Doubout Kréyòl ! Oliwon latè

Un mot, une langue, on moun, une culture, «on vwéyaj mès é labitid»… Le créole, souvent«dékatiyé»en notions et décli- naisons sémantiques, est tout cela à la fois. Il constitue en tout cas, comme langue, une manière de penser, une façon de voir le monde, c’est toute une culture. Il structure en quelque sorte notre pensée.

C omme chaque année, depuis 40 ans, le 28 oktob, c’est la journée internatio- nale de la langue et de la culture kréyol célébrée sur le globe où se répartissent, en Caraïbe, en Amé- rique du Nord et dans l’océan Indien, quelques 15 millions de créolophones. Une journée, une semaine, un mois pour certains pour «gloriyé»notre langue et donner à la culture sa vraie place d’outil de résistance.

Chez nous, dès 1959, s’est tenue à Pointe-à-Pitre, au Palais de la mutualité, sous la présidence de R. Nainsouta, «La journée des intel- lectuels communistes».Cette manifestation à dimension histo- rique fut l’expression de la néces- saire prise de conscience par les Guadeloupéens de notre origine historique, sociale et culturelle marquant certainement le début du combat politique pour la déco- lonisation de notre pays.

Il est en effet clair, que ces manifes- tations pour la défense de notre identité et la sauvegarde de notre patrimoine ne sauraient se conce- voir en dehors de la lutte pour la responsabilité guadeloupéenne et contre les politiques de décultura- tion menées par le pouvoir colonial.

Ce combat puise son essence dans le sacré droit à la résistance à l’op- pression et définit son expression dans la nécessaire opposition à l’attitude ethnocentrique qui se dégage dans la négation du créole afin de mieux consolider la domination de la langue française et de façon plus générale, du sys- tème colonial.

Ce ne sont point ces quelques avan- cées obtenues suite aux luttes menées ça et là par des militants de l’enseignement et les anti-colonia- listes et/ou dictées par des disposi- tions internationales qui doivent laisser croire à un quelconque flé- chissement du pouvoir.

La volonté d’imposer l’assimila- tion, donc la négation de «nou menm», est plus que jamais pré- sente. Elle se traduit au travers des médias, par l’école, l’omnipré- sence des réseaux sociaux «ki ka manjé’w kon poulbwa»…

Face à cela oui, il faut célébrer cette journée du 28 oktob, mais bien plus, nous devons au quoti- dien mener ce combat pour la défense et la valorisation de notre patrimoine, de nos «mès é labi- tid». Chacun doit se réapproprier ce qui fait nous, pour consolider le sentiment d’appartenance à une culture commune, à un peuple.

Nous devons oeuvrer à donner à notre patrimoine qui a su concilier la diversité des sources originelles et la construction de l’édifice culturel, le respect qui lui est dû et travailler à sa sauvegarde.

«Tan rivé pou nou aresté maché kou- ché ! Dwèt pou goch an ti wèt ! Toupannan kòd a yanm ka maré yanm». M . Rippon