée à tous. Par ailleurs, notre capa- cité à être libre et maître de notre devenir est conditionnée par l’édu- cation que nous recevons. C’est parce que nous aurons lu, appris sur les autres cultures que nous appren- drons à penser par nous-mêmes et nous tenir à l’écart de tout préjugé,comportement intolé- rant ou fanatisme.

A la lumière de l’actua- lité très récente, le gou- vernement français a rappelé que, même si la liberté d’exercice des religions demeurait garantie sur son terri- toire, la formation des Imams devra être exclusivement effec- tuée en France dans les quelques années à venir. Cela afin d’avoir l’assurance que l’enseignement dis- pensé dans les mosquées en France obéit au respect des valeurs républi- caines et de laïcité qui sont le fonde- ment même de la société française. Pour illustrer notre propos, il suffit d’examiner le cas de certains pays, plongés depuis des années dans une situation de chaos indescripti- ble, en grande partie conséquence de l’analphabétisme chronique de plus de la moitié de la population, laquelle est l’objet de manipula- tions de la classe politique diri- geante, qui la pousse à des actes de violence, induisant un véritable contexte de guerre civile.

En conclusion, L’éducation est donc un sujet d’une importance primordiale qui ne peut être exer- cée par des initiatives individuelles privées sans aucun contrôle rigou- reux de l’Etat, garant du respect du contrat social.